Découvrir Charlevoix en train, quelle belle idée! Dans les années 1940 et 1950, c’était chose courante, mais depuis la disparition du train touristique Le Tortillard en 1996, ça relevait du fantasme. Je suis donc très excitée de faire le trajet Québec-La Malbaie autrement que par la route 138, sur un chemin de fer qui épouse les moindres contours du fleuve. Dans ce train qui part du pied de la chute Montmorency, l’accent est mis sur l’expérience gastronomique (on reste d’ailleurs attablés pendant tout le trajet). C’est dire que nos papilles et nos pupilles sont gâtées à parts égales.

Dès le départ, la Côte-de-Beaupré nous montre l’envers de son décor: des arrière- cours jonchées de camionnettes déglinguées et de cordes à linge où sèchent des sous-vêtements. Encore charmés par la nouveauté, plusieurs vieillards nous font des tatas depuis leur galerie, alors que le train file lentement sur les rails.

À la hauteur de Saint-Joachim, nous rejoignons le fleuve. Splendide, il brille de mille feux sous le soleil, portant sur son dos des oies, des hérons et, çà et là, des bateaux. Pendant ce temps, nous dînons en mode terroir grâce aux plats raffinés conçus par le chef Jean-Michel Breton, du Fairmont Le Manoir Richelieu. Ils sont de fort belle qualité pour du semi-précuit (la cuisson est complétée à bord). Évidemment, on ne s’offusque pas que la croûte de la crème brûlée de foie gras de canard ne craque pas sous la cuiller!

Trois heures et demie plus tard, nous voici à La Malbaie pour une halte. Afin de faire descendre notre copieux dîner, rien de mieux que la marche! Quant à ceux qui veulent dormir sur place, un nouvel hôtel à l’esthétique minimaliste (La Ferme) sera bientôt inauguré à Baie-Saint-Paul et comprendra notamment un marché de produits du terroir, un spa, des activités culturelles…

En fin d’après-midi, lorsque je reprends place dans le wagon, j’ai l’impression d’être dans un lounge: au plafond, des jeux de lumière aux couleurs changeantes modulent l’ambiance. Vu à travers les immenses fenêtres, le fleuve ressemble à une flaque d’huile. En revenant à Québec après ce court périple, nous mangeons encore très bien – et trop! – avant d’apercevoir le clou du spectacle: la chute Montmorency illuminée, majestueuse. Qui aurait cru qu’une croisière ferroviaire au Québec pouvait être aussi dépaysante? (À partir de 249 $ par personne pour la formule Évasion d’un jour)


Inspirants, les trains!

Romantiques, mystérieux, d’un autre temps… Les trains ont toujours eu ce supplément d’âme qui fait défaut à d’autres modes de transport. La preuve par trois.

1. C’est un train qui a inspiré un des premiers films de l’histoire du cinéma: L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat, des frères Lumière (1895).

2. Il était une fois dans l’Ouest, le western spaghetti de Sergio Leone (1968), gravite autour de la construction d’un chemin de fer. La première séquence, qui montre trois truands attendant l’arrivée du train à la gare pour abattre un des passagers, est devenue un classique.

3. Dans Le crime de l’Orient-Express, de la célèbre Agatha Christie (1934), Hercule Poirot doit résoudre un meurtre qui a eu lieu dans ce train légendaire qui relie Paris et Istanbul. Le roman a été adapté au cinéma par Sidney Lumet en 1974.

 

 

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