Sade Sati, le titre du plus récent album de Paupière, ne renvoie pas au sulfureux auteur du 18e siècle ni au compositeur des Gymnopédies. Il s’agit plutôt d’un clin d’œil à l’astrologie indienne, qui décrit une période d’environ sept ans au terme de laquelle l’humain fait face à de profonds bouleversements. Sept ans, c’est aussi, grosso modo, la durée de la relation musicale entre Julia Daigle et Pierre-Luc Bégin, les fondateurs du groupe, qui était jusqu’à tout récemment un trio que complétait la claviériste Éliane Préfontaine, «partie faire un bébé COVID», lance Julia en riant, précisant du même souffle que la perte du tiers de la formation s’est vécue sans la moindre animosité. «On ne se voyait déjà pas vraiment à cause de la pandémie; alors, c’est comme si la rupture avait été atténuée», ajoute Pierre-Luc. Après À jamais privé de réponses, paru en 2017, le groupe montréalais se met cette fois-ci en scène dans un album qui renferme bien des réflexions sur le temps qui passe et sur ce qui se passe en nous. «Les trucs ésotériques, c’est toujours inspirant, confie Julia. Lorsque j’écris, je trouve ça plus facile de ne pas parler au “je”. Wikipédia devient mon meilleur ami: je passe d’un sujet à l’autre, je fais un collage, dans lequel les faits historiques côtoient la mythologie grecque.»

Une trame narrative s’est imposée et le duo a imaginé un récit futuriste, aux airs de quête existentielle, découpé en trois parties (Chaos, Fuite, Libération) séparées par des interludes musicaux. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne s’agit pas d’une réflexion sur l’étrange année qu’on vient de traverser. En fait, la grande majorité des morceaux ont été composés avant la pandémie. «Mais ça ne change pas grand-chose de toute façon: quand on est un créateur, le confinement, ce n’est rien de nouveau, explique Pierre-Luc. Les périodes de création intense, c’est un peu comme vivre en pandémie. En fait, ça me va à merveille; ça m’a permis de me concentrer sur mon travail.» La pop à synthés de Paupière évoque toujours forcément l’âge d’or de la new wave britannique, mais les musiciens ne font pas dans la nostalgie d’une époque qu’ils n’ont pas connue. «Je dirais qu’on est des rockers qui aiment la chanson française, bien avant d’être un band de new wave», rappelle Pierre-Luc.

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