Fille de l’actrice Marlène Jobert, elle fait ses marques comme actrice en Bond Girl aux côtés de Daniel Craig, mais aussi sous la direction de réalisateurs comme Ridley Scott, Robert Rodriguez et Tim Burton. Dans le diptyque Les Trois Mousquetaires : Milady, elle renoue pour une deuxième fois avec sa langue maternelle et un personnage haut en couleur, celui de Milady de Winter. Une femme mystérieuse et insaisissable. Catherine Beauchamp l’a rencontré lors de la première mondiale à Paris. Entretien.

CB : Eva, vous reprenez pour une deuxième fois le rôle de Milady sous la direction de Martin Bourboulon, qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette proposition ? 

EG : Au départ quand on m’en a parlé, je me disais: Oh là là ! Encore une énième version des Mousquetaires. Mais pourquoi ? C’est vraiment quand j’ai lu les scénarios des deux volets que j’ai vu l’aspect intéressant du personnage de Milady. Dans le premier volet, Milady joue la femme fatale. Elle utilise sa féminité comme une arme. Elle manipule tout le monde. Mais dans la deuxième partie, ce qu’on découvre, c’est que derrière cette carapace de femme fatale, il y a un être humain ! Une femme qui a été blessé dans son passé, qui a vécu l’humiliation et la trahison. Une femme rongée de l’intérieur qui n’a pas le choix d’avancer.  Il y a un côté très « survivor » chez elle.

Sphère films

CB : C’est intéressant parce que quand j’ai vu le premier volet des Trois Mousquetaires, je me suis dit: « C’est tourné comme un James Bond, mais à la sauce mousquetaire. » Vous avez fait partie d’un James Bond (Casino royale). Avez-vous la même impression ? 

EG : Je comprends ce que vous voulez dire. J’ai réalisé avec cette production française qu’on n’avait rien à envier aux américains. Il y a dans ce film un rythme, une caméra immersive. On sent la fièvre, la tension. On transpire avec les acteurs. Aussi, dans les films de James Bond, il y a toujours des complots, des manigances, des méchants et, en plus, je joue le rôle d’une espionne.

CB : Vous dites que vous n’êtes pas comme Milady dans la vie de tous les jours. Votre personnalité est loin du personnage. Comment se fait-il que votre casting se résume souvent à des femmes plus grandes que nature, des séductrices, tout ce que vous n’êtes pas ? 

EG : C’est marrant parce que lorsque je suis arrivée à l’école d’art dramatique, à Paris, j’étais extrêmement timide. Ma professeure m’avait donné comme exercice de d’endosser certains des rôles pour me sortir de ma coquille comme ceux de Lady Macbeth, Cléopâtre, Marie Tudor, Victor Hugo. J’ai trouvé une certaine jubilation à jouer des gens assez extrêmes qui sont vraiment très puissants. Ça m’a beaucoup aidé.

CB : Parlez-moi un peu de votre entraînement. J’ai cru comprendre que ça avait été assez ardu.

EG : Oui mais c’était super, j’ai adoré. C’est ce que j’ai préféré. Imaginez le luxe du métier d’acteur quand on vous paye des entraîneurs, super calés, gratuitement en plus ! Bizarrement, les entraînements, ça aide à trouver une certaine force intérieure du personnage.

Au début, on se sent maladroit. On fait des gestes de base. Et par la suite, on nous apprend à bouger correctement, on essaye de vous trouver une chorégraphie crédible qui fonctionne. Dans le cas de Milady, on voulait un style un peu différent. Je suis une grande fan de films asiatiques. Je me disais: « Est-ce qu’on peut inventer peut-être une technique d’un combat double épées? On imaginait qu’elle avait voyagé à travers le monde. Qu’elle connaissait ce mouvement. C’était marrant!

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CB : On vous a beaucoup vu travailler dans la langue de Shakespeare. Par contre, avec les films Les Trois Mousquetaires vous travaillez en français, dans votre langue de naissance. Est-ce que ça fait une différence ? 

EG : C’est assez agréable, parce qu’on n’a pas à se soucier de l’accent. Je suis d’origine suédoise. J’ai ce nom, Green qui fait davantage anglais, c’est un peu confus, on pourrait croire que je suis Anglaise. Mais non, j’ai beaucoup travaillé l’anglais pour me débarrasser de l’accent suédois sur le film de Bond. J’avais un coach qui travaillait avec moi à tous les jours, ce qui fait que je me suis beaucoup améliorée. Mais là, c’est génial, avec le français, il y a beaucoup plus de liberté.

CB : Est-ce que ça vous a donné davantage l’envie de travailler en français, de reprendre des rôles dans la langue de Molière.

EG :  Je crois qu’on ne pense pas beaucoup à moi pour des rôles en français.

CB : Pourquoi?

EG : Je ne sais pas. Mon nom, le fait que j’habite à Londres. Je le disais encore à mon agent dernièrement: « Qu’est-ce qu’on fait? Faut-il mettre une annonce dans un journal pour qu’on pense à moi (Rires) ? »

CB :  Vous considérez-vous comme un modèle intéressant pour les jeunes femmes qui vous voient au cinéma?

EG : Peut-être avec Milady. C’est vrai qu’elle a un côté très mec. Elle se fout de ce que les gens pensent. Très féministe, libre. Elle ne ressemble à personne.

Parce que vous savez, c’était costaud à l’époque pour une femme. C’est bien parce que quand on est jeune, on a toujours envie d’être accepté, on veut être à la mode. Milady a son propre style vestimentaire assez singulier comme porter ses pantalons en dessous de ses robes, c’est magnifique et très féminin.

Les Trois Mousquetaire : Milady est en salle dès le 15 décembre.

*Les frais de voyage et d’hébergement ont été payés par le distributeur Sphère films.

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