Style de vie
8 sorties culturelles à ne pas manquer ce mois-ci
Cinéma, théâtre, musique : on vous présente 8 nouveautés artistiques et culturelles à ne pas manquer en mars.
par : Elle Québec- 09 mars 2024
We did the damn thing, Naya Ali (Naya Ali)
Une maille à la fois
Le tricot revient en force. La dentelle aussi, d’ailleurs. Suffit de voir le nombre de femmes — en forte majorité — qui s’y adonnent avec grand art, ressortant les aptitudes épatantes de leurs aïeules pour concevoir des pièces à la fois pratiques et artistiques. Le doigté et la patience indubitables dont elles témoignent à travers leur pratique me fascineront toujours. Tricoter n’est pas qu’un divertissement de grand-mère. Dieu, non! J’ignorais que, pendant la Révolution française, des femmes enragées assistaient aux séances du Tribunal révolutionnaire en tricotant. Et que dire de toutes ces créations «magiques» qui ont servi la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale? C’est fou ce qu’on peut cacher entre les mailles… Oui, les mailles sont aussi des symboles de militantisme et servent même beaucoup aux écrivaines dans leur processus de création, donnant de l’aplomb à leur posture, réaffirmant leur style et l’étoffant. Quelques-unes de ces artisanes et de ces écrivaines ont répondu à l’invitation de la maison d’édition Marchand de feuilles de participer à un collectif autour de ce qu’elles concoctent. Et, ensemble, elles ont formé un véritable cercle laineux, comme si leurs fils dessinaient des rhizomes de sororité. Découvrons dans le magnifique ouvrage Tricoteuses et dentellières les mailles de Karine Fournier, Agathe Dessaux, Dahlia Milon, Rachel Guindon, Rebecca Leclerc, Marie Darsigny, Audrée Wilhelmy, Perrine Leblanc par elles-mêmes et, sous la plume de Mali Navia: Orane Thibaud, Catherine Voyer-Léger, Zéa Beaulieu-April, Lucile de Pesloüan et Pattie O’Green.
Tricoteuses et dentellières, un ouvrage collectif, Marchand de Feuilles.
Exutoire jubilatoire
Comment venir à bout des iniquités issues du système patriarcal? Tout simplement par la démolition, selon la compagnie de théâtre Pleurer Dans’ Douche. Le trio d’autrices formé de Josianne Dulong-Savignac, Geneviève Labelle et Mélodie Noël Rousseau a imaginé, pour la pièce portant le titre éloquent d’Explosion, une «shop féministe qui décâlisse le patriarcat» un objet à la fois. Sièges de vélo inadaptés à la physiologie féminine, statues de colonisateurs phallocrates, vêtements laissés derrière par un ex toxique… il suffit d’un coup de fil pour que l’équipe de démolisseuses débarque et déploie son arsenal de destruction. Un happening de défoulement collectif aux airs de concert rock qui s’annonce résolument jouissif.
Du 19 mars au 6 avril, à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier.
Danser pour guérir
La photographe Julie Artacho nous ravit depuis de nombreuses années grâce à l’acuité et à la sensibilité du regard qu’elle pose sur ses sujets. Aujourd’hui, pour la toute première fois, cette artiste non seulement douée, mais aussi engagée — on a souvent pu l’entendre ou la lire à propos de la grossophobie, notamment — troque l’image contre le mouvement. Elle signe en effet la chorégraphie, le texte et la mise en scène du spectacle Les avalanches. Le sujet: les agressions sexuelles et leurs effets à long terme.
«Nous, les femmes, avons une grande résilience; on survit, mais certains de nos comportements peuvent être directement liés à ces événements et on ne fait pas le lien, estime-t-elle. Les conséquences peuvent être très insidieuses, et ce sujet n’est pas abordé tant que ça.»
Constatant l’impuissance qu’ont parfois les mots à décrire les sentiments et les sensations, Julie a opté pour la danse comme langage principal de sa création. «Il y a des limites à l’empathie. Je ne veux pas qu’on comprenne, je veux qu’on ressente!» Dans ce spectacle, il sera question des phases de la guérison, de la colère, de la solitude, des bienfaits du temps, de l’amour qu’il faut avoir pour soi au fil de ce processus, et aussi d’espoir. Car, comme le dit Julie, qui elle-même adore bouger de tous ses membres au son de la musique, «la danse, c’est un super beau symbole de réappropriation de son corps.»
Du 4 au 9 mars, à La Chapelle Scènes Contemporaines.
Rap Queb
En 2023, on a fêté en grande pompe les 50 ans de la musique hip-hop, née dans le Bronx au début des années 1970. À New York, ce mouvement a su rassembler et propulser des membres des communautés afrodescendante et caribéenne grâce à la musique, au DJing, à la danse et au graffiti, et il a rapidement trouvé son chemin vers le Québec, où on a souligné le 40e anniversaire du mouvement l’an dernier. La légende raconte d’ailleurs que c’est DJ Flight Almighty, un habitué des voyages New York-Montréal, qui rapportait des cassettes dans la métropole avec de nouveaux sons hip-hop enregistrés à même les radios américaines afin de les faire jouer à son tour à la radio ou dans des block parties sur la Rive-Sud de Montréal. Le balado D’où je viens : le rap d’ici documente justement l’histoire du rap et du hip-hop d’ici dans différents quartiers du Québec qui ont vu naître des mouvements distinctifs portés par des artistes et des mélomanes adeptes de ce genre. Les animateurs, Olivier Arbour-Masse et Olivier Boisvert-Magnen, tendent le micro à des personnes qui ont participé à la naissance du hip-hop et qui racontent les hauts et les bas de ce mouvement, son importance pour différentes communautés et son évolution, jusqu’à ce qu’il devienne un des genres musicaux les plus écoutés aujourd’hui, malgré certains préjugés tenaces. Le balado a été créé en 2021, mais il connaît un regain d’intérêt grâce, notamment, à la formidable exposition Sur paroles. Le son du rap queb, à voir au Musée de la civilisation, à Québec.
Le balado D’où je viens: le rap d’ici est accessible sur l’application Ohdio. L’exposition Sur paroles. Le son du rap queb est présentée au Musée de la civilisation jusqu’au 2 septembre 2024.
Au pays des merveilles
Le Musée d’Art Contemporain de Baie-Saint-Paul et la commissaire Audrey Careau présentent une rétrospective attendue depuis longtemps de l’artiste multidisciplinaire Paryse Martin. Le vibrant hommage qu’on lui rend retrace quatre décennies de création foisonnante, où se côtoient ses sculptures, ses dessins, ses peintures et ses installations. Comme si les pages d’un bestiaire et d’un herbier fantastiques s’ouvraient devant nous, l’exposition rassemble les bêtes, les plantes et les personnages merveilleux qui distinguent l’univers coloré de Paryse Martin. Magie, humour, beauté et mystère sont au rendez-vous! C’est par ces voies que l’artiste nous amène à poser un regard lucide sur de grands thèmes comme la condition féminine, la nature, la science et les mythes.
Jusqu’au 2 juin 2024.
Qui ne dit mot… ne consent pas toujours!
Le consentement. C’est le titre du roman coup de poing signé Vanessa Springora, un best-seller qui prend ce mois-ci le chemin des salles de cinéma.
Vanessa, 13 ans, entame une relation amoureuse tordue avec l’auteur vedette français Gabriel Matzneff, 50 ans. Telle une araignée qui tisse sa toile, celui-ci jette son dévolu sur la fillette en l’isolant de sa famille, de ses camarades et de sa vie normale d’adolescente. Relations sexuelles explicites, manipulation, destruction, Vanessa réalise tranquillement que Matzneff est un prédateur sexuel en recherche constante de jeunes victimes.
Le consentement a obtenu un succès fou dans l’Hexagone, en plus de devenir un phénomène viral sur TikTok. Il laisse un goût amer, quand on pense au silence complaisant et à l’aveuglement d’un milieu intellectuel français admiratif de l’écrivain.
La réalisatrice, Vanessa Filho, signe une version cinématographique convaincante et dirige avec justesse JeanPaul Rouvre dans le rôle de Maztneff, et Kim Higelin (oui, la petitefille de Jacques Higelin) dans celui de Vanessa Springora. À noter: un bref passage de la regrettée Denise Bombardier, la seule personne à avoir dénoncé publiquement le comportement de Maztneff à la télévision dans les années 1990.
En salle dès maintenant.
Exercice de style
«— Ici, c’est la nébuleuse de la Tarentule, la plus grosse pouponnière d’étoiles connue de l’univers proche. J’imagine des milliards de berceaux dans lesquels sont couchées de minuscules étoiles qui hurlent, geignent, sanglotent, crient maman, maman, maman. — C’est qui, la mère des étoiles?»
L’écrivaine Mélissa Verreault a une voix peu banale dans notre littérature québécoise: capable d’être frontale et douce, éclatée, rebelle et classique à la fois, à travers une forme qu’elle façonne au fil des années, sans jamais tomber dans la facilité. Dans ce nouveau roman, La nébuleuse de la Tarentule, Mélissa se trouve un jour à affronter le mystérieux et insondable monde des souvenirs, ceux qu’on a, et ceux que les autres ont d’une même situation. Quel sujet fascinant! Dans cette distorsion du réel, l’héroïne perd pied, doit démêler le vrai du faux pour émerger des blessures de son passé et se refaire enfin. Mais est-ce qu’une seule version de la vérité existe vraiment? Pourquoi cet homme jadis aimé qui revient n’a-t-il pas la même version de leur histoire? Pourquoi ses parents ne voient-ils pas son enfance à travers le même bout de la lorgnette? Les souvenirs seraient-ils là pour nous présenter seulement ce que notre esprit veut bien percevoir? Et c’est peut-être mieux ainsi… Pour l’écrivaine comme pour sa protagoniste, se risquer à sonder le passé sera périlleux. On s’y reconnaîtra à coup sûr.
La nébuleuse de la Tarentule, de Mélissa Verreault, Éditions XYZ
Lumière intérieure
Depuis le début de sa carrière, amorcée par un EP qui appelait déjà au dépassement de soi (Higher Self, en 2017), Naya Ali défonce les portes dans son ascension vers le sommet. Il faut dire qu’il fallait une certaine assurance — à ne pas confondre avec de l’arrogance — pour s’imposer dans le paysage musical québécois en tant que femme noire qui rappe en anglais.
«Je pense que je sais ce que je veux et que je sais où je m’en vais, confirme-t-elle dans un petit rire. Mais je ne vois pas ça comme un combat; plutôt comme un voyage, dans lequel j’essaie d’être ouverte à toutes les expériences. La musique que je fais reflète ça, et j’espère qu’elle en inspirera d’autres.»
Le titre de ses albums témoigne de cette évolution personnelle et spirituelle. De la naissance artistique de Godspeed: Baptism à l’inévitable ascension (Godspeed: Elevated, album anglophone de l’année au Gala de l’ADISQ 2022), elle a tapé son chemin et imposé sa voix rauque et unique. Aujourd’hui, avec We Did the Damn Thing [«On l’a faite, la maudite affaire»], elle revient sur le chemin qu’elle a parcouru. «Ça ne parle pas que de moi, ça parle de nous… de la culture hip-hop, mais aussi de l’expérience immigrante ou de celle des femmes, précise-t-elle. C’est important d’honorer la culture et d’envoyer des fleurs à celles et ceux qui sont passés avant moi.» Rien n’illustre mieux ce sentiment de fierté et de gratitude que la première pièce, Jericho, dont les accents gospel sont portés par le souffle puissant de Kim Richardson, l’une des voix, avec celle de Dominique Fils-Aimé, qui se fondent à merveille au rap rauque de Naya.
Tout au long de ce nouvel opus, Naya souffle le chaud et le froid, allant des sonorités pop de What’s the Move à celles, plus rudes, de The Heist. «C’est peut-être la dualité de mon côté Gémeaux… Je sais être gangsta quand il le faut et plus douce quand c’est le temps. Mais, même dans les moments les plus durs, j’essaie d’abord et avant tout de faire entrer la lumière.»
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