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Un pouvoir régulateur

La luminothérapie (ou photothérapie), qui met à profit la lumière pour réguler certaines fonctions du corps, et celles de la peau en particulier, existe depuis de nombreuses années, mais elle attire de plus en plus l’attention. Elle est basée sur une technique appelée photobiomodulation, utilisée au départ «essentiellement pour stimuler la cicatrisation, ce qui englobe aussi l’inflammation et la douleur», explique la Dre Michèle Pelletier, dermatologue et présidente de la European LED Academy. Jadis, les traitements étaient administrés à l’aide de lasers de faible intensité; aujourd’hui, on les associe plutôt aux lumières à DEL (diodes électroluminescentes), qui coûtent moins cher à fabriquer et offrent davantage de variété de couleurs. De plus, les DEL nécessitent peu d’énergie pour fournir une lumière de très haute intensité.

La photobiomodulation a plusieurs applications fascinantes dans le domaine médical. Pour la peau par exemple, elle permet de traiter des affections comme l’acné inflammatoire. «Puisque le traitement réduit l’inflammation, il calme la peau tout en prévenant les cicatrices», précise l’experte. De plus, en exposant la peau à certains types de lumière, on arrive non seulement à travailler sa souplesse et sa luminosité, mais aussi à stimuler la production de collagène, ce qui a un effet direct sur sa fermeté. «Les techniques d’esthétique, telles que les peelings et les microdermabrasions, peuvent aussi être jumelées à la photo- biomodulation, ce qui permet de “booster” leur efficacité tout en diminuant le temps de cicatrisation», ajoute la dermatologue.

L’avantage le plus important de ce traitement non effractif? Comme il repose sur une lumière froide (qui ne diffuse pas de chaleur), il ne provoque aucune douleur. Et nul besoin de convalescence. En revanche, puisqu’on ne ressent rien pendant l’utilisation – contrairement au laser, qui peut chauffer la peau, ou au peeling, qui a tendance à provoquer des picotements –, on peut être un tantinet sceptique de prime abord concernant son efficacité. Les mots d’ordre? Confiance et patience!

Qui peut en bénéficier?

Selon Jennifer Brodeur, fondatrice et PDG de JB Skin Guru et créatrice de l’appareil de thérapie à DEL Max+, on peut bénéficier de traitements à la lumière DEL peu importe notre type de peau, même si on n’éprouve pas de souci particulier. «La lumière aide la peau à se guérir elle-même. Même un épiderme dit normal deviendra plus sain», affirme l’experte. Et ce type de traitement a une efficacité encore plus notable sur les peaux grasses, à tendance acnéique, en perte d’élasticité, ou ternes et fatiguées.

À chaque longueur d’onde son effet

«Les gens parlent souvent de couleur, mais c’est plutôt la longueur d’onde qui est importante», fait savoir Jennifer Brodeur. C’est que chaque longueur d’onde, mesurée en nanomètre, est associée à une nuance sur le spectre de la lumière visible. «Lorsque la lumière est émise, la peau en absorbe l’énergie, et chaque longueur d’onde a un effet ciblé sur une fonction cellulaire», précise-t-elle. Par exemple, la lumière bleue (415 nm) est utilisée pour traiter l’acné, et la lumière rouge (630 nm) a une action anti-inflammatoire, en plus de stimuler la production de collagène et d’élastine dans la peau. L’infrarouge proche (830 nm), pour sa part, est aussi à considérer pour favoriser la cicatrisation et est souvent utilisé de pair avec la lumière rouge, selon la Dre Pelletier. La lumière jaune (590 nm), quant à elle, a pour effet de donner de l’éclat à la peau.

S’il est vrai que la lumière infrarouge pénètre plus loin dans la peau que la lumière bleue, par exemple, qui reste davantage en superficie, la Dre Pelletier, qui travaille depuis 15 ans avec la lumière froide, nous explique qu’il faut plutôt voir les faisceaux émis par les DEL comme une lumière informationnelle. «Elle n’est pas faite pour chauffer, mais plutôt pour déclencher des messages dans notre organisme», dit-elle. Selon la dermatologue, ce sont eux qui engendrent ensuite des synthèses et des fonctions physiologiques améliorées.

Comment en profiter?

En clinique ou en institut. Certains dermatologues offrent le photorajeunissement par DEL, et quelques instituts de beauté triés sur le volet disposent aussi de l’équipement nécessaire pour offrir ce service. Jennifer Brodeur indique qu’un traitement à la lumière DEL est souvent intégré à un soin du visage en cabine pour en décupler les effets. «On fait le traitement après l’exfoliation afin d’éviter que la lumière se réfléchisse sur les cellules mortes et perde de son efficacité», dit-elle. Dans le cas de l’appareil Max+, il est possible de choisir parmi un éventail de 16 traitements, élaborés avec différentes séquences de lumière ciblant une variété de problèmes cutanés. «Par exemple, dans le cas d’un traitement contre l’acné, la peau sera exposée à une lumière violette, suivie d’un faisceau rouge pour accélérer la cicatrisation des boutons», précise-t-elle. Les soins de photothérapie sont souvent proposés en cure de six traitements, mais on peut habituellement constater les premières retombées après trois séances. Ensuite, il est recommandé de faire un entretien toutes les six ou huit semaines.

Le prix varie selon l’endroit, mais on trouve généralement des traitements allant de 75 $ à 150 $ pour la lumière seulement, et de 200 $ à 300 $ lorsque la luminothérapie est combinée à un soin complet du visage.

Où aller?
Bella Clinique MB
1612, rue Notre-Dame Ouest, Montréal
cliniquebella.ca; 514 931-1116

En centre spécialisé. À Montréal, on peut se rendre au Centre Helight, où on offre des soins à la lumière rouge qui durent de 10 à 20 minutes. «Ici, on traite la personne de la tête aux pieds», dit Jasmine Lebeau, directrice du Centre. On peut notamment y faire des protocoles pour la densification capillaire et la régénération des cellules du visage, atténuer les vergetures ou soulager les douleurs articulaires et musculaires. Il est aussi possible de simplement s’offrir une courte séance de relaxation: c’est que la longueur d’onde utilisée, le rouge à 630 nm, se trouve dans le coucher du soleil. «Elle a un effet biolo- gique sur nous: notre activité cérébrale et notre rythme cardiovasculaire ralentissent, et nos muscles se relâchent», relate-t-elle. Cette propriété relaxante aiderait même à contrer les symptômes de la dépression saisonnière. «Dix ou quinze minutes de traitement Helight équivalent à quatre heures d’ensoleillement», indique-t-elle.

Où aller?
Centre Helight
445, avenue du Président-Kennedy, Montréal
centrehelight.ca; 514 289-9900

À la maison. Des masques lumineux aux sticks de lumière pour traiter l’acné, le marché compte un nombre grandissant d’appareils munis de DEL dont on peut faire usage dans le confort de notre foyer. Il y en a pour tous les budgets, ce qui rend cette technique assez accessible. Mais ces options sont-elles efficaces? Selon Jennifer Brodeur, la calibration des longueurs d’onde ne serait pas toujours exacte, et, dans le cas des masques, le fait qu’ils sont collés au visage pourrait présenter un risque: «Souvent, ils causent une occlusion, créant de la chaleur qui pourrait faire ressortir les taches pigmentaires.» La prudence est donc de mise. Même dans le cas où un produit serait efficace et sécuritaire, Jennifer Brodeur ajoute qu’on a peu de chances d’obtenir les résultats désirés si on ne l’utilise pas régulièrement. Pour sa part, la Dre Pelletier estime que la technique DEL à la maison ouvre la porte à un «avenir extraordinaire». Elle rappelle cependant qu’il est important d’obtenir d’abord des conseils professionnels quant au type d’appareil qui pourrait être bénéfique pour notre peau et à l’utilisation en fonction de nos objectifs.

«J’ai adopté le masque à DEL!»

Andréa Sirhan Daneau, journaliste beauté et santé, a fait le saut: elle a d’abord essayé la photothérapie à DEL en institut de beauté, puis elle a songé à se procurer son propre masque pour pouvoir en profiter à la maison. «Pendant un voyage en Corée du Sud, j’ai découvert que pratiquement toutes les cliniques d’esthétique avaient recours à la photothérapie», déclare-t-elle.

Comme elle était nouvellement aux prises avec des problèmes d’acné, elle a entamé des recherches qui
l’ont menée à faire l’acquisition du masque à DEL Pro, de Déesse, dont des vedettes comme Kim Kardashian, Katy Perry et Madonna sont aussi des adeptes.

«Je me souviendrai toujours de la première fois que je l’ai utilisé: j’avais eu une poussée fulgurante d’acné quelques jours auparavant et, après un traitement de 10 minutes à la lumière rouge, suivi d’un autre de 10 minutes à la lumière bleue – tous deux combinés avec un rayon infrarouge –, l’inflammation
(la rougeur) et la douleur de mes éruptions avaient diminué de moitié!»

La journaliste affirme cependant avoir constaté une différence entre les appareils conçus pour usage à la maison et ceux utilisés dans les cliniques, en ce qui concerne le nombre de lumières et leur intensité. Elle note aussi que, comme son masque a tendance à devenir chaud après un certain temps, elle doit faire bien attention de ne pas dépasser le temps d’utilisation recommandé.

Masque à Del Pro, de Déesse (1700 $ US; luxeandgrey.com).

Traitement ciblé de luminothérapie antiacné, de Neutrogena (35 $; neutrogena.ca).

Traitement lumière bleue anti-imperfections – Précision laser Espada, de Foreo (199 $; foreo.com).

Appareil DRX Spectralite Faceware Pro, de Dr. Dennis Gross (572 $; drdennisgross.com).