Qu’est-ce qui t’a donné envie d’interpréter cette femme au métier si particulier?

Toutes les intentions de mon personnage sont bonnes. Cela dit, son collègue et elle disent des phrases tellement protocolaires, et moi, dans la vie, quand le gros bon sens n’a plus sa place, ça me rend folle! Quand tu te dis: «Attends un peu, ton protocole vient vraiment fucker la patente; est-ce qu’on peut simplement communiquer, toi et moi?» Cette pièce est une espèce de satire de la bureaucratie et de son côté aseptisé devant les drames humains. Ce non-dialogue aura raison de mon personnage. Elle finira par enfreindre les règles. J’aime voir l’humanité émerger derrière le protocole.

Qu’as-tu pensé du texte de debbie tucker green lorsque tu l’as lu pour la première fois?

Après six pages, j’ai su que j’allais dire oui. Le rythme de l’écriture m’impressionnait vraiment et je me disais que ça allait être tout un travail! J’aime ce genre de défi en tant qu’actrice. Et cet hyperréalisme-là me plaît énormément au théâtre. Plus je vois de spectacles, plus je me rends compte que c’est ça qui vient me toucher. Je me reconnais [dans les personnages], je reconnais les gens autour de moi et je me dis que si ma petite vie banale est représentée au théâtre, elle ne doit pas être si banale que ça. (Rires)

Travailler avec la metteuse en scène Alexia Bürger, qui a récemment reçu le prix Jovette-Marchessault, ça te plaît?

Ça fait longtemps que j’en rêvais, et c’est au-delà de mes attentes! C’est une conceptrice et une metteuse en scène à l’écoute et intelligente. Elle réfléchit beaucoup à la manière dont les gens se sentent; elle a énormément d’empathie, et ça paraît dans les spectacles qu’elle signe.

Les pièces dans lesquelles tu joues entrent rarement dans la catégorie du pur divertissement… dirais-tu que tu aimes le théâtre plutôt engagé?

Oui. Je suis d’une nature engagée, c’est dans ma personnalité. Et toutes les fois où j’ai dû choisir entre tel et tel projet, pour tenir compte de l’horaire familial, mon chum savait bien qu’au bout de deux semaines de répétitions d’une pièce purement divertissante, je serais d’une humeur exécrable. Il m’a déjà dit: «[Si tu choisis de faire ce projet], tu ne seras plus endurable. Tu ne sauras pas à quoi tu sers et il va falloir que je te gère. T’es aussi bien de t’impliquer dans quelque chose qui demande que tu y mettes un peu plus du tien, mais qui fera que ce sera plus facile à la maison.» Il a raison, il me connaît très bien!

À ESPACE GO, du 19 septembre au 15 octobre, espacego.com

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