L’an prochain, la robe portefeuille aura 40 ans. Quatre décennies depuis que DVF, alors la jeune et très jolie épouse d’un prince austro-hongrois, a pris place sur un cube blanc, vêtue d’une robe en jersey nouée à la taille, pour une publicité qui allait devenir iconique. «Feel like a woman. Wear a dress», avait-elle griffonné sur le cube avec un feutre. Des générations de femmes ont suivi sa directive. «C’est la première fois dans l’histoire de la mode qu’un vêtement est toujours porté tel quel, 40 ans après sa création, raconte la designer. Aujourd’hui, ça m’impressionne. Avant, non. Il y a eu des moments où cette robe me dérangeait presque… Maintenant, je l’apprécie.»

C’est une bonne chose. Car du propre aveu de Mme Von Furstenberg lors de son passage à Montréal pour les conférences C2-MTL, «la robe portefeuille a rempli mon portefeuille!». Elle lui a surtout permis de s’émanciper et de ne jamais dépendre d’un homme, que ce soit son premier mari de prince, ou son second époux de magnat (Barry Diller, ex- PDG de Fox et de Paramount). «Je suis devenue la femme que je voulais être en créant quelque chose pour les autres femmes», dit-elle aujourd’hui.

Photo: Getty Images

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Vrai que sa robe – facile à porter, flatteuse, féminine – a servi une génération de working girls ambitieuses qui voulaient gravir les échelons en talons hauts. Vrai aussi que DVF est une femme qui aime les femmes. En entrevue, elle distribue généreusement les compliments. À une spectatrice qui vient lui demander au micro ce qui l’inspire durant la conférence, elle répond: «Vous. Vous êtes magnifique, vous m’inspirez.»

C’est d’ailleurs grâce à une génération de jeunes filles que DVF a trouvé l’énergie de rebâtir son empire dans les années 1990. Elle avait démarré en trombe et vendu plus de cinq millions de robes en quatre ans; puis, dans les années 1980, sa marque s’était diluée dans de nombreuses licences et des produits dérivés de mauvaise qualité. «Pendant un certain temps, je me suis sentie comme une has been. Ce qui m’a donné l’élan nécessaire pour racheter mon entreprise et tout recommencer, ç’a été de voir de toutes jeunes femmes redécouvrir cette robe dans des magasins vintage.»

Désormais, on sent que DVF prépare sa sortie et pose les dernières pierres qui cimenteront sa légende. Elle écrit même une autobiographie, The Woman I Wanted To Be. Ce sera l’histoire d’une créatrice qui croyait d’abord et avant tout au pouvoir des femmes…

Photo: Imaxtree.com (Collection automne-hiver 2013-2014)

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