Emi, à quel moment as-tu compris que tu souhaitais être comédienne?

Mon père [le réalisateur et producteur Alain Chicoine] m’a souvent amenée avec lui sur les plateaux de tournage. Je me promenais dans les coulisses, je posais tout le temps des questions à tout le monde, je parlais avec les techniciens et j’ai rapidement vu que j’avais une aisance et des affinités avec le métier de comédienne.

J’ai fini par faire partie d’une agence de casting. J’ai passé des auditions pour des troisièmes rôles ou des rôles muets, puis j’ai enfin obtenu mon premier rôle d’importance dans le film Embrasse-moi comme tu m’aimes d’André Forcier. Un film assez dur! Il y avait des scènes d’inceste et je me faisais violer par mon père, joué par Roy Dupuis. Puis, j’ai joué la fille de Sophie Lorrain dans la télésérie Plan B. C’est devenu le plus gros plateau de production où j’ai tourné, et là j’ai eu le coup de foudre!

 

Plan B a été produit par la boite de production de ton père, KOTV, tout comme L’œil du cyclone, où tu incarnes le personnage de Jade. Est-ce que ton père t’a donné un coup de pouce dans le métier ?

J’ai toujours eu une entente avec mon père: si je faisais partie d’une agence, je devais faire le métier de mon côté, sans son aide. Je sais que c’est facile de penser qu’il m’a beaucoup aidée, mais ça ne s’est pas passé comme on le croit. Dans le cas de Plan B, mon père ne faisait pas partie du processus d’audition. Donc, il n’a pas su que j’avais réussi à me hisser dans les rappels d’audition. Louis Morissette était au courant, mais il a aussi gardé le secret. C’est le réalisateur Jean-François Asselin qui a fait le choix final. Pour L’œil du cyclone, c’est mon père qui réalisait, mais il n’a pas voulu trancher parmi les cinq choix finaux. Il avait un inconfort à choisir alors il a demandé au diffuseur de le faire.

Si je suis bonne, je vais avoir le rôle. Si je ne suis pas la bonne actrice pour un rôle et que je l’obtiens quand même, ça n’aide personne. Ni lui ni moi!

Cela dit, travaillez-vous bien ensemble, ton père et toi?

Vraiment! Nous avons une très belle relation. On est très sarcastique. On se comprend par l’humour. On est aussi très francs. Je sais ce qu’il aime ou pas et surtout, on est capable de faire la part des choses et de se dire ce qui ne va pas…. même si je l’appelle encore papa sur le plateau! C’est étrange, mais je ne suis pas capable de faire autrement

Tu viens de jouer dans le film Noémie dit oui, de Geneviève Albert, aux côtés de Kelly Dépeault. Le rôle semble assez loin de toi…

Oui, j’incarne une fugueuse qui, sous l’emprise de son copain proxénète, se prostitue. Geneviève Albert, la réalisatrice, a basé son scénario sur sa propre expérience d’aide auprès d’escortes mineures qui veulent se sortir de ce milieu. Beaucoup de dialogues proviennent d’histoires vraies.

Léa, mon personnage, est fière de faire ce travail, surtout pour plaire à son chum, même si elle trouve la job «dégueu». Elle est «brainwashée», manipulée, et c’est elle qui présente cette vie de délinquance à Noémie, le personnage interprété par Kelly Dépeault.

Les scènes sont difficiles à regarder et, effectivement, je ne pourrais pas réagir comme mon personnage. C’est très loin de moi. Pendant les répétitions, j’ai posé beaucoup de questions à la réalisatrice: «Mais comment peut-on se comporter de la sorte?» J’étais vraiment abasourdie.

Comment arrivait-on à te faire ressembler à Léa, ton personnage?

C’était terrible! On augmentait l’apparence de mes boutons avec de l’alcool et du colorant rouge, j’avais de gros cernes sous les yeux, des faux cils et des ongles blancs. Je n’avais vraiment pas un teint santé.

On tournait de nuit. Donc, je me suis couchée aux petites heures durant tout le tournage. C’est ma plus grande transformation, mais en même temps, c’est vraiment ce que j’aime du cinéma. Vivre des choses qu’on ne fait pas dans la vie!

J’ai vraiment hâte que le public découvre ce film.

Noémie a dit oui, en salle le 29 avril.

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