NE VOUS Y TROMPEZ PAS: j’aurais préféré me passer de cette (maudite) pandémie. Les 18 derniers mois ont été remplis de défis, de douleurs, de pertes. Mais à l’aube de la fin de cette tempête – du moins, on l’espère tous –, je ne peux m’empêcher de penser à la manière dont cette crise nous a brassé la cage. Et parfois, ça a fait du bien. Êtes-vous de celles qui ont changé de vie durant la dernière année et demie? Avez-vous fait le ménage dans vos priorités? Pour ma part, je n’ai pas assez de mes 10 doigts pour compter le nombre de personnes de mon entourage que la pandémie a fouettées, assez pour qu’elles fassent un virage à 180 degrés: saut en politique, déménagement en région, changement de carrière, ouverture d’une entreprise, réalisation d’un film, écriture d’un roman. Et même si mes amis n’ont pas tous fait de changements radicaux, j’ai l’impression qu’ils ont tous, à leur manière, repensé leur façon de vivre au quotidien.

Je ne peux m’empêcher de trouver ça beau. Comme si des fleurs avaient poussé dans la neige après le blizzard du siècle. Notre isolement forcé nous a permis (du moins, les plus chanceux d’entre nous, je l’avoue) d’observer notre existence. Et de la voir avec un regard neuf. Dur, inflexible, sévère, peut-être. Mais neuf. Quand on ne peut plus s’étourdir, s’évader, on n’a pas d’autre choix que de se poser. «To sit with our emotions», comme disent les psys.

Ajoutez à ça les nouvelles façons de travailler, d’étudier et de se connecter avec ceux qu’on aime (coucou, les Zoom!), et on a vite compris que ce qui nous retenait dans notre bulle métro-boulot-dodo était désormais désuet. Pandémie oblige, on a trouvé des manières de jouer avec les paramètres qui nous enfermaient dans notre quotidien frénétique. Et, loin du tourbillon dans lequel s’enchevêtraient sans relâche les heures de pointe, le bureau, les apéros, les courses et la broue dans le toupet, on a enfin pu… prendre le temps… de souffler, de ralentir, de penser. Et de le repenser, ce quotidien.

J’ai été agréablement surprise de la résilience des membres de mes équipes, au ELLE Québec et au ELLE Canada. Ensemble, nous avons pensé à des manières novatrices de continuer à travailler de concert, de nous soutenir, et de produire des magazines dont nous sommes fières. Et j’avais toujours un petit instant de gratitude quand, lors d’un Zoom, je voyais l’une ou l’autre d’entre elles travailler de son jardin, sous un parasol. Ou au bord du lac, au chalet. J’ai hâte que nous nous revoyions toutes au bureau, mais j’espère que nous trouverons une façon nouvelle d’envisager le 9 à 5, de voir autrement la gestion des responsabilités au quotidien. La création, les idées, le travail d’équipe, ça se fait bien sous le soleil… ou en pyjama de coton doux, dans le confort de son chez-soi!

Il y a une expression québécoise qui dit: «Pas de changement, pas d’agrément.» Et si, dans les derniers mois difficiles, on a pu changer pour le mieux la course effrénée de notre routine, peut-être que, dans quelque temps, on découvrira que ce bouleversement a eu du bon.

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ELLE QUÉBEC Juillet-Août 2021

ELLE QUÉBEC Juillet-Août 2021JUSTIN ARANHA

Photographie JUSTIN ARANHA Stylisme NARIMAN JANGHORBAN Direction de création ANNIE HORTH Maquillage OLIVIER VINET Coiffure STEPH GEORGE Manucure ELLE R COSMÉTIQUES Production ESTELLE GERVAIS Coordonnatrice LAURA SALIMAN Rita Baga porte un peignoir, un bustier, une culotte, des porte-jarretelles et des bas Cluc Couture, et une parure de tête Le Grand Costumier.