La fois où… j’ai dû me pincer tant c’était beau.

La dernière en date était en Namibie, dans le désert du Namib. D’abord dans le cadre surréel de Deadvlei, ce salar piqué d’acacias fantomatiques, puis sur l’immense dune Big Daddy, qui domine le salar et que j’ai gravie en fin de journée sous le couchant. Sublimissime.

Dune Big Daddy

Dune Big DaddyGary Lawrence

La fois oùj’ai fait la plus belle des rencontres.

Au Botswana, j’ai passé un avant-midi à marcher avec des Sans (alias Bushmen ou Bochimans) tandis qu’ils me parlaient de leur façon de survivre dans le désert depuis plus de 40 000 ans. Certains disent qu’ils forment le plus ancien peuple de la Terre. En leur compagnie, j’ai eu l’impression de toucher du doigt un élément essentiel de l’humanité.

La fois où… je ne m’attendais à rien et je suis tombé sous le charme.

À la fois mignonne et méconnue, la micro-capitale de Slovénie, Ljubljana, est totalement charmante. La ravissante architecture de son centre historique, entièrement piétonnier, évoque Prague, Salzbourg et même Venise. Comme Montréal, elle est dominée en son centre par un mont, son poumon vert. Quand j’ai appris que son nom signifie « la bien-aimée », en slovène, j’ai tout compris.

La fois où… j’ai eu le plus peur.

En Amazonie brésilienne, nous naviguions dans un labyrinthe de canaux quand le pilote de notre bateau à moteur l’a littéralement encastré dans les arbres, après une fausse manœuvre, dans la noirceur totale. Nous n’avions ni phares ni téléphone satellite, et nous avons dû attendre les secours durant six heures, perchés sur des branches au-dessus d’eaux fréquentées par des piranhas et des caïmans.

La fois où… j’ai mangé le truc le plus bizarre.

Au Cameroun, j’ai consommé du singe chez quelqu’un d’assez fortuné pour que je sois rassuré sur la qualité de la viande. Après coup, je me suis senti un peu cannibale en réalisant que c’était sans doute du chimpanzé, et que je partageais donc 99 % de l’ADN du contenu de mon assiette. Pas sûr que je recommencerais aujourd’hui, depuis la pandémie.

Gary Lawrence

Gary LawrenceMathieu Dupuis

La fois où… j’ai ressenti le plus grand choc culturel.

C’est sans doute lors du famadihana, la cérémonie du retournement des morts, à Madagascar. À cette occasion, les Malgaches des hauts plateaux du centre du pays ouvrent leurs tombeaux et en retirent leurs ancêtres, enveloppés dans des linceuls, pour leur parler, leur demander conseil et leur présenter les nouveaux-venus de la famille. J’en suis encore tout retourné.

La fois où… j’ai vécu la plus puissante expérience sensorielle.

Lors du Ganga Aarti de Haridvar, l’une des sept villes sacrées de l’Inde, 30 000 pèlerins se réunissent aux abords du Gange, priant et chantant en chœur, partageant le feu sacré de vasque en vasque tandis que des centaines de lampions défilent sur les eaux devant les temples illuminés. « L’énergie déployée par la foule est phénoménale, comme un ohm prononcé à la puissance 1000 », m’avait prévenu mon guide. Il avait totalement raison.

La fois où… j’ai voulu prendre le premier avion direction maison.

À Tétouan, au Maroc, j’ai eu droit à toute une journée de mauvaises expériences avec des arnaqueurs, des faux guides, des flics qui voulaient prétendument déposer de la drogue dans mon sac en consigne pour me faire chanter et un truand qui m’a pourchassé avec un couteau jusque dans le taxi que j’ai pris pour fuir la ville. Une fois à l’abri, j’ai mis cinq jours avant de sortir de ma tanière et recommencer à explorer ce pays – par ailleurs magnifique. J’y suis retourné deux fois par la suite.

La fois où… j’ai eu le plus de difficulté à écrire mon reportage au retour.

Au Niger, la pseudo-organisatrice du voyage de presse auquel je prenais part voulait que j’assiste à toutes les inutiles rencontres protocolaires, me privant de contacts avec le vrai monde. J’ai dû m’enfuir à quelques reprises – non sans quelques prises de bec avec elle – et récolter bien des cartes d’affaires pour interviewer des gens à mon retour. Le plus drôle, c’est qu’elle a porté plainte contre moi, malgré trois reportages que j’ai réussi à publier dans Le Devoir et L’actualité.

Niger

NigerGary Lawrence

La fois où… j’ai perdu mes illusions.

En Antarctique, j’ai réalisé que les capitaines des navires de croisière communiquent entre eux pour éviter de se croiser et donner l’impression que les passagers sont seuls au monde, au bout du monde. C’est mieux que de tomber dans un embouteillage de navires, soit, mais c’est aussi décevant de réaliser qu’autant de paquebots sillonnent ces eaux, aux antipodes de la Terre. N’y a-t-il donc plus de terra incognita?

Antarctique

AntarctiqueGary Lawrence

Antarctique

Antarctique

Top 10 des souvenirs d’un grand voyageurFragments d’ailleurs, aux Éditions Somme toute: à lire en attendant nos propres grandes évasions…

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