Rendez-vous est donné à l’hôtel Bristol, où l’acteur de passage à Paris, enchaîne les interviews. Son dernier film, une comédie d’action, « Le dernier Mercenaire », sera diffusé worldwide, le 30 Juillet sur Netflix et s’annonce déjà comme le prochain carton. Avec sa voix reconnaissable entre toutes, JCVD est plus aware que jamais, et comble toujours sa fan base de 7 à 77 ans. Avec plus de retenue peut-être : « Je fais plus attention à ce que je dis. Quand j’ai parlé des téléphones portables en 2001, on m’a pris pour un con ». En 36 ans de carrière, il aura tout connu : la galère, la gloire, l’argent, la descente et la rédemption. En 1988, « Blood Sport » lançait sa carrière, suivi de « Kickboxer », « Full contact », « Double Impact »…jusqu’au cultissime « JCVD » en 2007, jouant son propre rôle, ou encore « Expandables 2 » aux côtés d’autres légendes du film d’action.
Aujourd’hui, The muscles from Brussels est enfoncé dans un fauteuil bien moelleux, avec Lola, sa « chérie », une petite chienne de 7 ans. « Je la trimballe partout. Elle sait qu’il y la meilleure bouffe ici ! » (rires). JCVD picore des chocolats et se livre. Au naturel. Ou presque.

Vous pouvez nous faire le pitch du « Dernier mercenaire » ?

Je joue le personnage de Richard Brumère, une ex légende des services secrets disparu depuis des années. Il a fait son tour, il a fait sa vie. Dans ses missions il a rencontré une femme qu’il a mis enceinte. Il a fait un deal avec le gouvernement français donnant l’immunité à son fils, Archibald. En échange de ça, il devait disparaitre. Il va fermer sa bouche pour ne pas dévoiler les secrets d’une vieille affaire. Mais pour sauver son fils de la mafia, il va devoir réactiver ses contacts vingt-cinq ans après, faire équipe avec une bande de jeunes, gérer les rapports père-fils, nouveau pour lui. Bref, il fout la merde. Il revient au bercail, tout fixé. En plus, on a un super casting, avec Patrick Timsitt et Miou-Miou , Alban Ivanov, Eric Judor, Valérie Kaprinski..

Comment qualifierez-vous le genre de ce film ?

C’est une comédie d’action avec un super scénariste et réalisateur, David Charhon, qui a su m’écrire un rôle sur mesure. Il y a ce style un peu « Belmondo-iche » qui est très difficile à faire, entre « L’incorrigible » ou « L’homme de Rio », en plus américain. J’ai grandi avec BEBEL je l’ai observé. C’est un grand acteur de théâtre dans ses mouvements de folie, cette bipolarité d’acting. Il reste toujours sérieux dans ses intentions et c’est ça qui marche. C’est comme Louis de Funès dans « Le Grand Restaurant » ou « La Grande Vadrouille ». Il est marrant mais il reste très sérieux dans sa comédie. C’est ce que les gens attendent. En général, les comédiens souffrent plus que les acteurs normaux. Ils produisent quelque chose qui leur manque et les gens rigolent. Un mec comme Robin Williams, je suis sure qu’il souffrait énormément. J’ai fait un peu de comédie avant avec « Double impact ». Pour moi, la comédie c’est un truc naturel : rester neutre dans une action.

Régine Mahaux

Premier plan du film « Le dernier mercenaire » : JCVD faisant son fameux grand écart. Ça fait mal ?

Non pas du tout ! J’ai commencé la danse très tôt à l’âge de 13 ou 14 ans (5 ans de ballet), le karaté à 9 ans. C’est différent comme mouvement. Le grand écart pour la danse, c’est un art qui est beaucoup plus dur que pour le karaté, car il faut tout garder droit. Le maintien. J’ai même eu une proposition de Béjart à l’époque. Mais j’ai suivi l’avis de mon père. J’ai continué le karaté.

Brumère, votre personnage, vous ressemble-t-il ?

Peut-être qu’il est difficile, et qu’il a du mal à faire des compliments à son fils. J’ai 3 enfants (nrdl Bianca, Kristopher et Nicolas). Je les encourage, je suis derrière. Pas de reproches.

(Vous voulez un morceau de chocolat ? Non !? vous avez tort !).

Régine Mahaux

Le tournage a duré 54 jours, sur plus de 10 de semaines, comment l’avez-vous vécu ?

Bien. J’habite à Hong Kong. Je voyage partout entre l’Australie, Los Angeles, la Turquie, l’Arménie… Avec un avion privé, ça va assez vite et je n’ai pas peur du Covid. J’étais en Australie quand le Covid a explosé. Et tout le monde a flippé et tout annulé. Et moi j’ai dit, on y va. J’ai serré des centaines de mains. Des gens étaient déjà infectés, comme Tom Hanks. L’Australie a été dans les premiers pays touchés. Je suis resté, j’ai eu de la chance. J’ai été aussi en Belgique, en France, en Italie… Pour l’instant, ça va. Mais vous savez, il y a des virus qui pensent, qui attaquent ceux qu’ils veulent attaquer.

Plus de 65 films à votre actif, qu’est-ce qui vous motive encore ?

Ben c’est chouette. On travaille non-stop, et si je peux faire des films en France et aussi en Amérique, être appelé des 2 côtés, quel bonheur pour moi ! Ici à Paris, il y a beaucoup de culture. C’est une ville qui est imbattable. Ou l’Italie aussi.

Vous avez joué avec de grands réalisateurs français, américains, allemands, hongkongais… Quelle approche du cinéma vous a le plus séduite ?

Je n’ai pas tellement travaillé avec de grands réalisateurs : John Woo, je l’ai pêché quand personne ne le voulait (« Chasse à l’homme », 1993). On m’a donné un mois pour écrire le script et ça a couté 2 francs 50. Emmerich, c’est la même chose. Pour « Universal Soldier » (nrdl : son plus grand succès au box office), c’est un réalisateur allemand que personne ne connaissait. Stephen Norrington, personne ne le connaissait non plus. Je l’ai signé, il a fait « Blade ». Et tous les autres films, c’était plutôt des réalisateurs de seconde ligne. J’aimerais bien avoir un Scorsese, un Tony Scott, un Peter Weir. Mais j’ai fait beaucoup de films, qui ont fait beaucoup d’argent, sans réalisateur. C’est ça la beauté de mon œuvre !

Êtes-vous quand même un acteur facile à diriger?

Je suis très sympa, je suis prêt à écouter. Quand tu roules Ferrari et que tu as un bon chauffeur Ferrari, tu ne touches pas à la voiture. Et quand tu as un bon réalisateur, c’est pareil. Il sait ce qu’il fait. Tu la fermes : Toc toc…We are ready…tu viens. Quand on s’occupe juste de son acting c’est parfait. Mais j’ai fait beaucoup de films où il fallait s’occuper de l’editing. Si on voit un Tom Cruise par Oliver Stone dans « Né un 4 juillet » ou Tom Cruise dans « Cocktail », c’est bien d’être entouré d’un bon réalisateur. Si je fais un film avec Scorsese, il ne me laissera pas partir de cette chaise tant qu’il n’est pas content avec ma performance.

Régine Mahaux

Avez-vous des nouveaux projets ?

4 ! Un à L.A pour Netflix, un autre, type « Die Hard », super aussi. Il y a un truc que j’écris. Avec Nick Vallelonga, il a gagné l’Academy Award en 2018, meilleur script, avec ce livre « The Green book ». Formidable. Alors lui, il a écrit un film aussi, ce sera mon dernier film d’Arts Martiaux. J’ai 4 ou 5 projets. Pour l’instant je me relaxe, on verra bien après !

Le rappeur français Jul, dans une de ses chansons, vante vos gros bras. Cela vous fait quoi d’inspirer la jeunesse?

C’est du visuel. Quand on voit des gens comme moi, comme Brad Pitt, on rentre dans un script, on joue une personne, qui est plus honnête que nous -mêmes dans la vraie vie. Donc, on ne sait pas comment un acteur est vraiment tant qu’on ne l’a pas rencontré.

Toute vérité est bonne à dire ?

Si tu mens, tu te mens à toi même, donc c’est un peu ridicule d’inventer des histoires, des trucs insensés, j’appelle ça…pire que de la mythomanie. Faut pas se la prendre (la grosse tête)! C’est des gens très normaux les acteurs. Ils ont réussi, ils étaient là au bon moment, ils ont forcé leur chance. Il y a beaucoup de talents qui n’ont pas encore été exploités. Donc faut pas se la prendre !

Régine Mahaux

Vous avez mis 5 ans pour réussir dans ce métier ?

J’ai formulé cette wanting to be depuis l’âge de 10-11 ans. Les cellules ça bougent. The mind of thinking, la manière de penser et la manière d’agir. Donc, plus vous pensez à ce que tu vas devenir, quand on se montre en public, tu vois cette pensée, ce comportement, le mec qui a faim. Faut vraiment avoir envie de faire quelque chose pour réussir.

Un conseil aux jeunes qui ont envie de se lancer dans les arts martiaux, les films, la vie ?

D’abord, apprendre à se connaître. Les jeunes aujourd’hui, ils ne savent pas qui ils sont. Ils sont trop informés, ils écoutent trop les bruits de l’extérieur, et pas les sons de l’intérieur. Le son, c’est à l’intérieur, le bruit c’est à l’extérieur. Ils devraient faire plus attention à ça: Who I am, What I am, Why I’m here for? Qui je suis ? Pourquoi je suis ici ? Quelles sont mes qualités ? Allez, je m’observe…cut the Youtube, cut téléphone portable, cut cut cut cut… On a besoin de social network mais pendant un mois, arrête-toi et demande-toi un peu qui tu es !

Comment faire ?

On appelle sa « base instinctive », le développement du corps, qui ne s’est pas développé à l’école. Quand on vous donne beaucoup d’informations, l’intuition n’a pas le temps de deviner. Moi, j’ai quitté l’école jeune, ce n’est pas un bon conseil, mais grâce à ça, j’ai pu développer mon intuition et quand je suis partie de L.A, après mes hauts et mes bas, mes bas et mes hauts, j’ai habité à Hong Kong pendant 12 ans et je suis encore là-bas. Je me suis mis sur Youtube et j’ai appris ce que je voulais apprendre. All the way back to…l’époque sumérienne, les symboles, constellation-constellation, all the way back to Andromaque constellation, the warming of the earth, Quantum computers…des choses qui sont importantes aujourd’hui, la génétique de l’être humain, d’où on vient…ça fait mal quand on sait tout et ça fait du bien quand c’est bien. Donc, Je suis très instruit maintenant, je peux parler avec beaucoup de monde sur plein de sujets, surtout l’histoire, l’être humain, la terre, le cosmos, l’arithmétique, la vie, le destin…Je ne suis pas parfait, je lance des conneries, comme tout le monde !

Régine Mahaux

Avez-vous une discipline de vie ?

Il y a une manière de manger. On peut manger 6 ou 7 fois par jour. Et du coup, tu peux aussi manger plus de cochonneries (rires). Quand tu habitues ton corps à manger 6-7 fois/jour, le corps ne va retenir que 30% des graisses. Il brule la graisse directement vu qu’il sait que…mais si tu manges 2 ou 3 fois par jour, le corps va retenir 70% des graisses ! Tu commences à manger des petites portions. Au début le corps va gonfler car il n’a pas l’habitude. C’est des demi-repas, une petite banane…Tu vois là, je mange un petit bout de chocolat, c’est bon, c’est délicieux et dans 20 minutes je mangerai des pâtes. Pour ne pas grossir, le corps va directement se nettoyer.

Au niveau sportif, vous vous entrainez toujours beaucoup ?

Entrainement quotidien ! Il le faut ! J’en ai besoin, tous les jours, 2h. Stretching, muscu, vélo, j’alterne. Mon corps en a besoin, mon cœur, ma sérotonine doit être élevé, c’est comme une drogue. Mais parfois je suis fatigué. Alors, il faut aller à la salle, faire le mouvement très correct, et prendre des poids très légers. Et tu nages. Au lieu de faire des trucs lourds, tu fais des mouvements, tu gardes ta consistance et parfois d’un coup, tu dors à l’entrainement. Tu ne dors pas quand tu dors, tu penses, ton subconscient … Quand tu es à l’entrainement, tu peux déconnecter ton mental avec ton physique. Sur la bicyclette, je rentre dans un cycle ou j’entends le battement de mon cœur. Il y a plein d’idées qui viennent car le cerveau s’oxygène. Deux fois dans ma vie je me suis vraiment endormie en pédalant.

Et la mode ?

Mouais. Non, c’est beau la mode. Je mets du noir. Là j’ai un training noir, j’ai oublié mon pantalon sur le bateau. Pour moi l’acting c’est comme Stallone sur « Expandables », qui me dit : « je n’aime pas ta veste avec la fourrure ». Moi je réponds, « j’en n’ai rien à foutre, c’est vous qui m’habillez ». « Je vais t’habiller plutôt en noir ». Moi je dis « Stallone, enfin je l’appelle « Monsieur Stallone »…on s’est engueulé… pas peur de dire ce que je pense…mais respect quand même… « Monsieur Stallone, je m’en fous de m’habiller en noir, en rouge, en pink…ce qui compte…c’est que je vais te donner ce que tu mérites d’avoir…un bon méchant, un vrai bon bad guy » !

Régine Mahaux

Vous préférez jouer les méchants ou les gentils ?

Cela dépend du script. Mais les méchants c’est sympa. Je peux dégager cette force.

Jouer un méchant dans un James Bond, ça vous irait bien !

Mais j’aimerais bien ! Mais ils ne m’ont jamais appelé les Marvel et compagnie. Ils ont peur de m’appeler. Depuis longtemps, ils auraient dû m’appeler pour un « Spiderman », « Batman »… C’est comme « Fast and furious ». Vin Diesel ne veut pas de Van Damme dans son film. Ils sont intimidés !

Vous faites peur ?

Je ne sais pas. Ils ne savent pas lever la patte, ils ont l’action mais, en même temps, ils ne savent pas danser (ndrl, la chorégraphie). Ils ne savent pas faire les deux. Ce n’est pas du BEBEL quoi ! Un Belmondo, ça peut être un Stallone, un Arnold, un Jason…c’est du grand cinéma. Ils ont peur de cette bipolarité sans complexe. Ils se prennent au sérieux, trop! Mickael Jackson, il est mort…les grandes stars, une fois que t’es partie…moi aussi, je me suis pris au sérieux. Je suis toujours là, grâce à mon éducation. Je suis croyant ou plutôt je crois en beaucoup de choses. Il y a quelque chose qui existe. L’être humain est très fort, il a été créé. On est mieux que Dieu. Il voudrait qu’on soit mieux que lui, non ? !

Régine Mahaux

Ça vous embête de vieillir ?

Non, je sais où je vais, et où je vais arriver. Et quand ce sera fini, on passera dans une autre dimension. On ne meurt jamais. L’enveloppe tombe, mais on reste. Il y a une transformation. Near death experience…il y a des gens qui l’ont vécu, qui ont décrit. Et une fois que ça t’est arrivé, tu n’as plus peur de mourir. On va encore se foutre de ma gueule. Je ne dirais rien de plus. Mais ce qui est chiant, c’est que tu ne peux plus toucher les gens, tes enfants. Plus de contact physique.

Et l’amour dans tout ça?

Sympa. Je suis amoureux de tout. L’amour, c’est tout ! C’est d’être heureux même dans la tristesse. Moi je fais des films pour l’amour du public !

Entrevue Virginie Dolata
Photographie Régine Mahaux
Stylisme Charlotte Renard
Remerciements à l’Hôtel Raphael Paris

Stylisme : Veste blazer, Dolce & Gabbana – Chemise et nœud papillon : Charvet – Pantalon, Brioni – Chaussures, JM Weston.

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