La chute du mur
Annie Cloutier (Triptyque)
L’histoire
Le 11 septembre 2001 à New York et la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989. Deux dates historiques qui ont changé la face du monde. Entre ces deux jours fatidiques, il y a aussi la vie de l’héroïne du roman qui vole en éclats.
Ce qui vous fera succomber
1. Le début. Une femme et sa fille de 10 ans assistent à l’effondrement d’une des tours jumelles. On est tout de suite dans l’action, tout de suite avec elles: l’enfant traumatisée, la mère inquiète, dépassée par les évènements.
2. On va vite comprendre qu’un autre drame, ancien, couve dans la vie de la mère, qu’il a pris racine en Allemagne, qu’elle ne s’en est jamais remise… Riche, très riche comme intrigue.
3. Tout finit par s’emboîter merveilleusement dans ce récit en dents de scie où la chute du mur dont il est question pourrait bien être la chute du mur qu’on érige autour de soi pour éviter de s’effondrer.
Notre avis
Des personnages forts, intenses. De la sensibilité, tout plein. Une conscience du monde, de ce qui nous lie au reste de l’humanité. Et un doigté certain dans l’art de raconter. L’auteure de Ce qui s’endigue signe un remarquable deuxième roman.
E
LLE LIT QUOI?
Des romans venus d’ailleurs, où le passé ressurgit.
À LA SUÉDOISE
Les chaussures italiennes
Henning Mankell (Seuil)
Pas de meurtre ici. Ni d’enquête policière. Ce livre n’a rien à voir avec les polars qui ont rendu Henning Mankell célèbre à travers le monde. Même si la mort est au rendez-vous. Le héros, ou plutôt, l’antihéros du roman, est un homme de 66 ans qui vit reclus sur une île de la Baltique, jusqu’à ce que la femme qu’il a abandonnée 40 ans plus tôt réapparaisse, à l’article de la mort. Reviendra aussi le hanter une femme dont il a bouleversé l’existence à jamais, à cause d’une erreur irréparable commise à l’époque où il était chirurgien. Sans parler des autres femmes, dont il ne soupçonnait même pas l’existence, qui vont secouer son armure, titiller sa culpabilité, réveiller son humanisme, bref, lui permettre d’atteindre, peut-être, une forme de rédemption. Du grand art, de la part d’un auteur qui ne cesse de nous étonner.
À LA DANOISE
Les mains rouges
Jens Christian Grøndahl (Gallimard)
Une drôle d’histoire. Mystérieuse. Pleine de non-dits. Où, encore une fois, le sentiment de culpabilité guette. L’histoire d’une femme qui, sans trop réfléchir, s’est associée dans les années 1970 à des terroristes allemands et a collaboré de façon indirecte mais indéniable à la mort d’un innocent, avant de rentrer dans son Danemark natal. Un homme, qu’elle a connu au carrefour de sa vie, témoigne de son parcours. Il était jeune et elle aussi quand ils se sont rencontrés. Il était fasciné par elle, il l’a aidée, l’a désirée, et 15 ans plus tard, elle le trouble encore. À lire jusqu’au bout. Au-delà du climat d’étrangeté dans lequel baigne le récit, il y a là une intrigue hyper bien ficelée.
À L’AUSTRALIENNE
Addition
Toni Jordan (Alto)
Elle était enfant au moment du drame. Un drame dont elle se sent responsable, mais dont on ne sait pas au juste la teneur, pas avant d’avoir parcouru les quelque 370 pages de son histoire, racontée en mode léger. Elle est du genre maniaque, obsédée par les chiffres, et passe son temps à compter. Son modèle: un génie des mathématiques, mort il y a plusieurs années, avec qui elle aurait aimé partager sa vie. Mais un autre homme sera bientôt dans son lit. Un homme en chair et en os, qui l’aime, qu’elle aime. Comment lui faire comprendre qu’elle ne deviendra jamais une femme normale? Délicieux premier roman d’une Australienne dans la quarantaine dont on n’a pas fini d’entendre parler.
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