Tout a commencé par une question que mon chum m’a posée lorsque nous étions en visite chez mes parents, à Trois-Rivières.
– Chantal, c’est quoi le nom des trois rivières qui donnent son nom à la ville?
– Euh…
Je l’ignorais! J’avais le vague souvenir de l’avoir déjà su, mais là, la honte! Mon chum ne s’est pas fait prier pour se moquer de moi. Quoi? Moi, la journaliste toujours à l’affût de tout, je ne connaissais même pas un détail aussi important sur ma région natale? Ah! ah! ah! Ne faisant ni une ni deux, j’ai décidé que nous partirions en escapade en Mauricie, histoire de (nous) faire connaître ce coin de pays.

UN PEU D’HISTOIRE
À tout seigneur tout honneur, nous commençons notre périple par Trois- Rivières, deuxième ville fondée au Canada (en 1634), après Québec et… avant Montréal. Détail que je m’empresse de mentionner à Élie, natif, lui, de la métropole. Et toc!

Il faut s’y rendre l’été, quand la rue des Forges, en plein centre-ville, grouille de gens qui prennent du bon temps aux terrasses installées directement sur le trottoir. Tout en flânant dans la ville historique, admirant au passage les vieux édifices bien conservés – le couvent et le Musée des Ursulines, entre autres –, nous nous dirigeons au parc portuaire, une splendide aire de promenade qui offre une vue imprenable sur le fleuve.

Malgré le soleil qui brille, nous nous rendons au Musée québécois de culture populaire, qui accueille jusqu’au 1er septembre 2008 l’exposition Le phénomène Passe-Partout. Ayant grandi avec Les Oraliens, j’ai été, je l’avoue, peu touchée par cette expo. Mais mon chum – de la génération de Cannelle et de Pruneau – s’est fait un plaisir de montrer à sa fille, Arielle, les costumes, les répliques de décors et les extraits d’émissions. Ah, folle jeunesse!

Je tiens ensuite à leur faire connaître un de mes endroits préférés de la région: le Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap. Le bâtiment en lui-même, bien qu’imposant, ne possède pas le charme de la basilique Notre-Dame, à Montréal, mais le terrain qui le jouxte vaut le détour. Il fait bon s’y promener, l’oeil se laissant happer par les arbres magnifiques et les fleurs exubérantes. Il faut voir déferler les pèlerins à l’occasion de la neuvaine de l’Assomption, qui a lieu chaque année en août, et assister à la procession aux flambeaux qui s’y tient tous les soirs durant cette période. Peu importe ses croyances religieuses, il y a quelque chose de profondément émouvant à regarder défiler, à la nuit tombée, des centaines de personnes, lampion à la main, unies dans une même ferveur.

Photo: Simon Larose

 

UN CIRCUIT ÉLECTRISANT
Direction Shawinigan, où nous partons à la découverte de la Cité de l’énergie. Au menu: des activités qui font revivre l’histoire de la ville industrielle dans laquelle a été aménagé le premier grand complexe hydroélectrique du pays, et une escale au sommet de la tour d’observation, qui offre une vue à couper le souffle sur Shawinigan et les environs. Puis, nous prenons le traversier pour explorer l’autre rive de la Saint- Maurice, où l’Espace Shawinigan – sis dans l’ancienne aluminerie – reçoit chaque été des expositions du Musée des beaux-arts du Canada. Cette année, il accueille les personnages plus grands que nature du sculpteur Ron Mueck et les installations vidéo de Guy Ben-Ner. À voir absolument!

En soirée, nous assistons au spectacle Eclyps, écrit par Bryan Perro. Combinant théâtre, musique et acrobaties, l’oeuvre s’adresse d’abord aux plus jeunes, mais l’atmosphère bon enfant qui règne durant la représentation est communicative. Et l’amphithéâtre extérieur, couvert et pivotant, a de quoi impressionner même les plus blasés. Attention: cette sortie estivale est si populaire qu’il faut impérativement réserver ses places. Le lendemain, Arielle et son père ne tiennent plus en place: nous allons au site d’aventure D’Arbre en Arbre, dans le Parc de l’Île-Melville un territoire boisé de près de 140 hectares en plein coeur de Shawinigan. C’est la nature en ville! Pour ma part, je trouve que 9 h du matin, c’est un peu tôt pour grimper aux arbres, mais l’enthousiasme de mes compagnons de voyage est contagieux. Cinq parcours différents s’offrent à nous. J’opte prudemment pour celui baptisé Découverte, que mes deux Tarzans délaissent bientôt au profit de défis plus à leur mesure. Je me console en me disant que j’ai tout de même essayé la grande tyrolienne de 106 mètres. Non, mais!

FAIRE SON BALUCHON
Pas le temps de reprendre notre souffle. Nous sommes attendus à l’Auberge Le Baluchon, à Saint-Paulin. J’ai un véritable coup de coeur pour cet endroit paradisiaque avec ses 22 kilomètres de sentiers, qu’on peut arpenter à pied (vive le plancher des vaches!), à vélo, à cheval ou même en calèche. C’est là qu’a été tournée la télésérie Marguerite Volant, et des éléments de décor, dont le moulin, s’y trouvent encore. On peut se faire dorloter dans le spa Relais santé de l’auberge, et succomber à la tentation d’un brunch gourmand. Prochaine activité sur le site? Le Théâtre en rivière, où 10 comédiens et musiciens nous invitent à un voyage dans le temps, en canot rabaska (si! si!), sur la piste de la «bête à sept têtes». Il n’y a pas une seule scène, comme au théâtre, mais plusieurs, aménagées le long de la rivière du Loup. Amérindiens, Ursulines et bûcherons y évoluent, recréant de façon originale les légendes qui ont marqué l’histoire de la Mauricie.

Photo: Michel Julien

 

BISONS À L’HORIZON!
Vous ignoriez qu’il y avait des bisons au Québec? Nous aussi! Mais après une matinée à la Ferme La Bisonnière, nous sommes maintenant incollables sur le sujet. Situé à Saint-Prosper, cet endroit peu banal fait la joie des touristes européens, qui se pensent revenus au temps de Buffalo Bill. Les Québécois auraient eux aussi beaucoup à apprendre sur ces magnifiques bêtes comptant parmi les plus grands mammifères terrestres. Surtout que la sympathique copropriétaire de la ferme, Sylvie St-Arneault, se montre intarissable sur ses «bébés», qui peuvent peser jusqu’à 1200 kg! Qui plus est, une remorque spéciale permet de circuler dans les champs pour admirer les mastodontes de très près. Impressionnant! De retour à la salle à manger, on peut déguster à la bonne franquette la savoureuse tourtière et les saucisses de bison, ou faire provision de produits qu’on dévorera à la maison. Miam!

DES CHUTES ET UN MOULIN
Sur le chemin du retour, près de Louiseville, nous ne pouvons faire autrement que de nous arrêter au Parc des Chutes-de-Sainte-Ursule. Bien sûr, ce lieu n’est pas aussi gigantesque que le Parc national de la Mauricie, mais il est à échelle humaine, ce qui le rend justement intéressant. On peut n’y passer qu’une petite heure et en ressortir rassasiés de nature. À Sainte-Ursule, le meunier ne dort pas, et la meunière non plus! Le Moulin seigneurial de la carrière dit Saint-Louis (1331, ch. de la Petite-Carrière, construit par les Ursulines en 1758, est encore en activité. Il fait partie d’un domaine enchanteur, celui de Martin Pilon et Fanny Larivière, un jeune couple allumé qui a vendu sa maison de Montréal pour aller s’y installer avec sa petite fille. Mon chum a passé d’excellents moments avec Martin, qui lui a longuement expliqué le fonctionnement du moulin (ah, les hommes!), tandis que Fanny m’a fait visiter La table des chants, une salle de la demeure familiale où elle peut recevoir de 6 à 16 personnes, et le Gîte de l’étang, juste à côté, qui peut accueillir une petite famille. Un endroit magnifique, où nous retournerons sûrement.

Tout au long de notre escapade, nous avons remarqué que les jeunes entrepreneurs ayant décidé de demeurer en Mauricie sont très fiers de leur terroir et de leurs produits locaux, et cultivent un certain art de vivre plus «humain» que celui auquel nous sommes habitués dans la grande ville. Vivement les prochaines vacances! Ah, j’oubliais. Je connais finalement les trois rivières de ma ville natale: il y a la rivière Saint-Maurice, la rivière Saint-Maurice et la rivière… Saint-Maurice! Eh oui, il s’agit du même cours d’eau qui se divise en trois chenaux à l’embouchure du Saint-Laurent. Cette fois, je m’en souviendrai…

Photo: Simon Larose

 

CARNET DE BORD

DORMIR
Au Manoir DeBlois, à Trois-Rivières, un café-couette cinq-soleils situé dans le quartier historique de la ville; à l’Auberge Gouverneur et Centre de congrès Shawinigan, sise sur la jolie Promenade du Saint-Maurice.

MANGER
À l’auberge L’arrêt du temps, à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Dans cette maison ancestrale datant de la Conquête, on se délecte de mets succulents concoctés par René Poitras, sous l’oeil complice de Serge Gervais, qui en assure le service.

BOIRE
Les bières de la microbrasserie Nouvelle France, de Saint-Alexis-des-Monts, dont La Messagère, un produit sans gluten.

DÉGUSTER
Le fromage de lait cru biologique Le Baluchon, fabriqué par la Fromagerie F.X. Pichet, à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Les filles du ELLE QUÉBEC l’ont adoré.

SE PROCURER
Des chaussettes et des foulards en mohair, à la Ferme Champs de rêve, à Sainte-Geneviève-de-Batiscan. Des visites animées sont offertes pour découvrir l’élevage de chèvres angora… en serre! Les propriétaires aiment tellement leurs bêtes qu’ils ont donné un nom à chacune d’elles. Mignon!

S’INFORMER
À l’Association touristique régionale de la Mauricie.

Photo Diane Houde