Pourquoi avoir choisi le thème du country pour aborder les peines d’amour?

Parce que j’adore le country! C’est cru, c’est vrai. Il n’y a pas de gants blancs. Il t’a laissée, il t’a fendu le cœur, c’est ça que tu vas dire. Tu m’as laissée, je te déteste tsé! (rires) C’est vraiment l’essence de l’émotion, c’est le cœur qui parle. Je trouvais que c’était vraiment la trame sonore parfaite qui amenait cette espèce d’ambiance de peine d’amour. Au début, je m’attendais à ce que ce soit des balados ayant pour thème Le chien sale! ou La vilaine! mais finalement, ce n’est pas ça du tout. Je me rends compte qu’on les artistes ont plein d’empathie envers eux-mêmes, mais envers l’autre aussi. Et avec le temps, on finit toujours par s’en remettre et on arrive à être capable d’en rire et d’apprendre de nos peines d’amour.

Avec le recul, qu’est-ce que tes propres peines d’amour t’ont apporté?

Ce qui est beaucoup ressorti de mes peines d’amour, c’est à quel point les premières sont intenses, à quel point elles font mal. Puis, on vieillit et on apprend à relativiser, à mieux se connaître même si l’amour demeure toujours aussi puissant. On comprend qu’un cœur peut se cicatriser, et que même si les cicatrices restent là pour longtemps, il peut se remettre à battre pour quelqu’un d’autre.

Est-ce que le fait d’entendre les pires histoires de peines d’amour de tes invités t’a fait revivre de mauvais souvenirs ou cela t’a plutôt aidée à faire la paix avec ces expériences difficiles que tu as vécues?

Peut-être suis-je une cordonnière mal chaussée, parce que ça fait 12 ans que je suis avec le même homme. Je l’aime énormément! Je dois donc avouer que j’ai eu un moment de questionnement. Est-ce que j’ai vraiment le droit de parler de peine d’amour alors que ma vie amoureuse va super bien? Est-ce que ma réalité allait blesser mes invités? Allaient-ils avoir l’impression que je veux leur lancer mon bonheur en plein visage? Mais finalement, je me suis rendu compte que j’avais le droit de parler de peines d’amour puisqu’on en a tous vécues. Il faut dire aussi que mes invités ont un certain recul face à leurs propres peines d’amour. Certains d’entre eux sont venus m’en parler alors que ça fait des années qu’ils sont en couple et heureux. Je crois que le balado essaie aussi de se pencher sur l’amoureux ou l’amoureuse qu’on devient à travers ces peines-là.

Se remet-on vraiment de notre premier amour, selon toi?

Non. Je ne crois pas. Je pense entre autres à Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques qui disait qu’il aimait si fort sa première amoureuse qu’il était prêt à sacrifier son propre bonheur si ça devait passer par-là. Moi, je sais que je n’aurais pas été capable de faire ça. Mais mon premier amour, je sais qu’il restera toujours spécial. Les gars que j’ai vraiment aimés, c’est impossible de rester amie avec eux. Le fait de downgrader une relation, ça ne fonctionne pas avec moi. Alors quand j’entends des gens comme Alex Perron qui sont extrêmement matures dans leurs apprentissages, je trouve ça beau. J’ai beaucoup à apprendre de ça, ne serait-ce que dans la façon de gérer les choses avec mes ex. On continue toujours d’évoluer.

L’épisode avec Mariana Mazza m’a particulièrement touchée. Je trouve que c’est tellement important de souligner l’impact que peut avoir la musique lors d’une peine d’amour. As-tu une chanson en particulier, ou même une liste de lecture qui te permet de faire sortir le méchant lorsque tu as toi-même le cœur dans garnotte?

Je me suis vraiment payée tout un trip avec le balado. La première invitée que je voulais recevoir c’était Mara Tremblay. Elle a été la trame sonore de toutes mes grandes peines d’amour. En la rencontrant, j’ai vraiment pu aller à la source de ce qui me touche tant chez cette elle. J’avais envie de savoir pour qui elle avait écrit ces chansons-là, comment elle se sentait quand elle les a écrites aussi. C’est définitivement la rencontre qui a été la plus touchante parce qu’elle était très personnelle. Elle a vécu ses peines d’amour avec la musique et elle a écrit toutes ses chansons d’amour pour la même personne.

J’écoute aussi beaucoup de country, du Patsy Cline, du Loretta Lynn, I’m the other woman, Jolene. Ce type de chanson là m’a beaucoup accompagnée.

Comment ta perception de l’amour a-t-elle changé au fil des années? 

J’ai envie de te dire que je n’ai perdu aucune de mes illusions par rapport à l’amour à deux, mais ce qui a changé avec le temps, c’est que je m’aime, moi. J’ai appris à m’aimer et j’aurais aimé être capable de le faire avant. J’ai tellement été insécure et j’ai tellement voulu être extraordinaire pour certains hommes; je me cherchais beaucoup. Maintenant, je m’aime et c’est tellement plus facile d’aimer quelqu’un et de se laisser aimer. Je sais que c’est cliché de dire qu’il faut apprendre à s’aimer avant d’aimer quelqu’un d’autre, mais ça m’a pris du temps à comprendre que c’est vrai. Ça fait un bien fou de ne plus être dans la peur de Mon dieu, est-ce qu’il va continuer à m’aimer? et de savoir qui on est. C’est vraiment quelque chose qui s’apprend avec l’expérience, quelque chose qu’on apprend à la dure.