Dans les quatre dernières années, j’ai passé beaucoup, beaucoup de temps à Rome. J’y ai posé mes pénates pour écrire mon premier roman, et, en quelques mois, je me suis totalement éprise de cette ville chaude, lumineuse et chaotique. Évidemment, les premiers instants de cette histoire d’amour sont faits du Colisée, de la fontaine de Trevi, de gelato près du Tibre, de musées, d’énormément de pâtes délicieuses et de soirées à boire des spritz en terrasse. Ce n’est qu’un peu plus tard, une fois les émois des débuts passés, que j’ai appris à voir Rome autrement. Dans tout ce qu’elle a de plus charmant, mais également de particulier et de surprenant. Je vous transporte tranquillement — c’est ça, la dolce vita — dans quelques-unes des découvertes qui m’ont émue. En espérant qu’elles vous feront du bien, à vous aussi, au cours de votre prochain séjour à Rome.

Le coin des artistes

Un déjeuner psychédélique? Un bar anticapitaliste? Une librairie féministe queer? Bienvenue dans Pigneto! C’est ce petit bourg du centre-sud de la ville qui a d’abord fait chavirer mon cœur. Ancien quartier ouvrier plutôt pauvre, au centre de la résistance pendant la Deuxième Guerre mondiale, Pigneto s’est aujourd’hui bien transformé — mais il a gardé un sens de la communauté et de l’entraide qui me plaît beaucoup. On y trouve maintenant moult studios d’artistes, des salles de spectacle, des bars en tout genre et des restaurants aux menus aussi savoureux qu’étonnants, comme la cuisine de Pigneto est teintée du multiculturalisme qui le rend si vivant. La bouffe sénégalaise, sud-américaine, chinoise, pakistanaise, grecque et japonaise côtoie joliment les carbonara, Cacio e Pepe et Trippa alla romana classiques. Un heureux mélange qui fait du bien, après le 23e plat de spaghetti alle vongole d’un périple romain traditionnel. Le quartier est parsemé de graffitis et d’art qui rappellent son histoire antifasciste. Le message est clair: ici, tout le monde est le bienvenu. C’est d’ailleurs pourquoi il s’agit du quartier LGBTQ+ non officiel de la ville. De l’inclusivité en à-côté de notre verre de vin blanc, ça se prend bien! 

Pigneto, reconnu pour son art de rue

 Pigneto, reconnu pour son art de rueLIZA KARSEMEIJER

Mes bonnes adresses à Pigneto

Sur la voie piétonne Via Del Pigneto, le centre névralgique du quartier, se trouve la Libreria Tuba, une librairie féministe où l’on peut aussi siroter des cocktails à bon prix, de l’Aperitivo jusqu’à tard dans la nuit, entourée d’œuvres (en italien) d’autrices engagées, d’hier à aujourd’hui.

Nouveau venu dans le coin, Borgo Pigneto offre une expérience absolument hors du commun. Ce resto-bar, niché dans une villa ancienne bordée d’un immense jardin illuminé de lumières féériques, propose trois formules distinctes: un souper italien traditionnel dans le restaurant ou sur la terrasse, un simple tour au bar pour un verre… ou un pique-nique à la belle étoile! Avec des ingrédients de la saison (dont plusieurs proviennent du jardin de la villa) et un décor à couper le souffle, c’est un délice pour les papilles et les yeux.

Les amateurs de bons vins seront servis par l’Enoteca (bar à vin) SO2. Même si dénicher de délicieux jus n’est pas la tâche la plus difficile qui soit en Italie, ce petit endroit sans prétention propose quelque chose de plus rare dans la Ville éternelle: une carte impressionnante composée exclusivement de vins nature. Bouteilles à déguster sur place avec quelques bouchées à partager, ou à glisser dans ses valises, pour le retour en sol québécois.

Une ruelle à Pigneto

Une ruelle à PignetoLIZA KARSEMEIJER

Coffre aux trésors

Alors que bon nombre de personnes se rendent à Rome pour dévaliser les boutiques Fendi, Gucci, Dolce & Gabbana et d’autres établissements de luxe, qui sont souvent à un jet de pierre de la fameuse Piazza di Spagna, je préfère (et mon portefeuille aussi) essayer de mettre la main sur des pièces uniques dans les nombreuses friperies romaines. On peut découvrir des joyaux à prix doux dans ces véritables cavernes d’Ali Baba. Et la chasse aux trésors est d’autant plus enlevante qu’elle a lieu dans la plus belle ville du monde! Outre les grands marchés aux puces (on pense à Porta Portese ou au Borghetto Flaminio Market, ouverts seulement les dimanches, par exemple), on trouve aussi des thrift shops ici et là, mais particulièrement dans le quartier Monti, tout près du Colisée. Après avoir vu ce majestueux monument (et s’être réhydratée, le temps d’un spritz), on peut donc faire le plein de trouvailles en ne visitant que quelques rues — parole de fille qui a presque fait encadrer son sac Valentino d’époque: il était en parfait état… et à 20 €! Suffit de s’armer d’un peu de patience pour rapporter dans ses valises des articles qui feront certainement des jaloux.

Mes bonnes adresses à Monti

Dans Monti, on trouve deux bannières Humana Vintage, où on peut acheter de vrais vêtements rétro (de 1960 à 2000) sans avoir à fouiller parmi les pièces de fast-fashion de mauvaise qualité. Un vaste éventail de tailles est offert et les prix sont plus qu’abordables.

Pour des achats un peu plus haut de gamme, on se tourne vers Pulp Vintage. Cette petite boutique offre des articles de luxe (mais pas que) à des prix plus que raisonnables, triés sur le volet et dans un état de conservation remarquable. La définition même d’un hidden gem!

Pour des pièces plus funky et uniques, c’est au King Size Vintage qu’on se rend. Chemises hawaïennes des années 1960, bottes de l’armée, vestons à motifs, robes à froufrous: c’est un amalgame insoupçonné qui nous attend dès qu’on passe la porte de cette boutique hors-norme.

La ville en vert

Difficile de le déceler, lorsqu’on est en plein cœur du Centro Storico, mais Rome est une ville extrêmement… verte! De très nombreux parcs majestueux, où il fait bon se poser pour fuir le soleil ou pour un Aperitivo en mode pique-nique, jalonnent l’immense cité. Certains d’entre eux impressionnent par les ruines qu’ils renferment — on pense au Parco Degli Acquedotti, où on peut prendre une pause bien méritée sous les anciens aqueducs romains, qui se parent de doux reflets dorés au coucher du soleil —; d’autres par leur vaste étendue, comme le parc Villa Doria Pamphilj (mon préféré!), dans lequel on peut facilement se perdre tant il est immense et qu’on est subjuguée par la beauté de ses jardins, arbres, fleurs, fontaines et monuments.

L’un des parcs les plus surprenants, toutefois, n’est pas l’un des plus connus: c’est celui de la Villa Torlonia, près du quartier Nomentano, au nord-est, qui fait 132 000 mètres carrés. On peut d’abord y voir une maison particulière, appelée la Casina Delle Civette (le pavillon des chouettes), qui a été la demeure d’un prince riche et excentrique jusqu’en 1939. Par son aspect médiéval, ses lucarnes et ses tourelles, la casina détonne. C’est l’architecte Enrico Gennari qui est derrière cette intéressante construction, mais c’est surtout aux fabulations du prince — qu’on décrivait comme ombrageux et passionné de symboles ésotériques — qu’on doit le style excentrique de cette résidence, qu’on peut visiter de fond en comble.

À un jet de pierre, on peut admirer une autre vieillerie (un petit nom affectueux que je donne à tout ce qu’on peut visiter d’historique à Rome) assez intrigante de ce parc: la Serra Moresca, une magnifique serre décorée de vitraux. Commandée vers 1839 par un riche banquier pour embellir la villa néoclassique qui était au centre du parc (elle a ensuite servi de demeure à Mussolini et maintenant, c’est un musée), elle a par la suite été complétée d’une grande tour et d’une grotte artificielle. Ce projet de l’architecte Giuseppe Jappelli est inspiré de l’architecture arabe et des mosquées espagnoles — ce qui explique que certains qualifient ce monument d’Alhambra italienne. La serre bordée de plantes exotiques est hors du commun. Un parc rempli d’histoire, qui vaut décidément la visite! 

La Serra Moresca, dans le parc de la Villa Torlonia

La Serra Moresca, dans le parc de la Villa TorloniaLIZA KARSEMEIJER

Monde moderne

Vous l’aurez deviné, Rome regorge de musées d’art antique. Les passionnés d’histoire se réjouiront certainement de pouvoir contempler tant les œuvres renommées qui y sont exposées que les bâtiments historiques qui les abritent. Mais Rome est une ville vivante, en constante évolution. Pas étonnant, alors, qu’on y ait construit deux super musées d’art contemporain! Le MAXXI, le Musée national des Arts du XXIe siècle, situé dans le quartier Flaminio, impressionne par sa structure et par les pièces qui composent ses expositions, qui changent au fil des saisons. Architecture, design, sculpture, photographie, dessin: on se laisse facilement charmer par l’offre. Si on le visite en été, on sera aussi facilement conquise par le grand café lumineux au rez-de-chaussée, qui sert des boissons et des petits plats… dans un espace où l’air est conditionné! Denrée rare dans la Ville éternelle.

Pas très loin de là, dans le quartier Salario, au sud, se trouve le musée MACRO, ou Museo di arte contemporanea di Roma. Ce musée, situé dans un ancien bâtiment industriel récemment rénové, a tout pour nous surprendre: des œuvres iconiques d’artistes italiens du 21e siècle aux pièces modernes et excentriques d’artistes plus contemporains. Le petit plus? L’entrée est gratuite! On peut donc visiter les expos permanentes et temporaires sans débourser un sou — aussi une denrée rare à Rome!

MAXXI

MAXXILIZA KARSEMEIJER

Colisée 2.0

Si je veux parler de l’inattendu à Rome, je ne peux pas passer à côté du Colosseo Quadrato. Oui, oui, le Colisée carré! Quoiqu’il ait une histoire plutôt sombre (il a été bâti sur l’ordre de Mussolini en 1936), ce monument, aussi appelé le Palazzo della Civiltà Italiana, attire maintenant les touristes — et les instagrammeurs en quête d’un décor étonnant pour leur prochaine publication! On ne peut malheureusement pas visiter l’intérieur de ce colosse (le rez-de-chaussée abrite aujourd’hui le siège social de Fendi), mais il est grandiose, même vu de loin. Situé dans le quartier de l’EUR — assez excentré et construit en 1930 en vue de l’Exposition universelle —, le Colosseo Quadrato est tout près de nombreux parcs, jardins, bars et restos. De quoi se faire facilement un après-midi de découvertes et de jolis clichés romains. 

Quelques trucs de pro pour les écolos

À Rome, les fontaines d’eau potable (appelées nasone) sont absolument partout. On emporte une bouteille d’eau réutilisable pour rester hydratée, tout en économisant de l’argent (et du plastique!) dans les restaurants, où l’eau est facturée.

Malgré leur réputation, j’ai toujours pensé que les moyens de transport romains étaient très efficaces. L’astuce? Ne pas être trop pressée, et prendre les quelques minutes de retard de notre bus, tram ou métro pour contempler le paysage. On peut facilement acheter des billets de transport sur l’appli MyCicero, pour 1,50 € par passage.

Pour les Romains, les cafés pour emporter existent seulement dans les films américains. Au diable, les verres en carton! Ici, on déguste son caffé (un espresso) ou son cappuccino accoudée aux bars des caffetterie, en nous laissant bercer par les conversations animées qui nous entourent. 

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