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Naître et grandirAuteur: Julie Leduc – Naître et grandir

Après ce qui a pu paraître comme de longues vacances à la maison avec papa et maman, certains enfants vont bientôt reprendre le chemin de la garderie. Ce retour va demander une période d’adaptation aux tout-petits, indique Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice et auteure du livre Le bonheur d’être un parent imparfait. Pas seulement parce que les enfants sont restés longtemps à la maison, mais aussi parce que leur milieu de garde sera bien différent pour des raisons de sécurité.

Comment annoncer le retour

D’une façon générale, il n’est pas nécessaire de s’y prendre avec beaucoup d’avance pour avertir son enfant, indique la psychoéducatrice. On peut lui annoncer la veille ou l’avant-veille qu’il retournera à la garderie. Et on mise sur le positif. « On peut lui dire : « tu m’as dit que tu t’ennuyais de tes amis de la garderie. Et bien, j’ai une bonne nouvelle : tu vas pouvoir y retourner demain » », donne en exemple Stéphanie Deslauriers.

Comme plusieurs mesures sanitaires seront mises en place pour assurer la sécurité du personnel et des tout-petits, il est aussi important de parler avec son enfant de la façon dont les choses vont se passer. Lui expliquer par exemple qu’on ne pourra pas l’accompagner jusque dans son local, que tous ses amis ne seront pas avec lui et que son éducatrice va parfois porter de l’équipement de protection (ex. : masque, lunettes, visière, gants).

« Plus que jamais il faut collaborer avec le milieu de garde », insiste Stéphanie Deslauriers. Ainsi, les parents devraient s’assurer d’être bien informés des nouvelles façons de faire à la garderie de leur enfant pour pouvoir lui parler des changements qui l’attendent.

Apprivoiser le masque

Pour habituer l’enfant à voir une éducatrice avec un masque, les parents devraient lui en montrer à la maison. Ils peuvent se mettre un masque, le montrer à leur tout-petit, lui faire essayer et le laisser jouer avec. « Ça diminue la peur du masque, dit Stéphanie Deslauriers. Et ça lui montre que la personne qui porte le masque, c’est toujours la même personne. »

C’est aussi une bonne idée de mettre un masque et de s’amuser à demander à son enfant de deviner si l’on sourit ou si l’on est triste derrière le masque. Les parents qui n’ont pas de masque peuvent utiliser un foulard pour faire le jeu. On peut aussi montrer à l’enfant des images de personnes qui portent des masques et lui faire remarquer les gens qui en portent en public. Tout cela peut l’aider à voir le masque comme un objet plus familier.

Rassurer son enfant

Le mieux pour rassurer son tout-petit, c’est de répondre à ses questions s’il en a. « Le danger, c’est de donner trop d’information à un jeune enfant alors qu’il n’est pas prêt à l’entendre, explique la psychoéducatrice. C’est là qu’on peut générer de l’anxiété. »

Si l’enfant s’inquiète d’attraper la maladie, on peut lui rappeler que l’on continue de faire attention, par exemple en lavant souvent nos mains. On peut le rassurer en lui disant que la maladie du coronavirus est dangereuse surtout pour les personnes âgées.

« On lui rappelle qu’il a peu de chance de l’attraper, poursuit Stéphanie Deslauriers. Mais que si ça arrive, ça va sûrement ressembler à un rhume et que jusqu’à présent son corps a toujours bien combattu les microbes pour le guérir. Ses informations vont lui donner confiance en ses capacités. » La psychoéducatrice prévient toutefois les parents de donner ces informations seulement si l’enfant en parle. « S’il n’a pas verbalisé d’inquiétudes au sujet de la maladie, il ne faut surtout pas lui en donner. »

Une autre inquiétude qui guette les enfants : se séparer de leurs parents après plusieurs semaines passées en famille. Il ne faut donc pas s’étonner si un tout-petit réagit en retournant à la garderie. « C’est normal qu’il pleure et s’oppose plus quand on va le porter le matin. L’enfant peut avoir une réaction semblable à celle qu’il aurait s’il changeait de groupe, s’il avait une nouvelle éducatrice ou s’il intégrait un nouveau milieu de garde, signale la psychoéducatrice. Il y aura donc une période d’adaptation. »

Elle conseille d’avoir recours aux mêmes trucs utilisés lorsque l’enfant a commencé la garderie. « Si c’est possible, on peut faire un retour progressif en milieu de garde, propose Stéphanie Deslauriers. C’est-à-dire aller mener son enfant pour de petites périodes et augmenter graduellement le temps qu’il passe à la garderie. »

Les parents peuvent aussi s’informer s’il est encore possible d’apporter dans le milieu de garde des objets de transition comme un toutou, une doudou ou un foulard avec l’odeur familière des parents. Ces objets sont rassurants pour un tout-petit. C’est aussi une bonne idée de laisser une photo de famille qu’il peut regarder quand il s’ennuie de ses parents.

Retour à la routine

Si la routine de l’enfant a changé au cours des derniers mois, la psychoéducatrice conseille de profiter des prochaines semaines pour revenir à la routine de la garderie. « On peut graduellement coucher notre enfant un peu plus tôt et le faire manger à des heures semblables à celles de son milieu de garde. Tous ces gestes vont l’aider à s’adapter au retour à la garderie », dit-elle

Gérer ses craintes

Il est bien normal que les parents aient également des craintes par rapport à la maladie et au retour de leur enfant à la garderie. Il demeure toutefois important que les parents ne transmettent pas leurs inquiétudes à leur enfant. « Ils peuvent en parler entre conjoints, avec des amis ou des proches, mais pas devant leur enfant », avertit-elle. Les parents servent de modèles. Pour que le retour d’un tout-petit à la garderie se passe bien, il faut que ses parents aient confiance que cela va bien se passer.

« Je comprends les craintes des parents, dit Stéphanie Deslauriers, elle-même maman d’une petite fille de 2 ans. J’ai aussi des inquiétudes! Ce qui me rassure, c’est de me rappeler que les enfants ont d’excellentes capacités d’adaptation. Ils s’adaptent rapidement et souvent mieux que les adultes à la nouveauté. Il faut leur faire confiance. » Dans ce contexte, il peut aussi être utile de rappeler que les milieux de garde ont plusieurs bienfaits sur le développement des enfants (ex. : développement de la motricité, du langage, de l’autonomie et des habiletés sociales).

La psychoéducatrice indique toutefois que le retour en milieu de garde est volontaire. Les parents qui ont trop de craintes peuvent garder leur tout-petit à la maison. Mais contrairement à ce qui avait été annoncé au départ, les parents devront recommencer à payer au courant de l’été pour la garder. Selon le plan du gouvernement, ils pourraient devoir payer à partir du 22 juin lorsque les activités du réseau des services de garde seront revenues à la normale.

Ressources : Association québécoise des CPE , gouvernement du Québec, ministère de la Famille

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