Je suis folle du Japon, et je ne suis pas la seule, apparemment : les lecteurs du Condé Nast Traveler l’ont élue « Destination no. 1 au monde », en 2023! Selon TripAdvisor, Tokyo sera même la destination tendance numéro un cette année. Bien vu, car en ces temps difficiles, la délicatesse et la gentillesse légendaires des Japonais, de même que leur quête d’harmonie et de beauté en toutes choses, mettent du baume au cœur. Une nanoseconde de réflexion m’aura donc suffi pour répondre « arigato, oui, le veux » à la proposition d’aller vivre une expérience de ski à la japonaise en mode tout-inclus au nouveau Club Med Kiroro Grand, à Akaigawa, dans l’île de Hokkaido. 

Pour vous situer, Hokkaido est ancrée tout au nord de l’archipel nippon, dont elle est la deuxième plus grande île. Les hivers y sont rudes et la neige abondante. Dans sa portion sud-ouest, du côté de la mer du Japon, les vents soufflant de la Sibérie, ainsi que des températures et une humidité très basses, créent cette fameuse poudreuse qui fait le renom de la région – une neige plume. En clair, à Kiroro, l’hiver dure normalement 160 jours (jusqu’au début mai) et l’enneigement atteint 21 mètres.

La station de ski est située à 90 minutes de route de l’aéroport New Chitose – Sapporo. Assuré en car de luxe, le trajet, compris dans le forfait (c’est vraiment tout-inclus) permet d’apercevoir quelques villes, des constructions basses typiques du Japon, l’arrière-pays rural, des fermes d’élevage de chevaux et de bovins. Et puis, voilà que la route se met à grimper, grimper… On arrive!

Droit devant, j’aperçois les montagnes du domaine skiable de Kiroro, Asari et Nagamine, et le Club Med Kiroro Grand. Il tombe une petite neige folle. Je suis au bout du monde dans un environnement naturel pratiquement vierge. La fébrilité est palpable dans l’autocar, les collègues étant tout aussi excités que moi de poser ici leurs pénates pour les quatre prochains jours.

Club Med Kiroro Grand

Dedans, dehors, en pleine nature

D’emblée, une impression de grandiose émane du hall d’entrée de l’hôtel. Destiné à une clientèle familiale, l’établissement compte 266 chambres et suites, certaines au sol couvert de tatamis, à la japonaise. Une visite d’orientation m’apprend qu’un certain M. Yamaha l’a fait construire au début des années 1990. Il avait choisi précisément cet endroit après avoir survolé la région : du haut des airs, il avait constaté que les montagnes étaient plus enneigées ici qu’ailleurs. Depuis, l’hôtel a changé plusieurs fois de main, mais les six pianos Yamaha y sont toujours à la disposition des hôtes!

Afin de leur donner une touche Club Med contemporaine, le studio HBA a redessiné tous les lieux publics, et c’est du joli. Il a misé sur des éléments de la nature et sur des motifs propres aux insulaires autochtones, les Aïnous, pour dynamiser les intérieurs, de même que sur un cloisonnement futé des vastes espaces pour créer des salons et des coins repas chaleureux. Le grand restaurant de type buffet, Yoichi, ressemble, lui, à un chic marché. D’innombrables îlots proposent des plats qui reflètent les origines diverses de la clientèle (japonaise bien sûr, singapourienne, coréenne, taïwanaise, hongkongaise) sans oublier les classiques des cuisines italienne et française. Quelques spécialités que j’ai particulièrement appréciées? La raclette au fromage du terroir; les sashimis; les poissons grillés; les mochis au thé vert! Si on n’est pas de nature gloutonne, on le devient clairement.

Le studio a également rafraîchi les chambres, les ensoleillant d’une palette de couleurs lumineuses. La mienne est particulièrement spacieuse par rapport aux standards japonais.

Bon, c’est bien beau, la déco, mais j’ai trop hâte d’aller skier… Mon équipement m’attend dans un casier chauffé (hot, les bottes!) attitré à ma chambre. (En passant, la location d’équipement est recommandée, d’autant plus si nos skis ne sont pas adaptés à la poudreuse.) Du vestiaire à la première gondole, il n’y a que trois pas, que des collègues et moi franchissons en compagnie de notre sympathique moniteur serbe, Dejan Milovanović. Enthousiaste, le voilà qui exhibe ses skis de marque Ferrari. Ça promet…

Sur la plateforme d’embarquement, le « ski concierge » Osako s’empare de nos skis pour les ranger à l’extérieur de la gondole pendant qu’on y monte, puis il nous salue d’un mouvement de tête avant d’en fermer les portes. S’il s’agit d’une pratique mise de l’avant par le Club Med, elle n’en est pas moins à l’image de la courtoisie nippone, inégalée.

Club Med Kiroro Grand

Ski et après-ski

Quelques minutes plus tard, nous voilà au pied des montagnes. Comme il s’agit du tout début de la saison, seules trois de leurs 23 pistes sont ouvertes en ce 13 décembre. Lors de ma première descente, j’entends le chuintement unique de cette neige de cinéma, presque trop légère pour être vraie, sous mes skis. Ô bonheur! Selon Dejan, de février à la mi-mars, la poudreuse est optimale et « on skie sur des nuages ! »

Marc Létourneau, le directeur général Club Med pour le nord-est de l’Asie, Japon – Corée, qui a grandi à… Bromont, me confie que « les Québécois ne viennent pas à Hokkaido que pour le ski : ils viennent aussi pour le Japon, pour passer quelques jours à Tokyo ». C’est logique. Le dénivelé de Kiroro (610 m) étant inférieur à celui de Tremblant (645 m), l’expérience de ski n’en est pas une de grands vertiges alpins, mais plutôt de descente dans la poudreuse jusqu’à mi-cuisses, suivie d’une immersion dans la culture japonaise. Ô bonheur (bis) de mariner dans un rotenburo, un bain thermal extérieur, après une journée sur les pentes! Ou encore, de visiter, dans le cadre d’une excursion à Otaru, une jolie ville côtière située à 35 km du Club Med, une brasserie artisanale de saké. 

Le soir venu, place à des expériences culinaires originales, comme le yakiniku, qui consiste à faire griller ses aliments sur un brasero incorporé à la table, à la façon du bulgogi coréen, au restaurant Kaen. Chez Ogon, j’ai fait cuire légumes, viande et poisson dans le savoureux bouillon sichuanais d’une fondue chinoise. Et chez Ebisu, ce fut la totale : 12 services de sushi et autres délices locaux tel tempura de crabe accompagnés de saké et shochu (eau-de-vie). Après le dîner, place au rituel des Crazy Signs, aux spectacles thématiques qui en jettent, à la danse jusqu’à plus d’heure…

Évidemment, ces quatre jours se sont envolés comme des fleurs de cerisier au printemps, beaucoup trop rapidement. Et pour cause : du yoga matinal en sortie de ski, en après-ski du midi au vin chaud, en dîner, re-ski, trempette au rotenburo, apéro, souper, soirée, je n’ai pas vu le temps filer. Au fait, cheffe, c’est quand, les vacances ?

Club Med Kiroro Grand

*Bon à savoir : directement à la base de la station, l’hôtel-boutique de 126 chambres et suites Club Med Kiroro Peak pour adultes (et enfants de 12 ans et plus), inauguré en décembre 2022, est une autre excellente option.

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