Voyages
Récit d’un voyage tout-inclus en temps de pandémie
La nouvelle convivialité du Club Med, ou comment le pionnier de la formule tout-inclus parvient à préserver l’esprit grégaire inhérent à sa nature tout en assurant la sécurité de ses GM, GO et GE. Récit d’un voyage international en temps de pandémie.
par : Carolyne Parent- 14 déc. 2020
Carolyne Parent
Non, je ne me suis pas envolée vers Punta Cana, en République dominicaine, le cœur léger, loin s’en faut. Car à partir du moment où l’on reconnaît que pour se protéger et protéger les autres au mieux de la COVID-19, il faut limiter au minimum ses contacts avec autrui, l’idée même de voyager semble de facto un non-sens. Ni citoyenne irresponsable ni super-héroïne, je suis quand même partie parce que c’est mon métier de voyager pour raconter. D’autant plus que le croton, pas plus que le chat, allaient encourir grand risque en ma compagnie pendant les 14 jours de mon auto-isolement, au retour!
Un trajet fluide
À l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau, ce matin-là de décembre, j’ai été interrogée par un agent dès mon arrivée quant à mon ressenti d’éventuels symptômes de la maladie. Au comptoir Option Plus d’Air Transat, j’ai apprécié l’enregistrement prioritaire de ma valise, sans attente ni contacts indus. Avant que je puisse accéder à la zone de sécurité, un agent a contrôlé ma température. Et partout, la « marelle 2020 » – les fameuses pastilles au sol – nous rappelait de nous distancer physiquement les uns des autres.
La proximité avec d’autres passagers qu’entraîne forcément l’utilisation des compartiments à bagages, à bord, m’avait donné à penser que les voyageurs limiteraient leur bazar de cabine, mais non – pas sur mon vol, passablement plein, en tout cas. Ça tombe pourtant sous le sens de ne pas vouloir s’éterniser dans l’allée d’un avion, où la distanciation physique peut difficilement être respectée…
Cela dit, Air Transat fait usage de filtres à air H.E.P.A. (pour High Efficiency Particulate Air), qui éliminent 99,995 % des particules infimes, dont les virus. Dans cet environnement à air filtré, en portant adéquatement son masque, il faudrait passer au moins 54 heures assis à côté d’une personne infectée pour être exposé à une dose dangereuse d’aérosols covidiens, selon une étude récente. Personnellement, je me suis tenue coite à mon siège et je n’ai mangé la collation qu’on m’a servie qu’une fois que mon voisin eut mangé la sienne et remis son masque.
À Punta Cana, re-pastilles de distanciation dans le bus faisant la navette entre l’avion et l’aérogare, et dans l’aérogare même. Je n’y ai pas été témoin de l’administration d’un test d’haleine aléatoire (entre 3% et 10% des passagers) par les autorités dominicaines. Quant au minibus qui m’a conduite au Club Med Punta Cana, il n’était plein qu’au quart de sa capacité.
Ensemble en toute sécurité
« Haut les mains » est mort; vive « Ensemble en toute sécurité », le programme de protection sanitaire créé par Club Med, et je dois dire en avoir été vivement impressionnée. Sceau attestant de la désinfection de ma chambre (il m’a fallu le briser pour y accéder). Contrôle de la température de tous les Gentils Membres tous les matins, au restaurant. Heures de restauration prolongées pour mieux répartir les flux de clients et buffets assistés. Port du masque en tout temps pour tous les Gentils Organisateurs et les Gentils Employés (le personnel de soutien), et par tous les GM dans les espaces intérieurs. Avant et après les spectacles, diffusion d’un message multilingue nous rappelant de respecter les consignes. Désinfection de… tout, y compris les mobiliers de piscine et de plage. Bref, les mesures couvrent l’ensemble des services hôteliers.
Pour Abdel Osmani, chef du village, le site, immense, facilite tout naturellement la dispersion des GM. « Un autre avantage qu’on a ici, dit-il, c’est que tout ce qu’on propose, notre restauration, nos animations, nos activités sportives, tout est en plein air. Et puis, comme le Club accueille une clientèle internationale, des Européens, nos amis du Canada, des Sud-Américains, le village vit à différents rythmes: tout le monde n’est pas au restaurant, à la plage ou autour des piscines aux mêmes heures. »
Lors de mon séjour, nous étions 450 GM sur une capacité de 1800. Résultat : ce n’était jamais la cohue nulle part, et tout le monde suivait à la lettre les consignes. Par contre, comment cela se passera-t-il lorsque le Club recevra des vacanciers à hauteur des 70 % d’occupation permis?
« On a rouvert le 17 octobre dernier, et pendant une dizaine de jours, autour de la Toussaint, on a accueilli beaucoup de familles françaises, dit M. Osmani. Du coup, on a eu des pics à 900 clients. On a donc ouvert un troisième restaurant, le Samana, et cela s’est très bien passé. La semaine de Noël, on sera 1100, et j’ai confiance en notre capacité d’accueillir tous nos clients de manière sécuritaire. »
100 % de bonheur
Même avec une occupation réduite, le Club Med Punta Cana maintient tous ses programmes. Oui, enfants et adultes peuvent participer aux ateliers circassiens créés en collaboration avec le Cirque du Soleil et s’initier, entre autres, au trapèze volant. Cours de tennis, de golf, de voile, des sports qui font le renom de ce club, sont également offerts, tout comme ceux de plongée sous-marine. Bref, au moins une activité est proposée toutes les heures, incluant yoga (maximum de 25 participants) et cours de salsa.
Les excursions seraient elles aussi sécuritaires, le nombre de participants étant divisé par deux, mais j’ai préféré passer mon tour, d’autant plus qu’un couvre-feu est imposé au pays (de 21 heures à 5 heures les jours de semaine; de 19 heures à 5 heures les weekends). Il m’a semblé plus sage de m’en tenir à mon univers contrôlé.
Au moment où j’écris ces lignes, j’en suis au Jour 5 des 14 jours de mon auto-isolement. Tous les matins, je reçois, de la part du gouvernement fédéral, par le biais de sa plateforme ArriveCAN (inscription obligatoire pour tous les voyageurs arrivant au Canada*), un courriel me rappelant d’auto-évaluer mon état de santé et d’en faire la déclaration. Jusqu’ici, tout va bien, et je me croise les doigts pour qu’il en soit ainsi jusqu’au Jour 14, car je m’en voudrais d’avoir infligé un enfer à autrui en raison d’une semaine au paradis. Mais outre ce sentiment, quel bonheur ç’a été!
*En passant, il ne faut pas s’étonner si, à notre retour au pays, les douaniers ne nous posent aucune question. C’est qu’ils ont déjà toutes nos réponses sous les yeux puisqu’on s’est inscrit à ArriveCAN.
Carolyne Parent était l’invitée de Club Med.
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