«Il m’appelait « Nanne » et je l’appelais « Denisse ». On s’est connu lorsque j’avais 25 ans et lui… il n’avait pas d’âge. Il était fidèle aux gens passionnés comme lui. Je l’ai souvent entendu défendre ses choix de photographes, stylistes et maquilleurs, comme un père défendrait ses enfants. Il avait ce talent de voir le potentiel. Je me souviens, à mes débuts, quand il me voyait douter de mes choix de mises en page, il me disait « Nanne, montre-moi que t’es bonne ». Il n’était pas l’image du manitou de la mode qu’on puisse imaginer. Il portait des vêtements sobres, toujours un peu trop grands ou trop petits sur lui. Il parlait d’une voix souriante, il avait le fou rire facile et la chanson ridicule encore plus facile. Il pouvait sentir les sucreries dans le bureau à 5 km à la ronde. Il était exigeant envers lui-même et les autres. Quand « Denisse » me disait « C’est vraiment hot ce que tu fais, Nanne », je pouvais planner sur ses paroles longtemps. Et son silence, son regard lorsque les choses n’étaient pas à la hauteur en disaient tout autant.»
– Nancy Pavan, ex-directrice artistique d’ELLE Québec

«Denis était une personne vraiment attachante. Quand il nous racontait ses coulisses de la semaine de mode, on se réunissait autour de son écran, fascinées, excitées comme des gamines dans un magasin de bonbons. On n’en avait jamais assez de ses anecdotes. On voulait toujours plus de ses potins, de ses remarques hilarantes, de ses commentaires sur des personnalités bien connues du monde de la mode. Avec le recul, je me rends compte aussi que ses remarques étaient toujours drôles, mais jamais désobligeantes. Il avait de la classe jusque dans ses propos. Quand je pense à lui, je vois son sourire de gamin franchement canaille, sa voix de fumeur, ses cheveux savamment dépeignés et son rire.»
– Mélanie Frappa, ex-rédactrice en chef d’ELLE Québec

«Denis, c’est mes premiers pas au ELLE Québec et dans l’univers de la mode, c’est l’œil aiguisé et le souci du détail – un pli, une ombre, une main – qui transforment une photo de mode en tableau; c’est la lueur d’excitation dans ses yeux lorsqu’il revenait de Paris, Londres ou Milan, le cellulaire bourré de poésie visuelle captée sur le vif. De l’homme, je garde précieusement le sourire espiègle, les anecdotes cocasses (believe me!) et les conseils bienveillants, partagés autour d’une cigarette.»
– Emmanuelle Martinez, ex-rédactrice en chef adjointe d’ELLE Québec

«J’ai été très attristé d’apprendre que mon ami est décédé… Géant de notre industrie, il était très exigeant et résolu dans sa vision de la mode, et m’a donné ma première chance en m’invitant à collaborer avec une publication de renom comme le ELLE. Il était un mentor ferme mais merveilleux, car il ne m’a jamais abandonné; me poussant toujours à faire et à être meilleur… Il m’a appris la résilience, à faire confiance à mon instinct et à développer un sens de la sophistication artistique en tant que photographe. Merci et au revoir Denis, tu nous manqueras.»
– Richard Bernardin, photographe

Denis Desro

« J’ai rencontré Denis dans ma jeune vingtaine, alors que je commençais à travailler au Elle et que sa réputation à lui n’était plus à faire. J’aurais facilement pu être intimidée, mais il était tout sauf intimidant. Il était hilarant, avec un humour très québécois qui tranchait avec ses complets Dolce & Gabbana. Attachant aussi: on l’aimait, Denis, même si parfois il se montrait inflexible. C’est qu’il savait ce qu’il voulait. C’était un directeur artistique-né, de ceux qui voient tous les détails dans leur tête, du casting au grain de l’image en passant par le tombé du vêtement. Aussi perfectionniste au boulot que cool dans la vie. Avec ses collaborateurs, il était super fidèle. Autour de lui gravitait une petite famille mode dont il était le noyau et le mentor; des gens unis par la même quête du beau, le même désir absolu de réaliser l’image qui les habitait. Pas étonnant que la qualité des reportages de Denis ait toujours été aussi constante. Au fil des années, il en a fait des beaux. Certains étaient magnifiques. D’autres étaient carrément marquants. C’est ça que je retiens de lui: le fait qu’il aura laissé son empreinte sur tout un milieu, un magazine, une époque, et des milliers et des milliers de lectrices. Merci Denis pour toutes les images. » Martina Djogo, ex-rédactrice en chef Mode d’ELLE Québec

«Inspiré par la mode, visionnaire et esthète, il répétait souvent: ″Tout peut être beau, tout peut être laid.″ Merci d’avoir autant partagé. Repose en paix.»
– Leda & St.Jacques, photographes

«J’ai eu la chance de rencontrer Denis très tôt dans ma vie. Il a eu confiance en moi et est devenu mon mentor. C’est avec une grande tristesse que je le vois partir beaucoup trop rapidement. Je conserve un immense respect pour son talent, sa vision, son expérience… tout son Être. Avec Amour, merci Denis. »
– Sara Bruneau, styliste

«J’ai rencontré Denis à la Semaine de la mode de New York en 1997, alors que nous étions assis côté à côte et attendions le début d’un défilé. Une amitié est née et, en 1998, je le rejoignais au sein de la famille ELLE. Il avait un esprit acéré et un sens de l’humour sans pareil. Il était le plus heureux lorsqu’il se trouvait sur une séance photo, à créer et à repousser les limites pour obtenir le meilleur résultat possible. À ses côtés, j’ai vécu des montagnes russes d’émotions et d’expériences incroyables.»
– Anthony Mitropoulos, ancien assistant de Denis Desro 

«Je ne garde que des souvenirs magiques de Denis. Un homme à la fois sérieux et drôle, hilarant. Il était une constante dans ma vie: quelqu’un que j’ai toujours aimé et en qui j’avais confiance. Je me suis retrouvé un nombre incalculable de fois avec lui un peu partout sur la planète, suivant ses indications improvisées, mais toujours géniales. Il croyait au pouvoir de la spontanéité et veillait sincèrement au bien-être des gens qu’il côtoyait. Nous avons perdu une légende. JE T’AIME, DENIS.
– Raphaël Mazzucco, photographe et artiste

«J’ai travaillé avec Denis Desro durant cinq ans. Il possédait un savoir encyclopédique monumental et incarnait à mes yeux un personnage plus grand que nature. Si bien que j’étais au départ très intimidée par lui. Mais de fil en aiguille, j’ai découvert qu’il était étonnamment très drôle et relax. Lorsqu’il n’était pas en shoot ailleurs sur le globe, il se baladait dans notre aire ouverte et venait nous piquer une jasette à tour de rôle. Je me souviens combien j’étais fière qu’il approuve mon choix de robe de mariée! Il m’avait recommandé de la porter avec des escarpins bleu Tiffany – ce que j’ai fait bien sûr! Le jour de mon mariage, j’étais si fière de dire à nos invités que mon look avait reçu l’approbation de Denis Desro.»
– Véronique Alarie, rédactrice en chef adjointe d’ELLE Québec

« Il y a de ces nouvelles qu’on aimerait avoir rêvées. Denis. Poussin. Mon poupou. Pit pit. Tu es devenu mon poussin à Cuba en 2000. Il y a 20 ans. Tu as été un des premiers à me booker pour un magazine, le Elle Québec, ce magazine pour lequel tu mettais tout ton cœur. Le surnom poussin est venu de la douceur de tes chandails. Très câline comme je l’ai toujours été, je te prenais régulièrement dans mes bras entre les photos. Je te disais : « té donc ben doux mon poussin ». On se faisait des bisous dans les plumes qu’on disait. Quand on s’appelait au téléphone on ne disait pas « Allo » on disait pit pit pit. Puis dans des élans de folies ces pit pit se transformaient en couac couac couac. On avait notre langage à nous, parfumé de nos beaux moments passés ensemble. Mon cœur chavire entre la tristesse et ce grand vide de ne plus te revoir. Mais lorsque je ferme les yeux je te vois. Ce beau sourire de tannant avec tes dents du bonheur que j’adorais regarder lors de nos éclats de rire. Ça donnait à nos rires des couleurs enfantines.
Je me souviens cette soirée passée dans un bar mexicain à Paris, tu jouais au géo de Club Med en annonçant les deux mojitos pour le prix d’un. Je t’entends encore dire avec ta voix que j’ai si clairement en mémoire : « Elle est too much » avec ce petit sourire en coin qui explosait dans tes yeux. Tes beaux yeux.
Perdre un ami. La tristesse s’apaise lorsque je me remémore tout ce bonheur partagé ensemble au fil des ans. La distance qui nous séparait n’était en rien un obstacle à notre fusion, quand tu venais à Paris on en profitait toujours comme si c’était le dernier jour. Tu étais à chaque fois comme un cadeau pendant la fashion week. J’avais mon poupou en ville. Tu laisses en moi 20 ans de souvenirs de rires et de moments magiques.
Je t’aime mon poupou d’amour. Tu peux maintenant voler de tes ailes.. Tu es devenu un poussin ange. Couac couac couac. Pit pit pit. Des baisers pleins tes ailes. Tu vas tellement me manquer. Merci de m’avoir remplie de tous ces beaux moments.
Tu seras pour toujours dans mon Coeur. Je t’aime mon poupou. Ta poussine pour toujours. Couac couac. Même à des kilomètres…
Zoé Duchesne, Artiste

Retour en images sur quelques unes des couvertures marquantes d’ELLE Québec et séries mode réalisées sous la direction de Denis.