C’est dans un élan de grande vulnérabilité que je partage avec vous, comme un livre ouvert, un chapitre de ma vie. Il y a 10 ans déjà, j’ai décidé d’être l’amoureuse d’un homme qui était déjà papa, en étant consciente, par le fait même, que je passerais toujours au second plan. Car lorsqu’on choisit de sortir avec un père aimant, c’est normal de penser que ses enfants — et même son ex-conjointe — passeront en premier. J’ai rencontré mon partenaire au printemps de ma vie. J’avais 25 ans. Il avait déjà un petit garçon. Et naïvement, je n’ai pas compris tout ce que ça impliquait.

Je me souviendrai toujours de notre première vraie prise de bec, au début de notre union. Jeremy m’avait demandé de supprimer une photo de nous deux sur mes réseaux sociaux, pour ne pas offenser des membres de son ancienne belle-famille. J’ai également dû apprivoiser le fait de devoir me présenter seule — je ne sais pas combien de fois — à divers événements familiaux ou médiatiques, parce qu’il devait assumer son rôle de père.

Puis, je me suis fait à l’idée d’annuler quelques rendez-vous galants, parce que son petit était tombé malade ou que son ex avait des obligations de dernière minute. En 10 ans de relation amoureuse, on ne s’était jamais envolés seuls tous les deux, ne serait-ce qu’une semaine, car la culpabilité le rongeait. Nos vacances se passaient donc à trois. (Jusqu’à l’an dernier, où on est partis à Paris pour se marier.) Comme premier projet de couple, on a convenu d’investir dans l’achat d’un condo. Mais après notre déménagement, il a dû partir s’occuper de son fils et passer la nuit au duplex qu’il partage avec son ex-conjointe. Moi qui avais toujours habité avec ma famille, cette nuit-là, j’ai puisé dans mon énergie de lionne, car j’étais effrayée de dormir seule pour la toute première fois de ma vie.

Aussi, mon mari et moi avons donc décidé de vivre ensemble… mais séparément, c’est-à-dire qu’on a la chance de se voir à deux domiciles différents — à notre condo et à son duplex. Et selon son horaire de père, on a la chance de se retrouver en amoureux ou en famille. Je n’ai donc pas à m’imposer une dynamique familiale particulière ni à leur imposer en tout temps ma présence. J’y ai trouvé mon équilibre. Bref, dormir seule ne me fait plus peur!

Mon grand amour me prouve jour après jour à quel point je suis importante à ses yeux, malgré les défis qu’on rencontre. Par exemple, il y a quatre ans, mon père, qui est américain, est tombé gravement malade, et Jeremy, qui était en voyage d’affaires aux États-Unis, est accouru à son chevet sans que je le sache. Il m’a appelée en visioconférence pour me faire la surprise, et j’ai fondu en larmes. Quelques années plus tard, il m’a fait la grande demande dans une aérogare, comme dans le film The Bodyguard — il avait pensé à faire jouer la chanson I will always love you en trame sonore — et j’étais si émue.

C’est un homme beau et romantique qui a toujours du désir pour moi. C’est un homme qui m’aime d’un amour sincère et avec qui je recommencerais tout, exactement de la même façon.

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