Dotée d’un climat idyllique, de plages de sable fin et d’eaux vert émeraude, la Crimée est encore méconnue des touristes occidentaux. Au 18e siècle, pourtant, la «perle de la mer Noire» était le lieu de villégiature chéri de la cour de Russie, lorsque Catherine II la Grande et son entourage y passaient leurs étés. Et au milieu du 20e siècle, l’élite soviétique y a occupé de somptueuses datchas.

Aujourd’hui, plus de trois millions de vacanciers, surtout russes, biélorusses et ukrainiens, envahissent, de juin à août, ce coin de paradis d’Europe de l’Est. Bien qu’elle se donne des airs de Côte d’Azur ou de Riviera, la péninsule ukrainienne est mille fois plus dépaysante que ses rivales. Premier choc: l’alphabet cyrillique. Avec ses «p» qui se prononcent «r», et ses «h» qui sont des «n», il y a de quoi se sentir déroutée. Mais une fois qu’on comprend que «PECTOPAH», par exemple, se traduit simplement par «restaurant», on peut, avec un bon dictionnaire de poche, profiter pleinement de son voyage.

Prompts à secourir la touriste en détresse, les quelques Ukrainiens qui parlent anglais se font un plaisir de deviser avec vous, et les autres recourent au langage (presque) universel des mimiques et des mains. D’ailleurs, échanger des signes avec une babouchka au cours d’un long trajet d’autobus vaut à lui seul le prix du billet!

 

Un studio à ciel ouvert

Dans les années 1920 – âge d’or du cinéma soviétique -, la Crimée était un véritable Hollywood sur la mer Noire. Montagnes majestueuses, vignobles pentus, désert rocailleux, mer étincelante, pinèdes ombragées… c’est là que bien des films ont été tournés. Aujourd’hui, la nature est aussi fascinante qu’à cette époque-là. Et l’architecture l’est tout autant. Qu’elles contemplent les bâtisses néoclassiques ou les constructions soviétiques en béton qui sont apparues après la Révolution, les friandes d’histoire en auront plein les yeux.

C’est entre Sébastopol, une des nombreuses stations balnéaires de la péninsule, et Yalta que la côte est la plus fréquentée. «Nous sommes la Côte d’Azur d’Ukraine!» lance Anna, une agente de voyages de Sébastopol. «Les plus belles plages du monde se trouvent ici», renchérit un marin pas chauvin pour un sou. «Pas d’humidité, pas de méduses, et les requins n’ont même pas de dents!» C’est vrai et, en plus, l’eau est chaude.

Détruite en partie pendant la Seconde Guerre mondiale, SÉBASTOPOL a été reconstruite autour du port, coeur de la cité. Les touristes s’y rendent pour faire la fête, déguster les spécialités régionales et, surtout, s’y baigner. Car ici, même la visite des ruines de Chersonèsos, cité grecque fondée en 600 av. J.-C., se termine par une baignade dans des eaux cristallines, tout comme celle du Musée Panorama, situé à proximité de plusieurs petites plages de gros galets ronds.

Pour découvrir celles de sable fin, prenez le traversier pour aller à SÉBASTOPOL-NORD, de l’autre côté de la baie, ou bien allez jusqu’à EUPATORIA, station balnéaire plus familiale, avec ses dizaines de manèges clinquants et autres attractions foraines.

Le soir venu, gavée de nature et de culture, descendez sur le boulevard Primorsky, là où se retrouvent tous les noctambules. Grillades, poissons et plats ukrainiens sont servis dans de petits restaurants donnant sur la baie. Ensuite, pour savourer une ambiance plus relax que celle des quais, allez au MASTRËSHKA VODKA BAR (Bolshaya Morskaya), dans le centre-ville. «Ce n’est pas vrai qu’on boit toujours de la vodka», m’a confié en riant une jeune Ukrainienne rencontrée sur la terrasse. «Écrivez ça dans votre article», a-t-elle lancé alors qu’elle sifflait un cocktail à la vodka et que son copain nous offrait des shooters…

Des reliques de la guerre froide

Le lendemain, direction CAP FIOLENT. Une chapelle a été creusée dans une de ses falaises; de là, on peut descendre sur la plus belle plage de Crimée par un escalier millénaire de 750 marches. Selon une légende, Catherine II de Russie l’aurait descendu, portée par un de ses amants, sous les yeux des grands souverains d’Europe, à qui elle voulait montrer à quel point son homme était fort.

À pied ou dans les bras de votre amoureux, la vue vaut vraiment le coup d’oeil.

Ensuite, faites escale à BALACLAVA, un village de pêcheurs encastré entre deux montagnes, pour y visiter les ruines d’une forteresse du 15e siècle ou emprunter les sentiers pédestres menant à une ancienne base de sous-marins nucléaires, creusée dans le roc. Si vous désirez poursuivre l’exploration plus loin, une des écoles de plongée vous fera découvrir des vestiges de la Seconde Guerre mondiale échoués dans les fonds marins. «En août, l’eau est si claire qu’on peut voir jusqu’à 23 mètres de profondeur», assure Mikail Sokolov, un maître de plongée ultracool.

Par la route scénique qui zigzague le long de la côte escarpée, vous atteindrez le MONT AÏ-PETRI, un des plus élevés de la péninsule. Un téléphérique vous mènera au sommet, où vous pourrez savourer un authentique repas des Tatars (peuple turc d’Ukraine), dont un tchebourek, chausson frit fourré à la viande de mouton. La shisha, pipe à eau traditionnelle, et les coussins tissés main sont compris!

Carnet de bord de la Crimée

S’Y RENDRE Air France offre une liaison intéressante entre Montréal et Kiev comprenant un bref arrêt à Paris. Plusieurs compagnies font ensuite la liaison entre Kiev et Simferopol, dont Ukraine International Airlines, qui propose deux vols par jour.

DORMIR Le moyen le plus populaire et le plus économique reste la location d’un appartement, qu’on peut réserver en ligne sur des dizaines de sites Web. Pour environ 40$ la nuit, vous trouverez un logement bien équipé au centre-ville. C’est de notoriété publique: la plupart des hôtels ont un rapport qualité-prix qui laisse à désirer, à l’exception du Yalta-Intourist.

SE DÉPLACER Vous pourrez louer une voiture aux mêmes tarifs qu’ailleurs en Europe. Les taxis sont si peu coûteux qu’ils constituent une très bonne solution de transport. Les plus aventurières prendront les marshrutki, des autobus grâce auxquels on peut faire des trajets assez longs pour souvent moins d’un dollar.

S’INFORMER Amoureux de l’Ukraine, le Parisien Xavier Uzan aide les touristes francophones à préparer leur voyage et peut même vous accompagner sur place (ukraine-tourisme.com). Autre source fiable, le Lonely Planet sur l’Ukraine.

 

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