Ces dernières années, un tout nouveau vocabulaire entourant le genre, l’identité et l’orientation sexuelle a fait son apparition. Des mots comme « agenre », « non-binaire » et « demisexuel.le » se font de plus en plus entendre. Si les concepts qu’ils représentent n’ont rien de nouveau, ces termes et néologismes, de plus en plus démocratisés par une jeunesse désireuse de mettre les mots justes sur son expérience, témoignent d’une transformation profonde de notre société.

La pensée dominante a longtemps eu tendance à représenter les humains dans un schéma binaire (femme/homme, homosexualité/hétérosexualité). Pourtant, l’identité et l’expression de genre, le sexe biologique et l’orientation sexuelle existent bel et bien sur un spectre aussi nuancé et diversifié que les êtres humains qui s’y trouvent.

Et ça, les jeunes de la génération Z l’ont compris. Selon une étude dont les résultats ont été publiés en 2016 par The Innovation Group, de l’agence J. Walter Thompson, moins de la moitié de ces jeunes se disent exclusivement hétéros, 56 % connaissent au moins une personne utilisant un pronom neutre et 70 % sont favorables aux toilettes unisexes. Plus ouverts que leurs prédécesseurs, les millénariaux, les représentants de la génération Z grandissent avec de nouvelles valeurs, de nouvelles façons de faire et un nouveau langage, qui sont là pour de bon.

Face à cette génération assumée, qui nous tire à toute vitesse vers un futur libre et prometteur où les conventions fichent le camp, nombreux sont ceux qui ont l’impression d’avoir manqué le train, mais qui n’osent pas poser de questions de peur de se mettre  les pieds dans les plats. Histoire de clarifier certains termes et de déconstruire au passage quelques préjugés, en collaboration avec l’organisme Les 3 sex*, on vous a préparé ce petit lexique des genres, identités et sexualités. On se lance?

Petit lexique des genres, identités et sexualités

Agenre

Une personne agenre ne se reconnaît dans aucun genre; elle se considère non genrée ou neutre. Sans être interchangeables, les termes agenre et non binaire (certaines personnes emploient également « neutrois » ou « genderqueer ») ont en commun que la personne qui s’y identifie existe à l’extérieur des définitions et des identités de genre binaires.

Aromantique

Le mot aromantique désigne les individus qui ne ressentent peu ou pas d’attirance amoureuse envers autrui. De nombreuses personnes aromantiques, bien qu’elles ne fassent pas l’expérience de l’amour romantique au sens propre, développent des relations de couple et/ou amicales — platoniques ou sexuelles — avec un·e ou plusieurs partenaires. D’autres préfèrent le célibat.

Asexuel.le

On qualifie d’asexuels les individus ne ressentant peu ou pas de désir sexuel pour les autres. Certaines personnes asexuelles peuvent éprouver des sentiments amoureux et apprécier l’intimité physique, les câlins et les démonstrations d’affection, mais n’ont pas, ou très peu, d’intérêt pour les contacts sexuels.

Bisexuel.le

Une personne bisexuelle est attirée par plusieurs genres, ou par les personnes de son propre genre et d’autres genres. S’il a longtemps signifié et signifie encore pour plusieurs: «attiré à la fois par les hommes et les femmes», il est pertinent de noter que cette définition repose sur le principe qu’il n’existe que deux genres… Par conséquent, de plus en plus de gens bisexuels s’identifient désormais comme pansexuels (voir plus bas).

«Être bisexuel, ce n’est pas être confus. Ça n’a rien de confondant. Pour moi, c’est tout le contraire», disait Kristen Stewart dans une entrevue accordée à The Guardian en mars 2017.

Cisgenre

On qualifie de cisgenre, ou cis, une personne dont l’identité de genre correspond au sexe qui lui a été assigné à la naissance en se basant sur ses caractéristiques biologiques. Une femme cis, par exemple, est une personne présentant des organes génitaux dits féminins — une vulve, un vagin — et qui s’identifie au genre féminin.

Cisnormativité

La cisnormativité, selon The Queer Dictionary, est la présomption que tous les individus sont cisgenres jusqu’à indication contraire. «Bien qu’elle soit rarement délibérée […], la cisnormativité contribue à rendre invisible l’expérience des personnes trans et non binaires», peut-on y lire.

Demiromantique, Demisexuel.le

(Voir plus haut: Aromantique, Asexuel.le) Ici, le préfixe « demi » signifie que la personne est majoritairement aromantique ou asexuelle, mais peut ressentir une attirance sexuelle ou romantique dans des contextes précis. Une personne demisexuelle pourrait en arriver à désirer sexuellement quelqu’un dont elle est très proche ou amoureuse, par exemple, tandis que la personne demiromantique ne ressentira de sentiments amoureux qu’envers les individus avec qui elle a développé une forte proximité émotionnelle. 

Genderfluid

Ce mot est utilisé par les personnes dont l’identité de genre est changeante. Un individu genderfluid ne s’identifie de façon exclusive ni au genre féminin ni au genre masculin, et son identité de genre peut fluctuer, que ce soit sur le continuum entre ces deux genres ou complètement à l’extérieur.

Hétéronormativité

L’Office québécois de la langue française définit l’hétéronormativité comme un « système de pensée qui est basé sur la présomption que l’hétérosexualité est la norme et qui privilégie les personnes hétérosexuelles au détriment des personnes homosexuelles ». C’est en partie cette croyance (et sa cousine, la cisnormativité) qui alimente l’illusion qu’il y a plus d’identités de genre et d’orientations sexuelles qu’avant. De plus, l’hétéronormativité contribue à justifier de multiples formes de violence à l’endroit des personnes qui dérogent à la « norme » en termes d’orientation sexuelle et d’identité de genre. 

« Si les personnes cisgenres et hétéros arrivaient à ne plus se considérer comme la norme ou le modèle par défaut, elles se sentiraient moins menacées et moins incommodées par les nouvelles identités qui, soit dit en passant, ne sont pas nouvelles. Simplement, maintenant, j’ai les mots pour décrire ce que j’ai toujours été. » — Stéphanie*, 43 ans.

Iel

Iel (une contraction de « il » et « elle ») est un pronom neutre dans le genre. C’est le terme se rapprochant le plus de « they », pronom neutre largement adopté en anglais. 

D’autres néologismes ont fait leur apparition pour remplacer les pronoms, articles et déterminants masculins et féminins, notamment yel ou ille, celleux (ceux et/ou celles) et toustes (tous et/ou toutes), pour n’en nommer que quelques-uns. S’il est vrai que la binarité intrinsèque de la langue française complexifie la transition vers un langage plus inclusif, il est possible de préconiser l’écriture épicène, les choix de mots neutres (utiliser le mot « magnifique » au lieu de beau ou belle, par exemple), les formulations ne nécessitant pas d’accords genrés (parler du personnel plutôt que des employés) et de prendre l’habitude de demander aux personnes que l’on rencontre quels sont leurs pronoms. 

Intersexe

Selon l’Organisation des Nations Unies, « les personnes intersexes sont nées avec des caractères sexuels (génitaux, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps dits masculins ou féminins. Le terme intersexe s’emploie pour décrire une large gamme de variations naturelles du corps […] apparentes à la naissance ou seulement à la puberté. » On estime que 1,7 % de la population mondiale serait intersexe. L’intersexuation, qui ne concerne que l’aspect biologique, n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.

Mégenrer

Action d’employer intentionnellement ou non le mauvais pronom ou le mauvais genre pour s’adresser à quelqu’un, lui attribuant ce faisant un genre qui n’est pas le sien.

«On me mégenre presque tous les jours, et ça m’épuise. Chaque fois qu’on tient pour acquis que je suis un garçon, on nie qui je suis et on me signifie que je ne suis pas correcte, que je ne suis pas une fille de la “bonne façon”. C’est comme un coup dans le ventre chaque fois.» – Léa*, 23 ans

Non-binaire

Cette identité de genre désigne les personnes qui ne s’identifient pas aux genres masculins ou féminins, et qui, par conséquent, existent à l’extérieur des normes binaires.

Morinommer

Action d’employer, de manière intentionnelle ou non, l’ancien nom d’une personne qui en a choisi un nouveau dans le cadre d’un processus de transition, et ce, en sa présence ou son absence. Aussi connu sous le terme anglais deadnaming, le morinommage peut causer de la détresse chez la personne visée en envoyant différents messages, comme par exemple que son interlocuteur·ice invalide son identité ou n’est pas prêt·e à faire l’effort de changer son langage. 

Non binaire

Il s’agit d’un terme parapluie qui englobe les personnes qui ne s’identifient peu ou pas aux genres masculins ou féminins et qui, par conséquent, existent à l’extérieur des normes binaires. 

Pansexuel.le

Ce terme désigne une personne sexuellement ou émotionnellement attirée par une autre personne, peu importe son sexe ou son identité de genre. 

« Ça signifie que je peux tomber amoureux d’une personne, quel que soit son genre ou la manière dont elle se définit. Je ne vois pas ça comme un obstacle. » — Chris, chanteur de Christine and the Queens (BBC, 2016)

Polyamoureux.se

On appelle polyamoureux ou polyamoureuses les adeptes du polyamour. Le polyamour est une configuration relationnelle pouvant être considérée comme une orientation sexuelle, un mode de vie ou une éthique relationnelle. Il implique une ouverture à entretenir des relations amoureuses, sexuelles et/ou de proximité émotionnelle avec plus d’une personne, et ce, de manière transparente et consensuelle. Bien qu’il s’agisse d’une configuration relationnelle moins répandue que le couple monogame, le polyamour est pratiqué par des gens de tous genres et de toutes orientations, partout dans le monde, depuis toujours.

Queer

Cette expression, qui signifiait jadis « bizarre » ou « anormal », en anglais, a été reprise par certain.e.s membres des communautés 2SLGBTQIA+, qui l’emploient pour désigner quiconque ne s’identifie pas aux définitions rigides d’orientation sexuelle ou d’identité de genre. Queer est donc un terme parapluie englobant toutes les personnes de la diversité sexuelle et de genre visant à reconnaître leur différence sans la définir ou la baliser, mais fait également référence au mouvement historique et politique pour la déconstruction de l’hétéronormativité et de la cisnormativité mené par les communautés.

Trans

On dit d’une personne qu’elle est transgenre lorsque le sexe qui lui a été assigné à la naissance ne correspond pas à son identité de genre. La transidentité est indépendante de l’orientation sexuelle, de l’apparence physique ou du choix d’une personne d’entreprendre ou non un processus de transition.

Transition 

La transition désigne le processus durant lequel une personne modifie certains aspects de sa vie personnelle ou publique afin de mieux refléter son identité de genre. Les étapes de la transition, uniques à chaque individu, peuvent impliquer des changements sur le plan social, médical, corporel et légal, pouvant aller du coming out à la modification de l’apparence, en passant par le changement de nom et les soins médicaux d’affirmation de genre.

*Ces personnes ont décidé de préserver leur anonymat. Les noms utilisés sont donc fictifs.

Merci à Mariane Gilbert et à ses collègues de l’organisme Les 3 sex* pour leur aide inestimable! 

Ce contenu a été mis à jour en juillet 2024.

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