Par une série d’initiatives visant à sensibiliser la population et à obtenir des changements concrets – conférences, lettres ouvertes, création du mot-clic #MeTooScolaire, rencontres avec les élus – le collectif milite pour obtenir du gouvernement qu’il adopte le projet de loi 394 et, ce faisant, qu’il assure un avenir plus juste et sécuritaire aux jeunes de la province.

Inspiré de la loi 22.1, qui, depuis 2017, oblige les cégeps et les universités à instaurer des protocoles destinés à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel sur leurs campus, le projet de loi 394 vise les établissements d’éducation préscolaire, ainsi que d’enseignement primaire et secondaire (formation générale ou professionnelle), y compris les services éducatifs pour les adultes.

«L’adoption d’une loi-cadre permettrait d’entamer une conversation difficile, mais nécessaire», affirme Clorianne Augustin, intervenante jeunesse, qui accompagne le collectif depuis maintenant quatre ans. «Comme on sait que 66 % des violences sexuelles sont commises sur des personnes mineures, on ne peut que se désoler du manque d’encadrement dans les écoles primaires et secondaires. Cette lacune se manifeste de plusieurs façons: les élèves ne sont pas encouragés à dénoncer leur agresseur, les ressources pour aider les victimes sont insuffisantes, le personnel est mal outillé, l’agresseur n’est pas encadré… Aucun protocole clair n’existe.»

Comment se fait-il qu’aucune loi ne vise les violences sexuelles commises dans les écoles primaires et secondaires?

«Je crois que c’est dû, entre autres, au fait qu’on banalise la violence sexuelle chez les enfants et les adolescents», avance et sécuritaire aux jeunes de la province. Josianne Deluy, membre du collectif depuis 2018. «Lorsqu’un jeune dénonce un agresseur, sa plainte est gérée de manière aléatoire. On peut l’accuser d’exagérer, de mentir, ou on le convoque au bureau de la direction, où il devra raconter son agression en présence de membres du personnel, de l’agresseur et de parents. On banalise énormément les propos, les agressions subies sous prétexte que c’est l’âge où les jeunes découvrent et explorent la sexualité, et que rien de ça n’est très grave. La victime est souvent blâmée, puis forcée de côtoyer son agresseur tous les jours à l’école.» Alors, personne ne sera surpris d’entendre dire que le fait de vivre des violences sexuelles augmente le risque de dépression, d’anxiété, de décrochage et de suicide.

«Le collectif, précise Josianne, se bat pour que tous les jeunes du Québec – quelle que soit leur identité de genre ou leur communauté – soient protégés, soutenus et aidés s’ils devaient être victimes de violences sexuelles, mais également pour que les personnes qui commettent ces violences soient mieux encadrées afin de prévenir des récidives.»

La Voix des Jeunes Compte

La Voix des Jeunes Compte

Selon Clorianne Augustin, la prise en charge de l’agresseur est une facette du problème trop souvent négligée. «Un agresseur sexuel ne devient pas soudainement violent le jour de ses 18 ans, dit-elle. Ce comportement est souvent la suite logique d’une enfance et d’une adolescence où la sexualité et le consentement n’ont pas été enseignés correctement, où des comportements problématiques ont été ignorés.»

En plus de l’adoption à l’unanimité de la motion du pro- jet de loi 394, La voix des jeunes compte a reçu le soutien de la militante Tarana Burke, instigatrice du mouvement #MeToo, et a été honoré d’une Médaille de la paix du YMCA Québec en 2021. Puis, en avril dernier, le collectif s’est vu décerner la médaille d’honneur de l’Assemblée nationale.

«C’est très agréable de recevoir des médailles, reconnaît Josianne Deluy, mais ce dont on a besoin, c’est d’une loi.»

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