Ce mois-ci, j’ai une question corsée à vous poser: croyez-vous en Dieu? Je vous l’ai dit que c’était une question épineuse! Aujourd’hui, les gens n’ont plus de secret pour personne. Sexualité, fantasmes, finances, infidélité – plus rien n’est tabou. Il n’y a qu’un seul sujet dont on ne parle pas: notre relation avec Dieu. Ça, c’est le tabou ultime. L’angle mort de toutes les conversations, de toutes les relations.

Je connais tout de mes amis: leurs secrets, leurs trahisons, leurs espoirs, leurs regrets. Mais je ne pourrais vous dire qui est croyant et qui ne l’est pas. On ne parle jamais de ça. Pourtant, c’est LA question la plus importante de notre vie, non? Dieu existe-t-il? Y a-t-il une vie après la mort? La vie a-t-elle un sens? C’est quand même plus important que de savoir si la femme de mon meilleur ami est clitoridienne ou vaginale, non?

J’ai toujours dit qu’un journaliste ne doit jamais poser une question à laquelle il refuserait de répondre. Alors, je me lance: «Est-ce que je crois en Dieu?» Ma réponse: «Je ne sais pas. Je n’en ai aucune idée.» Plate, comme réponse? Oui, mais réaliste. En fait, c’est la seule réponse possible. Personne ne sait si Dieu existe. Même les scientifiques les plus brillants ne pourraient répondre à cette question.

L’existence – ou l’inexistence – de Dieu est scientifiquement indémontrable. C’est une question à laquelle personne ne peut répondre. Ni vous, ni moi, ni aucun prix Nobel de la science.

Dieu pour nous, pauvres mortels, c’est comme les couleurs pour les aveugles: un concept abstrait, qui dépasse notre entendement. Une contrée qui se situe au-delà de notre horizon. Alors, pourquoi faire semblant de savoir?
Les croyants et les athées se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Tous les deux se vautrent dans de fausses certitudes. Les premiers SAVENT que Dieu existe, et les seconds SAVENT qu’il n’existe pas. Deux propositions, une même prétention.

Quand j’écoute des croyants et des athées parler de l’existence – ou de la non-existence – de Dieu, je me pose toujours la même question: de quel droit osent-ils se prononcer sur ce sujet?

J’en ai ras le cul des gens qui prétendent connaître la réponse à cette question. Ce n’est pas parce que vous portez une tiare, un turban ou un kippa que vous SAVEZ. Vous êtes comme moi: vous ne savez pas. Vous n’en avez pas la moindre idée! Le pape ne le sait pas. L’imam de la mosquée du coin ne le sait pas. Le rabbin de la synagogue d’à côté ne le sait pas. Personne ne le sait. Personne!

Pourquoi diantre avons-nous autant de difficulté à prononcer ces quatre petits mots: «JE NE SAIS PAS»? Qu’y a-t-il de si compliqué là-dedans? Nous avons tous le même cerveau, nous évoluons tous sur la même planète, et nous nous demandons tous ce que nous faisons là. Y a-t-il un Créateur? La vie a-t-elle un sens? Reverrons-nous les gens qui nous ont subitement quittés?

NOUS NE LE SAVONS PAS. Nous le saurons le jour de notre mort. D’ici là, bordel, fermons-la, et ayons le courage d’être humbles. Méfions-nous des gens qui disent SAVOIR, et qui nous emmerdent avec leurs commandements, leurs leçons, leurs lois, leurs fatwas.

Ce sont des gens comme vous et moi. Leur cerveau n’est pas plus gros que le nôtre. Ils ne savent rien de plus que nous ne sachions. De quel droit osent-ils nous faire la morale?

Dieu est une question à laquelle aucun être humain n’a de réponse…

Article publié originalement dans le numéro de février 2007 du magazine ELLE QUÉBEC