1. Choisir la côte méridionale.

C’est la moins fréquentée. La pointe sud-est de l’île abrite huit villes qui figurent sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Son climat est quasi africain, et elle est ourlée de plages vierges. Et sur ses terres fertiles, tout pousse… hormis les bananes et les ananas. Bref, l’ambiance est propice au farniente!

2. Partir fin septembre.

Au temps des vendanges, des olives… et des tarifs hors saison. On se baigne tranquille dans une mer à 22 ºC, on déguste l’huile d’olive nouvelle au moulin de Lorenzo Piccione (pianogrillo.it), on goûte au jeune nero d’avola chez les viticulteurs de Syracuse (gulfi.it) et on croque de délicieuses olives fraîches à la terrasse des bars.

3. Prendre ça cool.

Pas d’itinéraire, pas d’horaire ni même de réservations. Sauf l’été. Et encore, il y a toujours de la place. Si jamais vous frappez à la porte d’un hôtel qui est complet, le propriétaire s’occupera gentiment de vous loger ailleurs, surtout si vous vous extasiez devant les beautés de sa ville. Sachez que les Siciliens sont pleins de prévenance pour les touristes admiratifs!

4. Se balader la nuit.

La Sicile dangereuse? Faux. Enfin, peut-être à 4 h du matin dans les quartiers chauds de Palerme. Mais sur la côte et dans l’arrière-pays, on a un sentiment permanent de sécurité. Encore un préjugé qui tombe, après l’autre grand classique: la Sicile, c’est sale. À part une occasionnelle crotte de chien, la propreté des rues pourrait faire rougir de honte Montréal.

5. Nager dans la mer ionienne.

Impossible de résister à l’appel de ses eaux cristallines. D’autant plus que les baies sablonneuses et les criques isolées se succèdent, de Scoglitti à Catane. Ma favorite? Pozzalo, une plage certifiée quatre années de suite Pavillon Bleu, une écoétiquette qui récompense la propreté, la qualité des services et le respect de l’environnement. Taormine, le Saint-Tropez sicilien? Bof. N’y cherchez pas Domenico (Dolce) et Stefano (Gabbana) en train de tourner une pub de parfum torride. Ils préfèrent la réserve naturelle de Lo Zingaro. Pas si fous, les mecs! (riservazingaro.it)  

PLUS: République Tchèque: voyage à Prague, la surprenante

6. Lorgner les beaux gars.

On m’avait parlé de grands blonds aux yeux verts, héritage génétique des envahisseurs normands. Ceux-là n’ont pas croisé mon chemin. Les «Gigi l’Amoroso» non plus. Réservé, calme, discret, le Sicilien ne ressemble en rien au Napolitain, qui gesticule et siffle les filles. Même si les petits bruns bien faits de leur personne abondent (300 ans d’occupation arabo-berbère, ça marque son homme), le physique du plus métissé des Méditerranéens se décline en plusieurs types. De toute façon, ce qui rend le Sicilien irrésistible, c’est son amabilité extrême.

7. S’offrir un souper au bistrot Osteria dei Sapori Perduti, à Modica.

Il n’y a pas plus authentique et convivial que cet établissement. Ici, à la montagne, la cuisine du terroir est plutôt viande que poisson, et on se régale, au son de l’accordéon, de succulentes soupes au cochon et d’autres plats cuits à la perfection. Quant aux milinciani cunzàti (aubergines gratinées), il vous envoie illico au septième ciel. Un must. (www.osteriadeisaporiperduti.it)  

8. Dormir chez le marquis Paterno Castello di San Giuliano.

Le plus important producteur d’oranges bios de l’île. D’un chic absolu, l’ancienne ferme fortifiée de San Giuliano date du 16e siècle et offre une vue sur le volcan Etna (marchesidisangiuliano.it). Cela dit, nul besoin de se ruiner pour passer des vacances à la ferme. Les exploitations agricoles ou vinicoles offrant le gîte et le couvert se comptent par dizaines. Dans la catégorie petit budget, on a l’embarras du choix. (agriturismo.it)

Sicile-image-2-ELLE-Que-bec.jpg9. Avoir la papille aventureuse.

On pousse la porte d’une petite trattoria et on donne carte blanche au patron. Soudain, son visage s’illumine. Ce qu’il servira, y compris les galettes frites d’alevins de sardine (frittelle di nunnanta), fera honneur à la campagnarde et ô combien savoureuse tipica cucina siciliana. (Osteria Da Mariano, 9, Vicolo Zuccola, à Syracuse)  

10. Participer la lutte antimafia.

Une nuit de l’été 2004, de jeunes Palermitains tapissent la ville d’autocollants où est imprimée une phrase-choc: «Un peuple entier qui paie le racket est un peuple sans dignité». Le mouvement Addiopizzo (non à la protection) vient de naître et gagne peu à peu du terrain. Il en faut, du courage, pour s’opposer à la Cosa Nostra. Sur addiopizzo. org, on apprend comment faire du tourisme sans verser un sou à la mafia.

PLUS: Les comptes Instagram à suivre pour s’évader

11. Vivre l’Ora d’oro à Noto.

Joyau du baroque, la cité de Noto a été reconstruite après le tremblement de terre de 1693, en suivant un plan linéaire et harmonieux si parfait qu’on se croirait dans un décor de théâtre. Dans la lumière du soir, les édifices en pierre calcaire se teintent d’une incomparable blondeur cuivrée. On s’assoit à un des cafés de l’avenue Vittorio Emanuele et on profite du spectacle, qui n’est pas qu’architectural. Vers 18 h commence la passeggiata, la promenade lente des habitants du lieu, avec arrêt obligé à la gelateria (comptoir de glaces à l’italienne).

12. Abuser des crèmes glacées.

Vu le climat tropical, les Siciliens sont passés maîtres dans l’art de préparer les gelati et les granités. Au pays du slow food, les parfums suivent le rythme des saisons: cerise en mai, orange sanguine en décembre, et tutti frutti locali le reste de l’année. En cette fin d’été, les connaisseurs font la file à la Dolceria Costanzo pour une glace à l’amande dont je ne vous parle même pas! Ou plutôt oui: c’est de la soie pour les papilles et la meilleure d’Italie… Par conséquent, du monde entier! (Dolceria Corrado Costanzo, 9, via Silvio Spaventa, à Noto)  

13. Suivre une procession.

À Catane, près d’un million de personnes défilent derrière la lourde statue de sainte Agathe, dont se sont inspirés Dolce et Gabbana pour leurs collections automne-hiver 2012 et été 2013. Chaque ville célèbre ainsi son saint patron, dans une ambiance de fête populaire empreinte d’un mélange de rites païens et de dévotion religieuse.

14. Grignoter au Mercato di Ortigia, à Syracuse.

Les commerçants du coin ont l’habitude de tout faire goûter: poire de Catane, raisin de l’Etna, tomate cerise de Pachino, amandes d’Avola, pistaches de Bronte, miel de Sortino… Un vrai cours de géographie! On n’oublie pas de faire une halte à l’étal du poissonnier pour y goûter un oursin arrosé d’un filet de citron, puis de s’offrir une dégustation de fromages chez Caseificio Borderi («Je vous fais un sandwich? Le pain est confectionné par mon frère»), avant d’acheter l’huile d’olive Monti Iblei DOP (la meilleure!) chez Fratelli Burgio. Et après? On va faire une énième saucette dans la mer, à deux pas de là. La belle vie, quoi!  

À DÉCOUVRIR:
Voyage en Arizona: Phoenix artsy
Voyage: en mode vip à Los Cabos
Saint-Vincent et les Grenadines: destination authentique et jetset