Avez-vous vu The Break-Up, le dernier film de Jennifer Aniston et Vince Vaughn, qui est sorti sur les écrans ce printemps? Il s’agit d’une comédie racontant la séparation d’un couple. Sur l’affiche, on voit les deux comédiens principaux qui se tournent le dos dans un lit, avec, au-dessus d’eux, cette phrase promotionnelle: «The Break Up. Pick A Side.»

La séparation. Choisissez votre camp. Rien de plus juste.
Chaque fois qu’un couple se sépare, dans notre entourage, on se sent toujours obligé de choisir notre camp.

«C’est de sa faute à lui!»

«Non, c’est de sa faute à elle!»

Et si ce n’était la faute de personne? S’il n’y avait pas de victime ni de bourreau, mais juste… la vie?

L’amour est une chose extrêmement complexe. On ne sait pas trop comment ça naît, et on ne sait pas trop comment ça meurt.

Appliquer la logique d’un film de cow-boy à la fin d’une histoire d’amour (le bon, d’un côté, et le méchant, de l’autre) est une opération complètement absurde. Comme disent les Anglais: «It takes two to tango.» Il faut être deux pour se courtiser, pour s’aimer et pour se séparer.

Malheureusement, on a tendance à l’oublier. On cherche toujours un coupable. Et en règle générale, c’est le gars qui remporte la palme et qui est blâmé pour la séparation.

Un gars quitte une fille? C’est un écœurant. Une fille quitte un gars? Elle n’avait pas le choix, le gars était un écoeurant. Quoiqu’il fasse, le gars passera toujours pour le bourreau. C’est dans l’ordre des choses: la fille est une pauvre victime, le gars est un gros sans coeur. John Wayne peut dormir tranquille: son héritage lui a survécu, et sa vision du monde continue de nourrir notre imaginaire, même en amour.
Pourtant… Qui peut savoir ce qui se passe vraiment dans l’intimité d’un couple? Ce n’est pas parce que la téléréalité a le vent dans les voiles, et qu’on peut voir de purs inconnus se tromper et se «frencher» au petit écran à toute heure du jour et de la nuit, qu’on a acquis le pouvoir de voir à travers les murs!

Il y a trois ans et demi, je me suis séparé de la mère de mes enfants. Et du jour au lendemain, aux yeux de certaines personnes qui ne connaissaient rien de ma vie privée et qui ne m’avaient même jamais adressé la parole, je suis devenu le gros méchant loup. Avais-je ma part de responsabilité dans cette séparation? Bien sûr. Mais toute? Absolument pas. Pourtant, dans certains cercles, je suis devenu un paria. Le gros cow-boy crotté par qui le scandale arrive.

Et le plus savoureux, dans cette histoire, c’est que plusieurs de ces bien-pensants, qui me regardaient avec de gros yeux ou me tournaient le dos dès qu’ils me croisaient, étaient des journalistes. Vous savez, ces gens qui ont à coeur la recherche de la vérité? qui savent que toute médaille a son revers? qui luttent contre les préjugés, qui prônent l’objectivité, qui ne se font jamais d’opinion sur une affaire avant d’en connaître tous les détails? Eh bien, même eux sont tombés dans le panneau. Ils n’ont pas pu s’empêcher de choisir aveuglément leur camp. Comme quoi, où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie – même dans les salles de rédaction.

Oui, c’est triste de voir des amis se séparer. Oui, ça fait mal. Oui, c’est déroutant. Mais même s’il n’y a rien de plus tripant qu’un bon western, rappelez-vous que la vie n’est pas du cinéma.

Surtout quand il est question d’amour.

Article publié originalement dans le numéro de juin 2006 du magazine ELLE QUÉBEC