« Je me sens incroyablement chanceux d’avoir pu admirer de mes yeux les frontières glacées de notre planète.
L’année dernière, j’ai été invité à rejoindre une expédition de Greenpeace en Antarctique ayant pour but d’étudier l’état de nos océans. J’ai ainsi la chance de pouvoir témoigner, pour toutes celles et ceux qui n’auront peut-être jamais la chance de le voir de leurs propres yeux, de l’incroyable biodiversité marine que j’ai pu observer. J’y ai vu des colonies de manchots, des glaces scintiller dans une incroyable palette de bleus et de blancs, et j’y ai découvert un monde de merveilles et de baleines majestueuses. Aux côtés de scientifiques, je me suis glissé dans un minuscule sous-marin pour visiter les profondeurs océaniques que peu d’humains ont eu l’opportunité d’explorer. Je me suis senti bercé, embrassé par cette nature.
C’est ce qui explique ma frustration quand j’ai appris que les États membres de la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique (ce que vous appelez la CCAMLR) avaient rejeté une occasion en or de créer une vaste zone protégée pour préserver l’océan Antarctique. Malgré toutes les preuves scientifiques, une poignée d’États s’est permis de bloquer un projet de sanctuaires marins pour protéger ses intérêts économiques à court-terme. Ceci est un exemple patent de la défaillance du système dans lequel nous vivons. Je vous exhorte à ne pas reproduire cette erreur.
Les océans sont à l’origine du nom que nous donnons à notre planète bleue, ils nous entourent et nous cernent, même si, dans la pièce où nous nous trouvons actuellement, ils peuvent nous sembler bien loin. Peut-être est-ce la raison pour laquelle les menaces qui se multiplient pour nos océans nous paraissent lointaines : pollution plastique, surpêche, exploitation pétrolière et minière, acidification et bien sûr dérèglement climatique.
Les océans subissent des pressions comme jamais auparavant. Mais nous sommes à la croisée des chemins. Vous tous dans cette salle êtes à la croisée des chemins. Et vous avez la lourde responsabilité, individuellement et collectivement, de nous engager dans la bonne voie.
Je ne peux m’empêcher de penser que nous, créatures vivantes sur cette précieuse planète, empruntons une voie très dangereuse. Nul besoin d’être un expert pour comprendre ce qui se passe. Il suffit d’écouter la science et les nombreux signes que la nature nous envoie.
Nos océans sont au bord de l’effondrement et nous avons tous joué un rôle déterminant à cet égard. Maintenant, nous devons tous faire notre part pour y remédier : particulièrement vous dans cette salle.
Sans les océans, pas d’équilibre sur notre planète. Et c’est VOUS, les délégués, ICI et MAINTENANT, qui êtes chargés de cette responsabilité sacrée. Vous avez une occasion historique de renverser la tendance, pas seulement pour la haute mer et la vie marine, mais pour la planète dans son ensemble, pour les millions de personnes qui dépendent d’océans en bonne santé pour survivre, ainsi que pour nos enfants et les générations futures qui hériteront de cette planète.
Je fais partie de ceux et celles qui désirent voir l’humanité emprunter cette voie. Il existe un mouvement croissant, fort du soutien de millions de personnes, qui derrière ces portes réclament une plus grande protection des océans, des baleines, des tortues, des manchots et de toutes les espèces incroyables qui peuplent l’univers marin. Le monde entier observe les négociations de ce traité et cette fois, nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de faire des erreurs. Je suis venu ici pour faire ma part et je vous demande de faire la vôtre en adhérant à un traité ambitieux dont nous pourrons être fiers : un traité qui puisse réellement ouvrir la voie vers la création de refuges pour la vie marine.
Les océans sont notre héritage collectif, mais leur destin est maintenant entre vos mains. L’instinct de protection est l’un des traits les plus nobles de l’humanité. Merci d’incarner ce principe. Merci de protéger nos océans. »
La retranscription de ce discours a été mise à notre disposition par Greenpeace Canada.