J’ai vécu longtemps à Paris, et toutes mes amies trouvaient étrange que, moi qui aime tant les grandes villes, je ne me sois pas encore décidée à aller à New York. C’est chose faite maintenant. Et je sais pourquoi je résistais tant: je pressentais que je succomberais tout entière au charme de la Grosse Pomme, que j’en deviendrais dépendante, qu’elle me manquerait dès que je la quitterais. Comme Paris, dont je ne me suis jamais lassée. Comme Paris, qui peut m’épuiser mais dont je m’ennuie rapidement. Comme Paris, et pourtant totalement différente. Les arrondissements parisiens dessinent la spirale d’un escargot, les places sont en étoile, rondes, entrecoupées mille fois. Leur configuration anarchique, sinueuse, nous invite à nous détourner de notre but, alors que le plan de New York, tout en angles et en arêtes verticales, offre une lecture absolument nette, claire des lieux.

Cette formidable géométrie me donne l’impression d’être au coeur d’un réseau fluide qui ne s’arrête jamais et qui imprime son rythme dans mes veines. À Paris, je musarde, alors qu’à New York je m’élance. Je me précipite d’un point à l’autre, adoptant le pas trépidant de toutes les femmes décidées à courir les soldes (j’ai vu une file qui s’étendait sur deux coins de rue dans Soho), à s’approprier les meilleures places sur une terrasse, à saisir un bretzel au coin de la 42th ou à s’attabler dans le resto dont tout le monde parle.

Mon carnet d’adresses paraîtra un brin classique à celles qui vont à New York chaque année et qui aiment la branchitude de certains quartiers (comme le Meatpacking District), mais j’espère qu’il saura ravir les néophytes.

 

Photo: Wikimedia Commons/ Daniel Schwen

 

Virée de shopping à New York

À Soho s’enfilent comme des perles les boutiques à la mode, les grandes maisons (Miyake, Chanel, Vuitton…) et les bijouteries originales. Le quartier compte quelques rues, ce qui donne à la néophyte que je suis l’impression qu’il lui sera facile de tout voir… Erreur. Il y a tant de magasins, de part et d’autre de chaque rue, que c’en est affolant! À moins d’avoir un entraînement d’enfer – ce qui n’est pas mon cas -, impossible de tout explorer. Après trois heures, mes pieds enflés criaient grâce. Partie remise pour l’essayage de chaussures!

J’ai toutefois retenu l’adresse de la sobre boutique de Christopher Fischer pour les fabuleux cachemires qui me souriaient (80 Wooster Street, christopherfischer.com). J’ai aussi flashé sur Oska, où le lin et le coton sont à l’honneur dans tous les tons (415 West Broadway, oska.info), et craqué pour l’affriolante lingerie de la boutique Kiki de Montparnasse, au nom bien parisien. Ici, les dessous élégants sont des armes de séduction massive. (79 Greene Street, kikidm.com)

J’ai bien aimé la boutique Catherine Malandrino pour les tricots, les hauts à paillettes et les robes hippie chic (468 Broome Street, catherinemalandrino.com). On peut aussi trouver son bonheur chez Anna Sui, dont le boudoir tapissé de velours met en valeur des vêtements cool aux couleurs exotiques (113 Greene Street, annasui.com). Plus abordable, la boutique Anthropologie nous permet de dénicher de jolies robes en coton indien à environ 150 $, de la lingerie, des chemisiers décontractés et même de la vaisselle! (375 West Broadway, mais aussi à trois autres adresses, anthropologie.com)

Pour les accessoires culinaires, c’est sans conteste du côté du MoMA Design Store de Soho qu’on se dirige. C’est le paradis du gadget à tous les prix. Bien pratique lorsqu’on a des cadeaux à faire. (81 Spring Street, momastore.org) Celles qui ont un budget modeste devraient pousser la porte de Fishs Eddy, près d’Union Square, pour dénicher aussi bien des pinces pour le homard que de grandes tasses, de drôles de torchons ou des verres déclinés en divers thèmes comme New York ou Alice au pays des merveilles. (889 Broadway, angle 19th Street, fishseddy.com)

Le Metropolitan Museum of Art est bien évidemment un classique, mais l’endroit est tellement vaste qu’on s’y perdrait. Sa boutique est cependant un passage obligé pour se procurer, par exemple, des bijoux reproduisant les oeuvres exposées. (1000 Fifth Avenue, metmuseum.org)

À l’immensité du Metropolitan je préfère la Collection Frick, d’un romantisme émouvant. Dans la demeure où a vécu Henry Clay Frick, un riche homme d’affaires, chaque pièce est meublée et décorée de façon à souligner la beauté des toiles de certains des plus grands maîtres de l’histoire de la peinture, de la Renaissance jusqu’au début du 20e siècle. (1 East 70th Street, frick.org)

 

Photo: Wikimedia Commons/ Daniel Schwen 

New York: découverte culinaire

Mon coup de coeur côté papilles, c’est la Gramercy Tavern, appréciée tant par les touristes que par les purs New-Yorkais. Des amis m’avaient rapporté les critiques élogieuses à son sujet. À l’entrée, un immense bouquet de fleurs nous accueille. Plus loin, un autre agencement éclatant de couleurs se compose de bottes de poireaux, d’asperges et de rhubarbe. Le ton est donné: être sérieux en cuisine n’empêche pas la fantaisie, qu’on prenne place dans la salle à manger ou qu’on lui préfère la section «taverne ». Tout est succulent dans ce restaurant aux plafonds très hauts, aux planchers en bois et au mobilier choisi avec soin.

Le repas a commencé par une croquignolette mise en bouche: une purée de pommes de terre farcie à la tapenade et frite dans une panure légère. Un vrai petit nuage provençal! En guise d’entrée, mon amoureux s’est régalé d’un filet de truite fumée cuit d’un seul côté, posé sur un lit de compote d’oignons sucrés et de marmelade d’oignons rouges. Jamais je n’ai mangé un poisson à la texture aussi fondante, ai-je pensé après avoir piqué une bouchée dans l’assiette de mon homme. Quant à ma salade de crevettes, servie sur un buisson de céleri rémoulade, elle regorgeait de fraîcheur.

Comme plat principal, j’ai choisi un Flat Iron Steak. En partie braisé, en partie rôti, le boeuf était tout aussi savoureux que l’incomparable assiette de croquettes de porc de mon complice en gourmandise. Nous avons adoré les fromages des fermes des États de New York, du Vermont et du Connecticut, puis craqué pour le gâteau aux courgettes et au chocolat, very intense, magnifié par une merveilleuse glace au thym.

La carte des vins était imposante et les conseils du sommelier nous ont été très utiles. Pour résumer, Gramercy Tavern est l’élégance même, à l’image de son chef, le séduisant Mike Anthony, qui nous a gentiment offert la recette de sa divine salade de calmars (que j’ai dû adapter très librement, car l’originale était complexe et pouvait certainement nourrir 30 personnes!). (42 East 20th Street, gramercytavern.com)

 

Photo: Wikimedia Commons/ Daniel Schwen 

 

New York: restos sympas

Comme le font bien des touristes à leur première visite, je me suis beaucoup tenue dans Soho, où j’ai adoré le très cosy et mignon Savoy. Le service y est sympa et décontracté, et la cuisine, joyeuse et pimpante, tout à fait dans le ton de la succulente salade de pastèque, de fenouil grillé, de tomates cerises et de pois verts, qui craque sous la dent, ou encore des moules servies dans une grande marmite et accompagnées de frites maison divines. Je vous conseille de ne pas toutes les manger si vous voulez goûter au fondant gâteau au fromage et à son sorbet de fruits rouges. Ce resto est l’endroit idéal pour une halte entre deux virées de magasinage! Je soupçonne d’ailleurs Jessica, qui nous y a servi le café, de connaître toutes les bonnes adresses du quartier! Quel style elle a! Très gipsy chic. (70 Prince Street, savoynyc.com)

Pour une soirée en amoureux, je propose Asiate, un restaurant «fusion » haut de gamme où le Japon flirte avec la France et la cuisine moléculaire. D’abord, le décor est exceptionnel, puisque le resto est situé au 35e étage de l’Hôtel Mandarin oriental (près du Lincoln Center). Quel bonheur que d’avoir Central Park à ses pieds tandis qu’on déguste une déclinaison de thon impeccable! (80 Colombus Circle, mandarinoriental.com/newyork)

Pour goûter au Gruet, un mousseux du Nouveau-Mexique, savourer une sublime salade de crabe, de mangue, de noix de coco et d’endives, ou des viandes à la cuisson remarquable, le tout dans une ambiance trépidante, il faut réserver au Bar Americain. Ce resto est très couru pour son décor aux boiseries chaudes, son éclairage ambré très flatteur et son service diligent. Ici, on s’empresse sans vous presser. (152 West 52nd Street, www.baramericain.com)

 

Photo: Wikimedia Commons/ Daniel Schwen 

 

New York au crépuscule

Pour les amatrices de champagne, Flûte propose des dizaines de champagnes au verre ou à la bouteille dans un décor qui se veut sexy, genre maison close. Des tapis, des alcôves et un faible éclairage rouge encouragent les amoureux à exprimer leur passion. (205 West 54th Street, flutebar.com)

Cela dit, l’immense terrasse du Salon de Ning, de l’hôtel The Peninsula, est plus classe avec sa vue à couper le souffle, ses banquettes, ses chaises de jardin confortables et ses salons fermés qui permettent de profiter du panorama même s’il pleut. On peut y boire des cocktails colorés, tel le Raspberri Royal, ou un verre de chardonnay en contemplant le soleil couchant qui enflamme les gratteciels. Pas donné, mais spectaculaire. (700 Fifth Avenue, angle 55th Street, salondening.com)

J’ai poussé l’exploration jusqu’au sous-sol du Palace Hotel et découvert un resto-bar original, le Gilt, logé dans une ancienne résidence qui date des années 1880. Imaginez une voûte en marbre d’une hauteur ahurissante. Ajoutez des mosaïques et des vitraux. Et un bar totalement moderne. L’ensemble est tellement étrange qu’on croirait pouvoir y croiser soudainement le fantôme de Peggy Guggenheim. J’ai goûté là de délicieux gressins grillés et saupoudrés de parmesan, les meilleurs de ma vie. (455 Madison Avenue, giltnewyork.com)

 

Photo: Wikimedia Commons/ Schuylen Shepherd

 

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