Quand un train se définit comme « le plus lent des express », on porte attention. D’autant plus par les temps qui courent, à l’heure du voyage lent, signifiant, durable. En tous cas, moi, ça m’a parlé, le sous-texte du slogan m’apparaissant clair : le trajet est la destination! 

Lent, il l’est vraiment, ce Glacier Express (GE), et ce, depuis 1930. À la vitesse teufteuf moyenne de 42 km/h, il met 8 heures à avaler les 291 km de voie ferrée qui séparent Saint-Moritz, au sud-est du pays, et Zermatt, au sud-ouest, deux célèbres destinations de plein air. Pourquoi? Mais pour mieux savourer le paysage, pardi!

Le passage du viaduc Landwasser, un chef-d'oeuvre technique

Le passage du viaduc Landwasser, un chef-d'oeuvre techniqueStefan Schlumpf

D’ailleurs, si toutes les voitures du GE disposent de la même fenestration panoramique, la configuration de la voiture attitrée à la relativement nouvelle classe Excellence fait en sorte que ses 20 passagers puissent apprécier encore mieux le panorama : chacun est assis côté fenêtre. Ça, c’est vraiment bien pensé. Idem pour l’iPad détaillant les temps forts de l’itinéraire et dont chaque place est pourvue.

De cette voiture, j’ai également aimé la décoration, sobre, qui s’efface devant le grandiose défilant sous nos yeux, le bar exclusif, qui permet de se délier les jambes sans rien perdre de la vue, et le service à la hauteur de la classe, excellent. En septembre dernier, de bon matin, je suis donc montée à bord à Saint-Moritz et à 10 h, on me versait un verre de Laurent-Perrier, première d’une longue série d’offrandes pour gourmet. En effet, un repas de six services – et d’autant de spécialités locales accompagnées de vins du terroir – allait ponctuer l’aventure.

Et c’est parti pour un parcours qui nous fait franchir 291 ponts, dont l’impressionnant viaduc de Landwasser, et 91 tunnels forés dans le roc des Alpes. Entrer dans l’un d’eux en automne et en sortir au milieu de sapins saupoudrés de neige, houla!

A chacun son siège avec fenêtre dans la voiture de classe Excellence

A chacun son siège avec fenêtre dans la voiture de classe ExcellenceGlacier Express, Peter Hummel

Un bar où se dégourdir dans la voiture de la classe Excellence

Un bar où se dégourdir dans la voiture de la classe ExcellenceGlacier Express, Stefan Schlumpf

Bouchées apéritives servies aux passagers de la classe Excellence

Bouchées apéritives servies aux passagers de la classe ExcellenceGlacier Express

Des panoramas toujours changeants

« Chaque saison a ses surprises », me dit Zusana, l’agente de bord. « Au printemps, vous devriez voir les prairies fleuries! » Installé en face de moi, Achim, qui en est à son 20e ou 21e voyage, il a perdu le compte, ajoute: « Je pourrais choisir un trajet un peu plus rapide pour me rendre à ma maison de vacances, mais le GE est devenu un rituel. »

La gorge du Rhin, surnommée le « grand canyon suisse » au vu de ses falaises abruptes, est une beauté naturelle étonnante, qui a la préférence de mon voisin, mais mon coup de cœur à moi commence plutôt autour du col de l’Oberalp, à 2033 m au-dessus du niveau de la mer, le point le plus élevé de l’itinéraire, et du fameux tunnel de la Furka. C’est grâce à lui que les cantons des Grisons et du Valais ont enfin pu être connectés par rail toute l’année. Après ces 15 kilomètres d’obscurité, place aux chèvres, aux moutons, aux vallées émaillées de lacs, aux chapelles oubliées, aux traditionnels chalets de bois brûlés par le soleil et aux cascades jaillissant des montagnes comme si celles-ci étaient saignées. C’est majestueux, l’ai-je déjà dit?

À hauteur d’Andermatt, on descend doucement vers le village et la plaine, en route vers Brigue et l’escarpée vallée Saint-Nicolas où, tiens donc, des vignobles hyper pentus exigent certainement une récolte en mode alpinisme! Et voilà qu’on se remet à grimper, ce tronçon du parcours étant d’une telle déclivité que la voie ferrée est dotée ici d’une crémaillère.

Zermatt, terminus, tout le monde descend. Ah, nous sommes arrivés, c’est déjà fini? Qu’à cela ne tienne, une autre merveille naturelle nous attend: l’imposant mont Cervin! Mais c’est là une autre histoire

Un panorama de fin d'été peu après Andermatt

Un panorama de fin d'été peu après AndermattCarolyne Parent

Avis d’initiée : entre Saint-Moritz et Zermatt, dans le sens de la marche, les meilleurs sièges sont ceux dont les numéros se terminent par 1 et 2. Il m’a semblé qu’on était encore davantage aux premières loges de ce côté-là du train.

À retenir : le train roule tous les jours ou presque. Il fait une pause à la mi-octobre et reprend du service au début de décembre, soit le samedi 9 cette année. Contrairement à la classe Excellence, en première et en seconde classes, repas et boissons ne sont pas inclus dans le tarif.

Bravo! Le GE a été certifié « Swisstainable », c’est-à-dire durable, en 2022 dans le cadre de la vaste campagne nationale qu’a lancée Suisse Tourisme afin de faire du pays la destination la plus verte foncée au monde. Il est alimenté par l’électricité, comme la majeure partie du réseau ferroviaire helvétique, un pays pionnier en la matière.

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