Bien avant de trôner sur les étagères de Sephora et dans nos pharmacies, les baumes nettoyants servaient à laver le pis des animaux de la ferme. Un peu moins glamour, on vous le concède! En plus d’avoir des propriétés antiseptiques, la formule de l’époque (à base de saindoux, de miel et d’herbes), rudimentaire mais efficace, permettait d’éliminer la saleté et les impuretés, d’apaiser et de protéger la peau. «Je connaissais déjà ça, parce que j’ai grandi sur un ranch dans l’Idaho», dit Kim Walls, fondatrice et PDG de la marque de beauté italienne Furtuna Skin.

Au milieu des années 1800, le produit a été revampé et commercialisé en tant que cold-cream nettoyante par Pond’s. Il s’agissait alors d’un mélange d’huile minérale, de cire d’abeille et d’eau. Les femmes s’en tartinaient généreusement le visage pour faire disparaître leur maquillage, avant de l’essuyer avec un mouchoir en papier (fait peu connu: c’est précisément pour cette raison que les Kleenex ont été inventés!). Dans les années 1960, Shu Uemura a mis sur le marché les huiles nettoyantes — qui avaient tendance à laisser des résidus indésirables et qui n’ont jamais connu un grand succès. On peut supposer que c’est parce qu’on croit généralement que l’huile est mauvaise pour la peau et qu’on lui préfère la mousse. «On a été conditionnées — entre autres par Johnson & Johnson — à n’en avoir que pour ces belles mousses onctueuses!» estime Kim.

Au fil des ans, les baumes nettoyants que nous connaissons aujourd’hui ont gagné en popularité, mais voilà qu’une vague de nouveaux produits a récemment vu le jour. «Je pense que ça s’inscrit logiquement dans l’air du temps», affirme Kim, dont la marque vient de lancer un baume nettoyant à base d’huile. Selon elle, si la demande est là, c’est parce qu’on réalise que les baumes constituent une façon plus saine de se nettoyer la peau. Plutôt solides au départ, ils s’assouplissent une fois qu’on les applique, puis se chargent de dissoudre la crème solaire, le maquillage et les autres impuretés. «Ces baumes se lient chimiquement à la saleté et à la pollution.» Après le rinçage, la peau n’est pas desséchée et elle ne tiraille pas. Un aspect essentiel, puisqu’une barrière cutanée affaiblie entraîne une dégradation plus rapide du collagène et perd ainsi sa fonction première: protéger la peau.

Mea culpa: j’ai moi-même cru pendant de nombreuses années que la mousse était préférable, jusqu’à ce que je fasse l’expérience révolutionnaire du baume nettoyant. Me laver le visage est devenu un rituel que j’attends avec impatience. Je prends mon temps pour le faire en début de soirée, plutôt que cinq minutes avant d’aller au lit. Vu la quantité de crème solaire que j’utilise, je suis contente de savoir que celle-ci se désintègre jusqu’à la dernière goutte. Et comme le souligne Kim, pourvu qu’on s’y applique, on en retire plus qu’un visage bien propre. «Profitez-en pour masser votre visage et utilisez vos jointures pour favoriser le drainage lymphatique», recommande- t-elle. «Le massage a un tas d’avantages multisensoriels et physiologiques. Il permet une meilleure absorption des nutriments et une meilleure oxygénation, et un meilleur apport nutritif à la surface de la peau.» Cela dit, même si vous devez sauter l’étape du massage, je demeure convaincue qu’il n’y a rien de mieux que les baumes pour se nettoyer le visage. Et Kim est du même avis: «Vous obtenez le meilleur nettoyage qui soit, en causant un minimum de dommages.»