Cheveux
Cheveux: quand un changement de couleur permet de changer de peau
Quand on change la couleur des cheveux, ça change beaucoup de choses! Et si la métamorphose n'était pas seulement visuelle, mais aussi psychologique? Enquête auprès d'experts et de femmes qui ont osé s'offrir une nouvelle tête.
par : Camille Leclerc- 01 sept. 2010
Auprès de ma blonde
Nathalie est brunette de naissance. Pendant 38 ans, je n’ai fait que peaufiner ce que la nature m’avait donné, rehaussant mon marron de reflets ou de coloration ton sur ton », raconte-t-elle. Puis un jour, le déclic s’est opéré. «J’ai croisé une fille au look d’enfer, qui portait avec panache une coupe courte blond platine, se souvient Nathalie. Je lui ai dit à quel point j’aimais sa tête et que je la trouvais racée, et du tac au tac, elle m’a indiqué qu’avant de faire le Défi tête rasée de Leucan, elle avait toujours eu les cheveux longs et foncés comme les miens ». La tape dans le dos dont elle avait besoin, Nathalie venait de la recevoir! Réalisant qu’elle pouvait oser, elle aussi, elle s’est payé une métamorphose sur un coup de tête. « Je me suis sitôt fait faire quantité de mèches blondes, tout en gardant mes sourcils foncés, question de mettre en valeur mes yeux noisette », explique Nathalie. Et le changement est loin d’être passé inaperçu. « Mon chum est tombé sous le charme, et ma fille de 7 ans a applaudi, elle qui voue un véritable culte à Barbie ». Depuis, Nathalie s’aperçoit aussi que l’image qu’elle projette a légèrement changé. « Ce sont les hommes d’âge mûr qui tendent à reluquer les brunettes. Depuis que je suis blonde, je croise le regard de gars bien plus jeunes… »
La couleur des cheveux, ça vous dit quoi?
Au fil des années, la symbolique des couleurs de cheveux a fait l’objet de nombreuses analyses, que ce soit en mythologie, en art ou dans la bande dessinée. Dans les dessins animés, par exemple, la couleur des cheveux varie en fonction des messages que les illustrateurs souhaitent transmettre à propos de leurs personnages. Plus spécifiquement, dans les mangas japonais, le noir et le brun réfèrent à la normalité et sont surtout associés aux personnages passifs, de second ordre. Synonyme de soleil et de vie, le blond, quant à lui, sert à coiffer les princesses et les jeunes filles modèles, adulées et courageuses. Et le roux colle à la personnalité des héroïnes au tempérament bien trempé, passionnées, hyperactives, parfois même cruelles. Même son de cloche ou presque, en histoire. On raconte que les Celtes vénéraient la blondeur, qu’ils baptisaient « couleur des déesses » et qu’ils associaient à la beauté et à la pureté. Le roux signifiait pour eux force et pouvoir. Et le noir? Il personnifiait les ténèbres et le mal.
Bien qu’aujourd’hui plus nuancées, ces symboliques trouvent encore écho dans notre société. Grosso modo, aux yeux des coloristes, le roux évoque la fougue et la passion féline, le brun, l’authenticité toute naturelle, et le blond, le glamour hollywoodien. Et tous sont d’avis qu’il faut d’abord jouir du bon tempérament (et du bon teint!) pour afficher sa nouvelle coloration sans fausse note et avoir véritablement la tête de l’emploi. «Toutes celles qui optent pour la décoloration doivent être prêtes à faire tourner les têtes, reconnaît Denis Binet, coloriste consultant pour Clairol Canada. Le blond se porte la tête haute et avec aplomb. Il faut l’assumer sans gêne et accepter tout ce qu’il comporte, tant les sifflements que l’obligation de le retoucher souvent ».
Une métamorphose plus que capillaire
Véronique Gingras est styliste/coloriste dans la région de Lanaudière. Son métier, elle le connaît par cœur, puisqu’elle le pratique assidûment depuis 16 ans. Sur sa chaise, elle a vu défiler des femmes en quantité. « J’ai remarqué que l’état de leur coloration joue beaucoup sur le moral des clientes, avoue-t-elle. Quand leur couleur est passée ou que leur chevelure est terne, elles broient du noir. Leur confiance personnelle en prend pour son rhume: devant la glace, elles se trouvent fades, fatiguées, la mine triste et les traits tirés ». La styliste est d’avis qu’un changement de coloration – qu’il soit subtil ou drastique – tient véritablement lieu d’antidépresseur. « J’ai vécu l’expérience des dizaines de fois: sitôt leurs cheveux teints, les femmes voient leur attitude changer du tout au tout. C’est comme quand on enfile une nouvelle paire de chaussures: toute nouvelle coloration sublime la mise, rend sexy et donne de la prestance ».
D’ailleurs, Véronique applaudit l’audace actuelle des Québécoises en matière de teinture. « Aujourd’hui, plus aucune couleur ne leur fait peur, se réjouit-elle. Car il n’y a pas si longtemps, beaucoup d’entre elles levaient le nez sur le roux, par exemple, qu’elles associaient au kitsch, façon « Réjean dans la Petite Vie », se souvient-elle. Maintenant, grâce entre autres aux coups d’éclat des célébrités, qui passent allègrement du blond au noir, ou du châtain à l’auburn, les femmes ont su apprivoiser la couleur et s’en faire une alliée, suivant leur style, leurs aspirations ou leurs envies ». Mais malgré cela, force est de constater que le blond occupe toujours le haut du pavé. « Comme dans la chanson, les femmes sont prêtes à se faire teindre en blond si leur conjoint le leur demande, dit Véronique en rigolant. Et elles tendent souvent à garder cette nuance longtemps, ne serait-ce que pour faire plaisir à leur douce moitié… »
Doucement, le changement!
Changer sa couleur de cheveux, c’est se transformer, se mouler à de nouveaux contours. Et si l’expérience est enrichissante, elle n’en demeure pas moins un tantinet traumatisante. Car pour mettre sa teinture en avant-plan, il faut souvent chambouler bien des choses: sa coupe de cheveux comme son maquillage, et parfois aussi son style vestimentaire. En ce sens, au lieu des virages à 180 degrés, la coloriste Véronique Gingras tend à privilégier les métamorphoses graduelles. « Pour que le changement s’effectue sans heurts, mieux vaut pâlir ou foncer petit à petit sa tignasse, recommande-t-elle. On apprivoise ainsi mieux sa nouvelle image, et on préserve en même temps sa santé capillaire ». Sans parler des nouvelles habitudes beauté qu’on est dès lors contraintes d’observer. « Pour être au top et avoir l’air soigné, il faut faire retoucher sa couleur à intervalles réguliers, exhorte Véronique. Aux trois semaines quand on est décolorée, aux quatre à six mois quand on a des mèches, sinon tous les 30 jours ».
À chacune son histoire
Que ce soit pour révéler un pan caché de sa personnalité, ou pour écrire un nouveau chapitre de son histoire, la coloration peut s’avérer bien plus qu’un banal exercice d’éradication des cheveux blancs. « Je suis née les cheveux très foncés et les yeux verts, confie Sophie. Mais pour tourner la page sur mon passé et me remettre d’une dure rupture amoureuse, je me suis abandonnée aux mains d’un coloriste, qui m’a rendue rousse. Et c’est comme si je l’avais été toute ma vie: mes iris ont pris de nouveaux reflets, j’ai appris à aimer mon teint de lait et à assumer mon sex-appeal caché. Depuis, je me surprends à flirter – chose que je n’aurais jamais osé faire par le passé. Bref, je revis… »
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