Autant dans mon ressenti que dans mes réactions, j’ai toujours été du genre à voir les choses tout blanc ou tout noir. En raison de ma grande insécurité amoureuse — et des infidélités qui ont causé beaucoup de souffrance dans ma famille —, la moindre ambiguïté au sein de mon couple, le moindre mensonge provoquaient le début de la fin parce que j’avais trop souvent tendance à m’imaginer le pire.

J’ai donc toujours éprouvé de l’amertume envers ces gens qui entretenaient une liaison. À vrai dire, je les détestais profondément, tous ces hommes, et surtout toutes ces femmes que je percevais comme des menaces. Dès que naissait en moi un doute quant aux intentions qu’on pouvait avoir envers mon partenaire, un nœud se formait dans mon estomac.

Au contraire de ce qu’on pourrait penser, ça n’a pourtant jamais créé de dépendance affective chez moi. J’ai même souvent partagé ma vie avec des hommes qui n’habitaient pas au Québec. Il y a quelque chose d’érotisant dans la distance.

Le hic avec une relation à distance, c’est que ça prend beaucoup plus de temps avant de connaître vraiment son ou sa partenaire, parce qu’il ou elle ne partage pas notre quotidien. Comment être convaincue des propos et des agissements de l’autre, sans jamais avoir de preuves tangibles et rassurantes? Je crois qu’il faut savoir écouter son instinct. (Ce message est pour toi, Kathy!).

C’est donc en vivant une relation à distance que je me suis retrouvée, sans le savoir, dans un triangle amoureux. Puis, aux dires de mon ex, ce n’était pas son intention non plus. Les balles courbes de la vie ont fait en sorte que la femme avec qui il était en processus de séparation n’a finalement jamais quitté la maison. Même un an et demi après la rupture… 

«Comment être convaincue des propos et des agissements de l’autre, sans jamais avoir de preuves tangibles et rassurantes?»

Je ne vous parlerai peut-être pas des vagues d’émotions que j’ai vécues au fil de cette relation, mais bien de l’apprentissage que j’en ai retiré. En étant moi-même devenue une maîtresse, je n’ai eu d’autre option que de baisser ma garde devant toutes ces femmes que j’ai auparavant jugées et fuies comme la peste. Cette histoire d’amour, elle était belle. J’ai aimé cet homme de tout mon être et je n’avais jamais eu une connexion humaine aussi valorisante qu’avec lui.

Attention, je ne banalise pas la situation de sa partenaire ici. C’est d’ailleurs surtout par respect pour elle que je me suis retirée lorsque j’ai compris dans quoi je m’étais vraiment embarquée.

Parfois, la vie nous met dans une position qui n’est pas des plus glorieuses, mais qui est nécessaire à notre évolution.

Me retrouver dans ce rôle, malgré moi, m’a permis d’avoir davantage d’ouverture envers les autres et d’essayer de comprendre une relation avant de la juger. Je me suis même surprise dernièrement à accueillir à bras ouverts la nouvelle blonde de mon ex, avec qui il m’a trompée à l’époque, alors qu’elle était dans une passe difficile.

J’ai donné mon pardon. À elles, à lui, mais surtout à moi. Aujourd’hui, je suis teintée de gris, de la tête aux pieds, et je me trouve belle en titi dans cette nouvelle palette.

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