Les nuits de juillet sont les plus belles à observer…

… à vélo, quand on traverse un parc pour rentrer chez soi après une fête et qu’on roule entre les dates qui s’étirent jusqu’aux petites heures. Pile au moment où l’un a osé faire le premier pas, où les langues maladroites se lient et où l’autre rit nerveusement, avant de replonger plus fort encore.

… à pied, du Milk & Bone dans les oreilles, et quelques verres dans le nez. Quand on croise les amants qui fument au balcon et ceux qui marchent main dans la main, brûlant de se (re)découvrir. … immobile, dans un lit. Quand on contemple la personne qu’on a choisie, incapable de s’endormir parce qu’il fait ben trop chaud, estie. C’tu juste moi ou on dirait que même les murs suent? Je n’ai jamais aimé l’été. Si vous avez déjà vu mon teint, vous vous doutez que le soleil et moi, ça fait deux. Je ne tolère pas particulièrement bien la chaleur, et la largeur de mes pieds double dès que le facteur humidex est élevé. Il n’y a pas si longtemps encore, si on m’avait offert de vivre dans une éternelle fin septembre, j’aurais accepté sans hésiter.

Mais ça, c’était avant d’emménager à Montréal et de comprendre qu’éviter l’été, ce serait passer à côté de la douceur de l’érotisme estival.

Il faut savoir que la concentration d’humains dans la métropole permet habituellement de faire (à la va-vite) plusieurs études sociologiques (habituellement dans le sens de: «quand les habitants de la ville ne sont pas confinés»). Ainsi, dès que je me suis établie en ville, j’ai pu observer que la pénombre estivale nous transforme en êtres romantiques. Il y a une charge sensuelle dans l’air. Je vous jure: c’est perceptible, on peut sentir l’envie des corps qui se rapprochent. Et il y a quelque chose d’infiniment tendre dans cette tension ambiante, cette volonté de connexion. Un rappel qu’on est humains peut-être, qu’on peut cacher nos désirs, mais que juillet aura le dernier mot. Qu’on ne pourra pas indéfiniment se retenir de laisser savoir qu’on enlèverait bien notre jupe ici et maintenant.

Les sourires, les yeux, les effleurements furtifs, les têtes renversées, les lèvres mordillées. Suffit de quelques secondes à sonder les alentours pour être témoins de ce que je qualifierais de véritable poésie sensuelle. Et il faut en profiter, parce que ça ne dure pas longtemps (ou pire: ça nous est enlevé à cause d’un virus).

Dans quelques semaines, notre désir en symbiose aura déjà sacré le camp. On aura des envies de coat en jean, puis novembre viendra cacher pour de bon nos élans frivoles.

Bref, c’est Montréal et ses rues débordantes de gens horny qui ont pour moi réhabilité l’été, qui m’ont fait comprendre que l’érotisme estival vaut bien quelques coups de chaleur. Remarquez, j’aurais aussi pu le comprendre tout en restant dans la Montérégie qui m’a vue grandir… Je n’aurais eu qu’à m’intéresser à la science. (Cette idée, aussi, de choisir «art dramatique» plutôt que «chimie 536»!)

En effet, il est démontré que les rayons du soleil ont un rôle à jouer dans notre production de sérotonine et de dopamine, deux neurotransmetteurs importants pour notre libido. Une étude menée à l’Université Villanova révèle également qu’on consomme plus de contenu pornographique en juin et en juillet. (Ceci explique peut-être cela.)

Mais bon, on s’entend que ça ne prend pas de diplôme particulier pour remarquer que l’été nous invite à lâcher prise. À se détendre, à se faire plaisir, à flâner dans des lieux bondés d’autres humains qui ont peut-être, eux aussi, l’esprit meublé d’idées qui ne se disent pas.

Et après des semaines d’isolement, je n’ose même pas imaginer ce que la saison chaude va venir réveiller en nous. Chose certaine, je vous la souhaite remplie de plaisir.

Faites-en des réserves, l’automne approche déjà.

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