On dit que les temps sont
durs dans le milieu de
la restauration au Québec. On dit aussi que les fermetures d’établissements se succèdent. C’est vrai, mais en partie seulement. Car plusieurs petits groupes d’investisseurs fleurissent ici et là, donnant naissance à des bijoux de cafés, de bars et de restos qu’on adopte illico et pour de bon.
David Schmidt est un de ces restaurateurs à succès. Du haut de ses 29 ans, il peut se targuer d’être à l’origine de plusieurs adresses chouchous du Mile End, la mecque de la «coolitude» montréalaise. Il est l’heureux papa du resto mexicain Maïs, des bars d’inspiration russe Datcha et Kabinet, ainsi que du bar tiki Le mal nécessaire, dans le quartier chinois. Ah, j’allais oublier: il est aussi un des partenaires de Thazard, l’izakaya (bistrot japonais) le plus génial en ville, situé sur le boulevard Saint-Laurent.
Ce jeune prodige au flair hallucinant s’est fait les dents en travaillant dans des hôtels et des bars d’ici avant d’ouvrir le Chien Fumant (dont il n’est plus propriétaire) en 2009, et le Café Sardine trois ans plus tard. Pourquoi a-t-il choisi ce métier? «Parce que j’adore ce monde d’accueil, de service et de bon vin.» Et comment explique-t-il que ses projets remportent du succès à tout coup? «Je pense que ça prend surtout une bonne idée et du guts...» Mais encore? «Pour moi, la nourriture est plus une nécessité qu’un produit de luxe. Je garde toujours en tête qu’à la fin de la soirée il faut que les gens reçoivent de petites additions. Ça leur donne envie de revenir.» Vrai. Mais pour faire naître des habitudes, encore faut-il parvenir à créer une ambiance et à insuffler une personnalité à un lieu. Et c’est là que réside tout le génie de David. Avec sa sensibilité et son œil pour les belles choses, il conçoit d’instinct l’aménagement idéal d’un espace et les petits détails qui nous font nous y sentir si bien.
Sa prochaine adresse à découvrir? La maison sociale, un café-restaurant de 70 places assises qui se transforme en buvette à la nuit tombée. Particularité des lieux: une station de radio installée sur place, qui diffuse une programmation sur mesure – en direct et sur le Web – alternant segments parlés et mix de D.J.
Question boisson et bouffe, on y sert du café de la «troisième vague» (de microtorréfacteurs), les fameux beignets maison du défunt Café Sardine, ainsi que des petits-déjeuners élaborés. À l’heure du souper, on sélectionne plusieurs petits plats salés pour se composer un repas beau, bon, pas cher. «J’ai envie de réinventer l’espace social en imaginant un endroit que les clients peuvent s’approprier afin qu’il devienne une sorte de prolongement de leur salon.»
Pour donner vie à ce lieu de convivialité, David et son équipe s’inspirent de l’approche
des clubs sociaux en nous invitant à
nous inscrire sur le site Internet du restaurant pour en devenir membre.
On reçoit alors des offres exclusives,
des réductions et des invitations à participer à des ateliers de dégustation de
vins ou d’affûtage de couteaux, par
exemple. «À La Maison Sociale, le client peut flâner longtemps, déposer son ordinateur sur les grandes tables communes ou se prélasser dans les fauteuils en cuir. Il y a aussi un vieux téléphone près de la cabine radio, qui permet d’intervenir directement sur les ondes.» Pas étonnant qu’on ressente l’irrépressible envie d’y prendre racine, du café matinal jusqu’au digestif de fin de soirée. (lamaisonsociale.com)
Ses deux coups de cœur
«J’aime les espaces confortables,
les lieux qui me donnent envie de m’y attarder, les aménagements chargés, mais de belle façon. Par exemple chez Marlow & Sons dans South Williamsburg, à Brooklyn.
J’aime aussi l’atmosphère de la
Maison première, sur l’avenue Bedford, toujours à Brooklyn. C’est un bar à huîtres et à absinthe, au décor très 19e siècle:
tout simplement magnifique.» (marlowandsons.com et maisonpremiere.com)
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