Comme plusieurs Québécoises, mes origines sont ici, et ailleurs. J’ai beau avoir grandi bien loin des déserts et des casbahs, la richesse culturelle et symbolique de l’artisanat berbère m’a toujours fascinée. C’est en marchant, un jour, que m’est venue l’idée de lancer ma propre collection de tapis marocains. Illico, j’ai acheté un billet d’avion à ma mère et à moi, direction Casablanca. J’allais retourner au Maroc et m’élancer sur les traces de mes origines. J’allais découvrir les trésors d’adresses des grandes villes et explorer les vastes espaces en quête des plus beaux tapis. Mon itinéraire était gravé dans mon esprit. J’irais du nord au sud, en passant d’abord dans le Rif, une chaîne de montagnes où Abd el-Krim avait combattu l’armée espagnole jadis — ma mère m’avait conté au moins cent fois l’histoire de ce résistant et héros de Che Guevara.

Je parcourrais ensuite les montagnes du Moyen et du Haut Atlas, pour partir à la rencontre des femmes artisanes dans leurs villages. Je ne savais pas encore qu’on allait dormir chez elles et courir après les chèvres ni que j’observerais ma mère préparer le lait caillé et rire comme une gamine… Ce projet de chasser des tapis au Maroc allait concrétiser mon rêve, celui de pouvoir allier mes passions du design, du voyage, de l’art et des rencontres humaines. Mon passeport en main, je suis partie.

TANGER L’ENVOÛTANTE

Mon périple débute à Tanger, tout au nord du pays. Je surprends ma mère en l’emmenant voir les Fils du Détroit, un cercle de vieux Tangerois qui, chaque soir depuis plus de 40 ans, se réunit dans un minuscule café pour faire résonner les accords de la musique arabo-andalouse à travers la médina (vieille ville)… On s’y rend vers 19 h pour prendre un thé à la menthe et se laisser transporter hors du temps. On soupe ensuite à quelques mètres de là, au joli Salon Bleu. Ce restaurant est tenu par les mêmes propriétaires que la poétique maison d’hôte Dar Nour, où il fait bon poser ses valises et observer la lune briller au dessus de la grande plage de Tanger.

CHEFCHAOUEN, LA VILLE BLEUE

Nichée dans les montagnes du Rif se trouve la mystérieuse ville de Chefchaouen— aussi appelée Chaouen —, connue comme étant la perle bleue du Maroc en raison de ses maisons aux murs azur. On ne manque de visiter les mellahs, ces quartiers où habitaient jadis les résidents juifs. Celui de Chaouen est bien préservé et l’architecture y est différente de partout ailleurs en ville. On se dirige ensuite vers la rivière pour y goûter les délicieuses figues de Barbarie vendues aux abords de l’eau tout en observant les familles se baigner. Et avant de quitter la ville, on n’hésite pas à se désaltérer à l’une des fontaines d’eau potable présentes à chaque coin de rue ou presque. À bon entendeur…

MILLE ET UNE NUITS, À FÈS

On pénètre dans ce riad, au cœur de la médina de Fès, comme on découvre les contes des Mille et Une Nuits — l’esprit empreint de magie. Dans cet ancien palais d’été du pacha Mokri, chaque chambre est décorée avec des objets et des meubles de collection amassés par Michel et Catherine Biehn au détour de leurs voyages autour du monde. On se réveille au son des merles, puis on traîne nos babouches à travers le grand jardin andalou jusqu’au restaurant de l’hôtel, le Fez Café, qui sert une délicieuse cuisine. Les secrets gourmands de Michel font d’ailleurs l’objet d’un livre de recettes — La cuisine du pacha — aux éditions Flammarion.

FÈS ET SA BIBLIOTHÈQUE

Saviez-vous que la plus ancienne université du monde et sa bibliothèque se trouvent à Fès? Et qu’elles ont été fondées par une femme musulmane, Fatima el-Fihriya? La construction de l’Université Al Quaraouiyine aurait débuté en 859. Aujourd’hui, sa bibliothèque est ouverte au public et vient tout juste d’être restaurée par l’architecte canado-marocaine Aziza Chaouni

MON JARDIN SECRET, À MARRAKECH

Plusieurs riads ont récemment vu le jour à Marrakech, mais mon préféré demeure sans l’ombre d’un doute le riad Jardin secret. J’aime sa cour intérieure, ses chambres spacieuses, sa grande terrasse sur le toit et surtout l’atmosphère d’authenticité insufflée par ses propriétaires, Cyrielle et Julien. Ce couple de créatifs, issu du milieu de la mode à Paris, a su créer un lieu où règnent la paix et l’élégance, au croisement du chic et du bohème.

MARRAKECH GOURMANDE

Lorsque la faim nous guette au beau milieu de la très populaire place Jemaa el-Fna, mieux vaut savoir où aller. Mes endroits chouchous? Le restaurant Nomad, la Terrasse des épices, ainsi que la cour intérieure de l’établissement Le Jardin, halte salvatrice à l’heure du dîner (sans compter la boutique à l’étage de la designer Norya Ayron, qui crée des robes magnifiques). Ces adresses offrent de délicieuses spécialités marocaines mais aussi une cuisine internationale, du vin… et le wifi! (Psitt! Afin de se retrouver dans le labyrinthe qu’est le souk de Marrakech, je suggère fortement l’application maps.me, qui fonctionne même sans réseau 3G!).

À VOL D’OISEAU D’ESSAOUIRA

S’il est vrai que simplicité est synonyme de sophistication suprême, on ne peut qu’aimer la paisible Villa Anouk. Retiré dans les terres, cet hôtel boutique se situe à une vingtaine de minutes en voiture des plages d’Essaouira. Reste qu’avec sa sublime piscine intérieure et son design chaleureux et minimaliste, il y a fort à parier qu’on ne trouve aucune raison valable d’en sortir. Pour manger, peut-être… Seulement, la meilleure cuisine de la région, c’est ici même qu’elle est concoctée, gracieuseté du chef Yassine!

PETITS BIJOUX

Avant de repartir, on fait un pèlerinage à la Maison d’argent, située rue des Consuls, dans la médina de Rabat, la capitale. Bagues, boucles d’oreilles, colliers, bracelets d’argent et parures berbères ancestrales abondent dans cette caverne d’Ali Baba. À voir absolument? Les bijoux dans la pièce arrière… au risque d’en perdre la tête!

UN PEU PLUS LOIN

Qu’il soit vintage ou contemporain, chaque tapis en laine de mouton de la collection Un peu plus loin est unique, puisqu’il a été fait à la main selon des techniques ancestrales que les noueuses se transmettent de génération en génération. De véritables objets d’art soigneusement choisis, que j’ai rapportés de mon voyage au Maroc.