Votre dernier souper de l’Action de grâces a tourné au drame? Vous n’êtes pas la seule. Au Québec, depuis septembre, il n’y a pas un party ou une réunion de famille qui a échappé au tsunami suscité par le projet de charte des valeurs québécoises.
DOSSIER SPÉCIAL: Le voile, parlons-en!
Très vite, le débat sur la laïcité de l’État et sur l’encadrement des demandes d’accommodements raisonnables s’est cristallisé autour de l’interdiction de porter des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique. Puis, toute l’attention s’est focalisée sur le voile. Chroniqueurs, féministes et spécialistes se sont affrontés sur le sujet par médias interposés. Les opinions de monsieur et madame Tout-le-monde – des plus sensées aux plus délirantes- ont enflammé les réseaux sociaux. Des marches ont été organisées. Des pétitions ont circulé. Un groupe de Janette a même vu le jour. La question du voile a pris tellement de place qu’elle a éclipsé tout le reste. Pourtant, des femmes voilées, on n’en compte que quelques milliers chez nous. Il y a environ 200 000 musulmans au Québec et on estime qu’une musulmane sur cinq est voilée. Il y aurait donc, grosso modo, 20 000 Québécoises voilées. N’empêche que le malaise est là, palpable, sur un sujet complexe et éminemment émotif.
Découvrez les 6 participantes à la table ronde
De nombreuses femmes se demandent si les musulmanes qui portent le voile le font sous la pression de leur mari ou de leur père. D’autres craignent que les musulmans pratiquants fassent reculer le Québec en matière de laïcité et d’égalité entre les hommes et les femmes. Et d’autres encore estiment que le voile est une barrière entre celles qui le portent et le monde extérieur.
De leur côté, les Québécoises musulmanes voilées soutiennent que porter le foulard est un choix personnel, que les raisons de le faire sont multiples, et que la situation au Québec n’est pas comparable à celle qui prévaut en Iran ou en Afghanistan, où les femmes sont soumises aux pouvoirs en place.
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De part et d’autre, l’incompréhension persiste et plombe le climat social. À la rédactionde ELLE Québec, les avis sont variés sur le sujet. Mais l’équipe y a vu l’occasion d’un véritable dialogue entre des femmes aux opinions à priori opposées. Après tout, voilées ou pas, nous vivons ensemble. Nous travaillons ensemble, nous fréquentons les mêmes parcs et les mêmes hôpitaux. D’où l’idée d’organiser une table ronde – animée par l’auteure et féministe Pascale Navarro – entre des Québécoises qui sont voilées et d’autres qui s’interrogent sur ce choix. Pour qu’elles confrontent leurs points de vue, tentent de se comprendre et d’aller au-delà des stéréotypes. Afin que nous toutes continuions de vivre ensemble harmonieusement, avec ou sans charte.
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