Au moment de rédiger les premières lignes de ce numéro d’ELLE Québec, dont le thème est l’environnement, je ne peux m’empêcher de penser au nuage qui plane au-dessus de nos têtes. On semble toutes et tous remplis de superbes intentions, mais reste que l’horizon est sombre. Comment fait-on pour parler de la santé de la planète, de la crise climatique, en étant inspirants et optimistes? Surtout dans le discours ambiant, qui semble toujours nous rappeler que tout est perdu, qu’il est trop tard, que le changement se fait trop lentement. C’est asphyxiant. Pas étonnant que, selon un sondage Léger publié en 2021, près de 75 % des jeunes de 18 à 34 ans souffrent d’écoanxiété.

Lors de notre réunion d’équipe visant à planifier les pages du magazine que vous tenez entre les mains, l’ambiance était plutôt lourde. Nous voulions trouver, ensemble, une façon d’aborder les enjeux climatiques, en étant juste assez alarmistes, mais pas défaitistes. Saupoudrez le tout d’un brin d’espoir, sans être dans le déni. Un jeu d’équilibre assez difficile, soyons honnêtes. C’est là que ma collègue Elisabeth Massicolli m’a suggéré de lire l’essai de Karel Mayrand sur le sujet, Lettre à un.e jeune écologiste, publié aux éditions Kata. «Tu vas voir, ça fait du bien», m’a-t-elle dit.

«Comment fait-on pour parler de la santé de la planète, de la crise climatique, en étant inspirants et optimistes?»

Très tôt dans son livre, Karel Mayrand répond à la question qui nous hante: est-il trop tard? «Nous avons toutes les connaissances scientifiques et toutes les technologies pour répondre au défi», écrit-il, réaliste, mais encore prêt à se battre. Son discours va dans le même sens que celui de Naomie Klein dans son livre La maison brûle, que j’ai lu il y a quelques années. En bref: on doit passer du mode individuel au mode collectif — même si les deux ne s’opposent pas, puisqu’ils se renforcent mutuellement. L’une des clés d’une action militante efficace, c’est de choisir des gestes et des actions qui ont un fort potentiel de contagion, qui pourront atteindre une masse critique de gens prêts à changer les choses. À preuve, tous les grands mouvements sociaux qui ont été portés par de petits groupes mobilisés et motivés. Tellement d’idées radicales sont devenues tout à fait normales et acceptées: la fin de la monarchie ou de l’esclavage, le mariage des personnes de même sexe, le droit des travailleurs, le droit de vote des femmes, etc. Rien n’est impossible quand on se relève les manches, ensemble.

D’ailleurs, tout récemment, un premier traité international de protection de la haute mer a été adopté par les pays membres des Nations Unies. Une entente qualifiée d’historique pour la santé des océans, menacée par le réchauffement planétaire, la pollution plastique, la surpêche et l’exploration minière des fonds marins. Comme quoi le militantisme donne des résultats! Nous étions quand même 7,2 millions à manifester contre la crise climatique dans tous les pays du monde en 2019! Et si on s’y (re)mettait?

Des idées? Envoyez-les-moi sur Instagram: @sophiebanford!

ELLE Québec — Mai 2023

ELLE Québec — Mai 2023Garrett Naccarato

Photographie Garrett Naccarato. Direction de création Olivia Leblanc. Stylisme Farah Benosman. Maquillage Geneviève Lenneville (Folio Management). Coiffure Andrew Ly (avec des produits Oribe). Production Pénélope Lemay. Assistants à la photographie Jean-Christophe Jacques, Aljosa Alijagic et Renaud Lafrenière. Assistantes au stylisme Indianna Bourassa et Asianne Dauphinais Plamondon. Assistante à la production Fahey Martin-Perron.

Pour Sophie Banford.
Photo Andréanne Gauthier
Stylisme Laura Malisan
Mise en beauté Virginie Vandelac

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