Style de vie
Selena Gomez, l'idôle des Millennials qui parle santé mentale
À 29 ans, l'ex-enfant star Selena Gomez a bien grandi. Comédienne, productrice, femme d'affaires, l'idole des Millennials se fait la porte-voix du bien-être mental et signe une ligne de maquillage 100 % inclusive, Rare Beauty. Rencontre.
par : Florence Tredez- 08 oct. 2021
Inez & Vinoodh
Soudain, miracle de Zoom, un soir d’été, le ravissant visage de Selena Gomez, les cheveux gracieusement relevés en queue-de-cheval, s’encadre dans l’écran de l’ordinateur. « Hi, j’aimerais tellement être à Paris avec vous en ce moment… » La phrase est banale, mais la voix, si calme, si posée, avec ses inflexions graves, étonne. À L.A., de l’autre côté de l’écran, le salon, lumineux, luxueux, de sa nouvelle villa, acquise juste avant le confinement, s’ouvre sur une grande baie vitrée, laissant le loisir d’admirer un ciel azuréen et un jardin enchanteur plein de fleurs. Le fouillis qui règne sur sa table de travail rassure : Selena Gomez est une star planétaire, la reine d’Instagram aux 267 millions de followers, soit, mais pas un modèle de perfection.
Assumer sa singularité
Lutter contre les normes irréalistes de la beauté idéale et célébrer le naturel et la singularité, c’est justement le cœur de son nouveau travail. Elle lance en exclusivité dans les magasins et sur l’e-shop Sephora sa propre ligne de maquillage, Rare Beauty. « Plus jeune, je pouvais passer des heures à essayer des produits chez Sephora, à Paris, j’adorais ça », dit-elle, enthousiaste. Il y a quatre ans, pourtant, poursuit-elle, elle n’aurait pas osé le faire. « J’étais trop nerveuse, je n’avais pas assez confiance en moi, et je ne voulais pas que cette marque soit une énième gamme de fards lancée par une célébrité. Je voulais me concentrer sur la qualité des produits et le message. » Un message que l’actrice et chanteuse d’origine italienne et mexicaine, élevée au Texas par une mère célibataire qui peinait à boucler ses fins de mois, martèle avec passion et détermination : « Ma marque est destinée aux gens qui ne connaissent pas bien le maquillage, mais qui ont envie d’essayer, et qui veulent se sentir bien – ou mieux – dans leur peau. Elle s’adresse aussi à ceux qui assument d’être eux-mêmes, sont fiers de leur singularité et ne la cachent pas, quels que soient leur physique, leur orientation sexuelle, leur couleur de peau ou leur milieu social. » Elle ajoute : « Je veux inclure tout le monde, et pas seulement avec ma ligne de maquillage, mais dans ma vie en général. J’ai été élevée dans une famille où on considérait sans distinction ni hiérarchie tous les êtres humains. »
Gagner en puissance
Une force de conviction qui surprendra peut-être ceux qui auraient gardé de Selena Gomez l’image d’une enfant star, ayant débuté à 7 ans dans le monde impitoyablement formaté des séries Disney. Ou d’une chanteuse lisse aux albums calibrés pour le succès. Ce serait oublier que, à 18 ans à peine, cette businesswoman accomplie avait déjà monté sa propre maison de production de films et créé une ligne de vêtements recyclés, montrant déjà une force et une intelligence peu communes. Et ce serait surtout ne pas reconnaître que, depuis quelques années, Selena Gomez a déployé ses ailes. Elle a gagné en puissance. Elle a bluffé les activistes en encourageant ses fans sur ses réseaux sociaux à voter lors de la dernière élection américaine et à soutenir Black Lives Matter. Elle a impressionné par son courage, à l’heure où prendre la défense des migrants n’a pas bonne presse, en produisant les docus séries « Living Undocumented » sur Netflix, et en se remémorant pour « Time » le voyage plein d’émotions qu’avait vécu sa propre famille en traversant la frontière du Mexique pour rallier les États-Unis. Elle a suscité l’admiration de ce même magazine qui l’a citée dans sa liste des cent personnes les plus influentes de 2020, entre Bong Joon Ho, Phoebe Waller-Bridge et Jennifer Hudson.
Surtout, la princesse de la pop est devenue l’une des porte-parole les plus investies dans la lutte contre la stigmatisation des maladies mentales. La raison en est un parcours médical douloureux – largement médiatisé après des rumeurs faisant état d’abus d’alcool ou de drogues démenties par son entourage – qui débute en 2014 par des crises d’angoisse et de dépression, et un lupus, cette maladie chronique auto-immune qui l’obligera à subir une greffe de rein. Elle essuie aussi les quolibets des réseaux sociaux qui se moquent de sa prise de poids due au traitement de sa maladie. Et, en 2018, la jeune star annonce, au cours d’une émission animée par Miley Cyrus sur Instagram, avoir été diagnostiquée bipolaire, en se disant à la fois « terrifiée et soulagée ». Cela expliquait tellement de choses. Tout ceci, évidemment, l’angoissant, la fragilisant. « Mon lupus, ma greffe de rein, ma chimiothérapie, ma maladie mentale, mes ruptures sentimentales commentées dans les médias, ce sont des choses qui, honnêtement, auraient pu me mettre à terre, a-t-elle expliqué au ELLE américain. […] Et puis je me suis dit que j’allais aider les gens. C’est vraiment ça qui m’a permis de continuer. »
Son combat pour la santé mentale
En 2017, Selena produit d’ailleurs « 13 Reasons Why », une série acclamée par la critique traitant du suicide chez les adolescents et d’autres problématiques liées à leur santé mentale. Et, grâce à sa ligne de maquillage Rare Beauty et à son fonds humanitaire, Rare Impact Fund, auquel elle versera 1 % des ventes annuelles de sa marque, elle promet aujourd’hui de réunir 100 millions de dollars, d’ici à dix ans, pour améliorer l’accès aux services de santé mentale. Elle vient aussi de lancer aux États-Unis la campagne Mental Health 101, qui explique ce qu’est la santé mentale dans les écoles, en l’abordant comme n’importe quelle autre discipline scolaire. « Il y a beaucoup de personnes qui souffrent en silence pour ne pas être stigmatisées et c’est aussi l’expérience que j’ai vécue. De plus, pendant le confinement, tout a été amplifié. Les gens étaient isolés et ils ne pouvaient pas se connecter les uns aux autres. Or, pour la santé mentale, il est crucial de faire des check-up réguliers pour vérifier qu’on prend soin de soi, qu’on ne se met pas en danger », nous explique-t-elle, en avouant avoir eu elle-même « très très peur » pendant les premiers mois de la pandémie. « Je suis vraiment fière de mener ce combat pour la reconnaissance des maladies mentales, ajoute-t-elle. Je n’en ai pas du tout honte, et je suis très très ouverte sur le sujet, car beaucoup de gens concernés et leurs familles ne comprennent pas toujours ces maladies. Je préfère être celle qui essaiera de leur parler et de leur expliquer les choses, plutôt que ne rien faire et rester dans ma tour d’ivoire. »
Une pop star aux multiples facettes
Même si elle ne craint pas d’aborder ces sujets lourds, Selena Gomez, c’est aussi cette jeune femme facétieuse, qui, pour la couverture de notre magazine, se glisse dans une combinaison entièrement pailletée et joue avec les codes du glamour hollywoodien en leur donnant un twist espiègle, impertinent et punk. Pendant la pandémie, elle s’est aussi amusée à tourner, aux côtés de Steve Martin et de Martin Short, une série policière sur Hulu, « Only Murders in the Building ». Elle y incarne une jeune femme solitaire vivant dans un luxueux appartement de l’Upper West Side de New York qui décide de mener l’enquête avec ses deux voisins lorsqu’un meurtre est commis dans l’immeuble. Pour une scène de baiser, Covid oblige, elle a dû se rincer la bouche à chaque prise – une dizaine – à la Listerine pour ne pas contaminer son partenaire. Enfin, elle a eu aussi la brillante idée de pallier ses lacunes en cuisine en s’entraînant à préparer les alléchants petits plats qu’elle voyait défiler sur les réseaux pendant le confinement… et de proposer à HBO une émission de cuisine ! Une inspiration de génie qui lui permet, grâce à « Selena + Chef », de faire venir les toques les plus réputées à son propre domicile et d’accommoder des mets dans sa cuisine en les assaisonnant de commentaires pleins d’humour. Bref, Selena Gomez ne manque ni de sel ni de facettes. Elle désire cependant qu’on ne garde d’elle qu’une seule image. « Je ne veux pas que les gens gardent de moi l’image d’une pop star, nous dit-elle, mais de quelqu’un qui aimait vraiment les gens. » Vaste et superbe programme.
Cet article a été publié sur elle.fr
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