Jenna Lyons sirote son café Starbucks tandis que son chien, Popeye, glapit sur ses genoux. « Je sais ce qu’il veut, dit-elle, impassible. Du café. » Un pitou qui a une prédilection pour la caféine: on pourrait l’ajouter à la liste des excentricités qui font de Jenna Lyons un personnage aussi fascinant. Elle parle d’une combinaison Celine et de jerky sur le même ton révérencieux, et a même déjà porté une veste en jean au gala du Met (agencée à une jupe en satin duchesse rose, évidemment).

S’il y a une personne qui incarne le fait d’être authentiquement elle-même, c’est bien « Jenna F*cking Lyons », comme l’a surnommée Brynn Whitfield, sa partenaire à l’écran dans l’émission The Real Housewives of New York City. Lorsqu’elle a quitté l’entreprise de prêt-à-porter J.Crew après 27 ans, dont 7 en tant que présidente et directrice générale de la création, la plupart des gens s’attendaient à ce que « la femme qui a habillé l’Amérique » passe à une autre grande marque de mode. À la place, Jenna a surpris tout le monde en faisant une incursion beaucoup plus risquée dans les domaines de la beauté et de la téléréalité.

Elle est devenue la première participante ouvertement queer de RHONY et, dans le plus pur style Jenna Lyons, a fait fi des nombreuses conventions de cette franchise en troquant les robes moulantes contre ses chemises signatures et en préférant passer du temps avec son fils adolescent, Beckett, ou se coucher tôt au lieu de participer aux soirées mondaines avec les membres de la distribution. « Mes cils sont peut-être faux, mais je reste authentique », plaisantait-elle dans le générique de la série.

Les cils en question proviennent de LoveSeen, la marque de faux cils à l’aspect ultranaturel qu’elle a lancée en 2020 en réponse au problème de santé dont elle souffre depuis qu’elle est toute petite, l’incontinentia pigmenti. Cette maladie génétique l’empêche d’avoir des cils, en plus d’affecter sa peau, ses cheveux et ses dents. « C’était dur — les enfants sont méchants », confie-t-elle à propos de son enfance. « Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi le domaine de la mode et pour lesquelles j’aime l’industrie de la beauté: c’est vraiment difficile pour son écosystème interne quand on ne se sent pas bien. Bien qu’on puisse dire que la beauté et les vêtements sont superficiels, la façon dont on se sent lorsqu’on se regarde dans le miroir ne l’est pas. »

Ici, Jenna nous parle de ses rituels de beauté et nous dit comment elle a enfin réussi à se sentir bien dans sa peau.

«Bien qu’on puisse dire que la beauté et les vêtements sont superficiels, la façon dont on se sent lorsqu’on se regarde dans le miroir ne l’est pas.»

Vous venez de lancer LoveSeen au Canada. Toutes mes félicitations! D’où vous est venue l’idée de cette marque? 

J’ai une maladie génétique qui fait que je n’ai pas de cils, et je crois qu’on a tous tendance à remarquer chez les autres ce qu’on estime être une lacune chez soi. J’ai donc toujours regardé les cils des autres. Il y a quelques années, quand je travaillais chez J.Crew, j’ai constaté que plusieurs femmes de mon bureau qui se maquillaient très peu avaient adopté les rallonges de cils. Par la suite, il y a eu le boom des tutoriels de maquillage à la Huda Beauty et tous ces garçons en ligne qui superposaient 16 couches de contouring avant de compléter leur look par des faux cils. J’ai trouvé vraiment intéressant de constater que ces deux groupes très différents — l’un qui voulait un look subtil, et l’autre très glam — se concentraient tous les deux sur les cils.

De plus, chaque fois que je marchais sur un tapis rouge ou que je figurais à la télé, où il faut avoir des cils, au risque d’être en quelque sorte effacée, je ne pouvais porter aucun de ceux qui étaient vendus sur le marché. Ils étaient trop longs, trop grands ou ils ne correspondaient pas à l’aspect que je recherchais. Je voulais quelque chose de délicat et de naturel, mais je ne le trouvais pas. LoveSeen est donc vraiment née d’un besoin.

Vous avez mentionné le fait que vous avez une maladie génétique. Comment y avez-vous fait face tout au long de votre vite?

Si vous regardez des photos de moi quand j’étais plus jeune, mes dents avaient la forme de cônes, et il m’en manquait beaucoup. Je viens de les faire refaire; alors, je souris beaucoup plus maintenant. J’avais aussi des plaques à l’arrière du crâne, là où mes cheveux ne poussaient pas, et des cicatrices sur la peau. On se moquait tout le temps de moi, et je ne me sentais pas belle. Quand vous êtes enfant, les gens qui vous aiment peuvent vous dire: « Oh, tu es belle », mais si vous ne le croyez pas, c’est ça qui compte à vos yeux. C’est pourquoi j’ai toujours essayé de faire tout ce que je pouvais pour que quelqu’un qui a peut-être l’impression qu’il n’y a pas de solution à son problème puisse se sentir mieux dans sa peau.

Quand vous sentez-vous le mieux dans votre peau aujourd’hui? 

Je crois qu’avec l’âge, j’ai surmonté plusieurs de mes insécurités et, maintenant, je me sens probablement le mieux quand je suis à la plage. Sentir la chaleur du soleil sur ma peau et la douceur du sable sous mes pieds. Ce qui compte, ce n’est pas mon apparence à ce moment-là, mais comment je me sens.

 

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Comment aimez-vous démarrer votre journée?

Quelqu’un m’a parlé d’un truc qui consiste — ça a l’air dégoûtant, mais au bout d’un moment, on s’y habitue — à mettre deux cuillères à thé de ghee [NDLR: du beurre clarifié] dans de l’eau chaude. C’est censé aider le système digestif. Je bois du café, mais j’essaie de boire ça en premier et de m’accorder un peu de calme, en faisant le déjeuner pour mon fils avant qu’il parte à l’école, puis en promenant le monstre [alias Popeye]. Côté produits, j’ai quelques trucs dont je ne peux pas me passer, mais j’adore essayer de nouvelles choses. 

Quels sont vos indispensables en matière de soins de la peau?

L’un de mes produits les plus précieux est la Crème Masque Vernix, de Biologique Recherche. Je m’en enduirais tout le corps si le pot n’était pas aussi petit et ne coûtait pas plus de 200 $. J’ai aussi le Nettoyant exfoliant régénérateur au BHA, de Tata Harper, que j’aime beaucoup. J’adore le Sérum, d’Augustinus Bader, et la Lotion P50, de Biologique Recherche — je ne jure que par ça. Et le Masque de nuit pour les lèvres, de Laneige, que j’applique tous les soirs.

Et le maquillage?

Victoria Beckham a créé, en collaboration avec Augustinus Bader, une base de teint géniale. Je ne veux pas que ma peau ait l’air sèche ou surmaquillée, maintenant que je vieillis, et cet apprêt me donne une belle mine fraîche. Il y a aussi les ombres à paupières en crème de MERIT, que j’adore. Et je suis obsédée par deux anticernes, l’un de Shiseido [l’Anticernes autorafraîchissant Synchro Skin], qui est tellement léger, et l’autre de Biologique Recherche [l’Eye Care Concealer], qui est doux et fonctionne très bien sur ma peau. Aussi, je n’ai jamais rencontré de fard à joues que je n’aimais pas. J’en ai de Dior, de Charlotte Tilbury, de MERIT… Quant au rouge à lèvres, je privilégie souvent les tons rouges. Mes préférés sont le Red Square, de Nars, et la laque pour les lèvres Vinyl Ink SuperStay, de Maybelline, qui est brillante, mais qui ne bouge pas. C’est incroyable.

Quels produits sont dans votre douche en ce moment?

J’aime vraiment le shampooing et le revitalisant de OUAI. Chaque fois que je les utilise, la personne qui me coiffe me dit que j’ai de beaux cheveux. Il y a aussi le gel douche Hinoki, de Wonder Valley, que j’adore. J’utilise également l’huile pour le corps de la même fragrance. Puis, il y a environ huit millions de luffas et une pierre ponce — je ne fais jamais assez d’exfoliation, surtout en prenant de l’âge.

Comme les téléspectateurs de Rhony ont pu le voir dans la série, vous avez une gigantesque baignoire. Qu’est-ce que vous aimez dans le fait de prendre un bain?

Je mesure six pieds, donc, en grandissant, je n’ai jamais eu de baignoire assez grande pour moi, et dans tous les appartements où j’ai vécu à New York, elle était soit vraiment dégoûtante, soit minuscule. Alors, pouvoir m’étendre de tout mon long dans une baignoire, c’est le paradis pour moi. Je suis le genre de personne qui allume une bougie, lit un livre et met des sels d’Epsom dans l’eau… C’est très apaisant. 

De quelle façon vous détendez-vous après une journée bien remplie?

 Je passe du temps avec mon fils. On se fait des câlins et on discute. Il aime la science et a plein de passions — la plupart du temps, je n’ai aucune idée de ce qu’il me raconte, mais j’adore l’écouter parler. La vie nous tient bien occupés tous les deux. Alors, c’est bon d’avoir un moment où on peut se retrouver.

Quelles sont cinq petites choses qui vous rendent heureuse?

 Des bougies, de beaux draps, des fleurs fraîches, une pédicure et du gâteau au fromage.

Vous avez été la muse de nombreuses personnes. Quelles sont vos inspirations personnelles en matière de style?

Il y en a tellement. J’ai toujours aimé Slim Keith et Camilla Nickerson. J’adore aussi Charlotte Rampling. Ce que j’aime chez elle, c’est qu’elle n’est pas toute refaite. Je trouve l’idée européenne de la beauté vraiment intéressante parce qu’elle célèbre la façon dont on évolue dans la vie, et je ne crois pas que ce soit souvent le cas aux États-Unis. Il y a également Inès de La Fressange, qui est si belle et élégante, mais qui se ressemble toujours. Je ne suis pas contre toutes les choses qui permettent de camoufler les signes de l’âge. Je pense que notre culture donne aux gens l’impression qu’ils ont besoin de faire ça. Je comprends tout à fait ça, et je ne dis pas que je n’y ai jamais participé. Mais je suis vraiment fascinée par ce sens de la beauté qui peut se transformer sans être figée dans le temps.

Comment envisagez-vous le fait de vieillir?

Ce n’est pas toujours facile. Ma petite amie [Cass Bird] est photographe et on en parle tout le temps. Il n’y a pas longtemps, elle a photographié Isabella Rossellini, l’une des plus belles femmes que j’ai jamais vues et qui a vraiment insisté pour ne pas être trop retouchée. Lauren Hutton fait la même chose. Elle dit: « Je suis vieille. Pouvez-vous me célébrer et me laisser comme je suis? » Je pense que c’est très inspirant. Seulement, ça peut être difficile dans notre culture de nous sentir à l’aise de le faire. Il n’y a rien de plus pénible que d’être dans une série télé avec un groupe de jeunes femmes et de se dire: « Wow, elles sont vraiment belles », et moi, je ressemble à ce à quoi je ressemble. Encore une fois, je ne dis pas que je n’ai jamais rien fait pour corriger ceci ou cela. Je suis à fond là-dedans, mais je pense qu’il s’agit d’essayer de le faire avec autant de grâce que possible, sans trop changer mon visage. J’ai 55 ans et je devrais en avoir l’air.

Vous vous êtes réinventée à un stade plus avancé dans votre vie. C’est une démarche qui peut être très intimidante à entreprendre pour de nombreuses femmes. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui envisage repartir à zéro?

J’ai eu du mal à passer d’une chose à une autre et j’ai profité de nombreuses circonstances favorables. J’en suis parfaitement consciente et reconnaissante. Mais j’ai passé beaucoup de temps à douter de moi, ce qui, je crois, est le cas de bien des femmes. Je m’inquiétais énormément et je me disais constamment: « Oh, tu ne peux pas faire ceci, tu ne peux pas faire cela. » Je pense que de se concentrer sur les raisons pour lesquelles on peut faire les choses est certainement une meilleure manière de canaliser notre énergie. 

Tête à tête avec Jenna Lyons

Cils Iris (Light Brown), de LoveSeen
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