Tout à fait dans la foulée du premier,
Soutien-gorge rose et veston noir. Aussi léger, mais mieux maîtrisé. On y suit une trentenaire aussi délurée que tourmentée et son groupe d’amis compliqués. Comment réinventer l’amour sans avoir l’air d’y toucher? À 13 ans, elle voulait être nonne.

Se tenir loin du grand amour, c’était au centre de votre premier roman et c’est en quelque sorte l’attitude de vos personnages dans votre second. Pourtant, ils en rêvent tous. Qu’est-ce qui les retient?

Mes personnages se font pour la plupart une idée tellement grandiose et extraordinaire de l’amour qu’ils préfèrent le fuir ou le saboter, de peur d’être déçus. Ça peut paraître complètement stupide, mais je mettrais ma main au feu que c’est plus commun qu’on pense.

 

 

)Diriez-vous que Gin tonic et concombre est le roman de la trentaine?
Ce n’est certainement pas LE roman de la trentaine, mais c’est MON roman de la trentaine. Ou plutôt du «devenir adulte» – parce que, je ne sais trop pour quelle raison, nous croyions tous que nous allions devenir de «vraies grandes personnes» le jour de nos 30 ans. Vous dire la hauteur et l’épaisseur du mur qu’on a frappé, ce n’est même pas drôle.

Quels sont vos projets à court et à long termes?

Écrire le scénario de
Soutien-gorge rose et veston noir pour le cinéma. Une série pour la télé, peut-être, et un autre livre, sur un autre ton, un jour. Aussi, apprendre à être plus disciplinée (mais ça, honnêtement, je n’y crois pas trop). Et essayer de devenir une grande personne.

ELLE LIT QUOI?

Fille de l’Orient

Benazir Bhutto (Éditions Héloïse d’Ormesson)

Elle est morte dans un attentat-suicide en décembre dernier. «Je n’ai pas choisi cette vie; c’est elle qui m’a choisie», écrit Benazir Bhutto dans la préface de son autobiographie. D’abord paru en 1988, ce livre vient d’être réédité dans une version remaniée et augmentée par l’auteure, alors qu’elle s’apprêtait à rentrer au Pakistan après huit années d’exil. Celle qui a été, à 35 ans, la première femme premier ministre d’un pays musulman ne se faisait pas d’illusions. Elle savait qu’en remettant les pieds chez elle pour se faire réélire elle risquait de se faire assassiner. Mais elle s’interdisait de baisser les bras.

Extrait

«J’estime qu’il est de mon devoir de faire valoir l’islam véritable – une religion tolérante et pluraliste – contre la caricature qu’en ont fait les terroristes et qu’ils ont détournée. Je sais que j’incarne ce que les soi-disant «djihadistes» du mouvement taliban et d’Al-Qaida redoutent le plus. Je suis une femme politique qui se bat pour apporter au Pakistan le modernisme, les communications, l’éducation et la technologie. Je suis persuadée qu’un Pakistan démocratique peut devenir un symbole d’espoir pour plus d’un milliard de musulmans dans le monde qui doivent choisir entre les forces du passé et celles de l’avenir.»

Photo: Robert Etcheverry
Des romans de fin du monde

VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER

La route
Cormac McCarthy (Éditions de l’Olivier)

C’est un roman effrayant, terriblement angoissant. Mais qu’il faut lire absolument. Il s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires aux États-Unis, il a valu à son auteur le prestigieux prix Pulitzer en 2007, et il sera bientôt adapté au cinéma, tout comme l’a été le précédent livre de Cormac McCarthy,
Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme.

C’est le 10e roman que signe cet écrivain de 74 ans, considéré comme un des plus grands auteurs américains actuels, aux côtés de Don DeLillo et de Philip Roth. Plutôt sauvage, secret, l’homme vit à la frontière du Mexique, avec sa troisième femme et leur enfant de huit ans. C’est d’ailleurs à son fils qu’il dédie
La route.

De quoi s’agit-il? L’apocalypse a eu lieu, tout a été détruit. Au milieu de nulle part, deux êtres – un homme et son fils – poursuivent leur route. Ils errent parmi les débris, dans le froid, à la recherche d’un toit et de nourriture. On ne sait pas exactement ce qui s’est passé avant, mais tout n’est que cendres, il n’y a plus d’animaux, c’est plein de cadavres partout. Quelques survivants émaciés, en loques, surgissent parfois, prêts à s’entretuer pour la moindre miette de nourriture. Ils vont même jusqu’au cannibalisme.

C’est un livre noir. Un livre sans fioriture, sans compromis. Qui vous donnera des cauchemars. C’est un livre sans espoir… sauf peut-être en ce qui concerne la relation entre l’homme et l’enfant. Là, dans ce qui les unit, subsiste sans doute l’ultime parcelle d’humanité.

SURVIVRE À LA GUERRE

Dredio

Marie-Chantale Gariépy (Marchand de feuilles)

Une ville détruite, au lendemain d’un bombardement. Les morts se comptent par milliers. Parmi les survivants, une jeune femme de 24 ans. Et un garçon de neuf ans. Qu’elle va prendre sous son aile. Qui deviendra sa raison de vivre, lui redonnera goût à la vie. Malgré les recoupements possibles, nous voici dans un roman bien différent de celui de McCarthy. Pas aussi achevé, bien sûr. L’auteure, une Montréalaise, n’a que 33 ans. Elle n’en est qu’à son deuxième ouvrage littéraire. On lui pardonnera donc quelques maladresses de style, quelques lourdeurs. On remarquera, surtout, que malgré l’horreur où le récit nous plonge, le pire n’a pas encore eu lieu dans
Dredio. On n’est pas ici dans un roman d’anticipation. On est dans le cauchemar, bien réel, que vivent quotidiennement les victimes de guerre aujourd’hui même.