En passant leurs étés à Donostia (San Sebastián, en basque), la reine Isabella II, puis plus tard, la reine María Cristina en ont fait LA destination la plus chic d’Espagne. Pour un surcroît de panache, un festival international de cinéma, avec ça? Coché.

Quel sublime QG estival que cette élégante petite ville! Elle étreint une baie lisérée de trois rubans de sable doré et d’un paseo (une promenade). Long de six kilomètres, celui-ci relie les quartiers Antiguo et Parte Vieja via le bien-nommé secteur Romantico. Et par ici, les immeubles Belle Époque, qui confèrent à la destination tout son charme rétro !

Pour les pèlerins en route pour Saint-Jacques-de-Compostelle, dans la Galice voisine, San Sebastián est une des étapes du Camino del Norte. Pour les fins gourmets, elle est le saint Graal de la gastronomie. Car ici, on a carrément élevé le pintxo (tapa, en basque) au rang d’œuvre d’art!
La ville de 167 000 habitants compte quelque 1600 bars à pintxos, dont 500 dans sa seule Parte Vieja, où il est né. À l’heure de l’apéro, on en grignote deux ici, trois, là, et puis on s’attable pour souper… autour de 21h30. Le bon plan? Faire une tournée (en français) avec la guide Ana Intxausti, qui connaît toutes les meilleures adresses.

La destination se targue également d’être la deuxième au monde, après Kyoto, au Japon, à concentrer autant de restaurants étoilés Michelin au mètre carré. Fort bien, mais est-ce à dire que hors Arzak, Martín Berasategui et cie, on est cuit? Nenni! Plusieurs excellents restaurants sont compatibles avec un budget de vacances raisonnable parmi lesquels Bodegón Alejandro. Goûtez aux anchois et au txangurro (araignée de mer, une sorte de crabe)!

Le saviez-vous? Au Pays basque, on consomme du cidre depuis au moins le 16e siècle et la chasse à la baleine, celle-là même qui a mené les Basques chez nous! Les marins, notamment, en buvaient de grandes quantités pour se protéger du scorbut.
À proximité de San Sebastián, Astigarraga est considérée comme étant la capitale du cidre basque. De janvier à avril, une belle tradition locale, la fête du txotx, consiste à déguster le cidre nouveau directement des barriques dans les cidreries des parages. Le reste de l’année, on visite le Musée du cidre basque, où on peut goûter à différents alcools de pomme.

Oui, c’est la ville du Musée Guggenheim, impressionnant vaisseau de titane d’un compatriote, l’architecte Frank Gehry. Oui, l’établissement abrite Nerua, un restaurant feutré (une étoile Michelin), où le menu dégustation du chef Josean Alija enchaîne de délicieuses surprises (et elles incluent les glandes salivaires du porc!). Mais Bilbao, c’est aussi de jolies plazas, des quartiers où on a envie de se perdre, tel Casco Viejo, un superbe marché de produits locaux, le tout à découvrir au fil de l’eau, d’une rive à l’autre de la Ria du Nervion. Pour bien comprendre l’histoire fascinante de cette ancienne cité industrielle qui revient de très, très loin, on fait une virée pintxos (en français) avec la sympathique guide Elena Pérez.

Le Musée Guggenheim, celui des Beaux-Arts et l’Azkuna Zentroa forment les trois axes d’un triangle culturel. Dessinée par Philippe Starck (non, il ne crée pas que des presse-jus!), cette dernière institution, une ex-régie des alcools, en met plein la vue. Son enveloppe extérieure d’origine encapsule trois bâtiments. Y logent un cinéma, des salles d’expositions, un théâtre, une bibliothèque, un studio de podcast, une piscine suspendue, un gym, des restaurants et une spacieuse terrasse sur le toit. L’intérêt? Il est dédié à la société et à la culture contemporaine. À la société? Oui, car la population est au cœur de ses activités, m’explique-t-on. On aime! Tout comme on aime son programme de résidence d’artistes, en collaboration avec la Maison de la littérature, à Québec, qui fait rayonner les nôtres – cette année, la bédéiste Charlotte Gosselin.

Et si on apprenait à concocter quelques pintxos? Le chef Paul Ibarra, aux commandes du plus ancien restaurant de la ville, Los Fueros, nous accueille dans sa cuisine. Ensemble, on prépare de célèbres bouchées, comme le « grillon », à base de pomme de terre, de romaine croquante et d’oignon, qui « crie » sous la dent. On a juste envie de déguster de bons plats du terroir, comme gambas, cabillaud et pétoncles? C’est l’endroit! Psitt : à deux pas, la pâtisserie Arrese vend des Carolinas, LE dessert local par excellence, à base de pâte d’amande et de meringue.

Près de Guernica, Bodegas Itsasmendi propose des dégustations d’un vin intimement lié à l’identité basque : le txakoli, d’appellation dénomination d’origine. Traditionnellement blanc et perlant, il est ici décliné en rosé, orange, rouge et même doux. Différents cépages (hondarrabi zuri et beltza, chardonnay, pinot noir) sont cultivés sur une vingtaine de ses parcelles. Le vin qui en résulte est ensuite vieilli en cuves inox, en barils de chêne ou en amphores. Depuis toujours un vin de soif, la maison s’affirme comme pionnier du txakoli de garde. Bref, ses vins sont tellement connus, que dans les bars de Bilbao, on dit tout simplement… Dame un Itsas! (Donnez-moi un Itsas!) Là-dessus, topa, santé!

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