Juste avant mon départ, je me mets à tout remettre en question. Et s’il m’arrivait malheur? Qu’est-ce que je fais si je perds ma carte de crédit? Et si j’ha-ïs ça? Mais rapidement, mes amies me remontent le moral à grands coups de «You go, girl!» et de «Franchement, tu t’en vas juste une semaine dans le sud!». Pas faux. J’ai choisi comme destination Isla Mujeres, une petite île du Yucatan, au Mexique, ancrée dans la mer des caraïbes. Ce n’est pas Mumbai! Reste que, c’est avec une petite peur au ventre que j’embarque dans l’avion, puis dans le taxi, puis dans le traversier pour ensuite me rendre à pied jusqu’à ma jolie petite villa – louée juste assez chère pour me sentir un peu coupable. (Mais comme on dit : faut bien se gâter…)

Ouf! Bon, l’étape un – me rendre à destination – est terminée. Maintenant… ne reste plus qu’à passer une semaine en ma propre compagnie. Et, au final, c’était pas mal du tout! Voici les leçons que j’ai retenues de ma première expérience de voyage en solo :

 

S’écouter, c’est vraiment important.

Tout d’abord, même si nos amis partent seuls au Sri Lanka, en Mongolie ou à Madagascar, on n’est pas obligés d’être aussi téméraires qu’eux. Pour certains (comme moi, allô!) c’est déjà tout un défi d’être seuls pendant une longue période de temps, même si c’est «juste dans le Sud». Alors on s’assure de prendre le pouls de ce qu’on veut vraiment et on choisit une destination avec laquelle on est (juste assez) à l’aise.

Même chose pour les activités qu’on décide de faire – ou de ne pas faire! La plongée, le bungee, l’escalade : ça peut être vraiment l’fun. Mais lire sur la plage, prendre une marche sans but précis ou faire une sieste l’après-midi, ça peut être cool aussi. L’idée, c’est de laisser notre FOMO à la maison et de faire seulement ce dont on a envie, pour une fois.

Et ça s’applique aussi aux gens qu’on rencontre. On se fait des amis? Super. On «frenche»? Génial. Mais on reste aux aguets et on écoute notre instinct. Si certaines personnes ou certaines situations nous rendent mal à l’aise, on s’en tient loin – et on n’hésite pas à faire part de notre inconfort à ceux qui peuvent se montrer un peu insistant. Un «non, merci, je n’ai pas envie de passer la journée avec toi à la plage, je préfère être toute seule», ça se dit plus facilement qu’on ne le pense au jeune homme avec qui on a un peu flirté, la veille, à l’auberge de jeunesse et qui nous fait maintenant les yeux doux…

 

 

S’ennuyer, ce n’est pas la fin du monde.

Dans ma réalité, avec mes amis, ma famille, mon boulot, mes sorties, ma tablette, mon ordi, mes livres et mon téléphone intelligent, il m’est pratiquement impossible de m’ennuyer dans le sens de m’em-mer-der. Pourtant, il me semble que de n’avoir rien à faire, une fois de temps en temps, c’est sain, non?

Un voyage est un moment idéal pour se réapproprier l’ennui. Durant mon séjour, je me suis obligée à ne rien faire durant au moins une heure au quotidien. Pas de téléphone, pas de livre, pas de musique; juste moi et mon cerveau. Ça m’a fait un bien fou! Je me suis replongée dans mes souvenirs, j’ai inventé des vies aux passants, j’ai eu des idées de projets, j’ai daydreamé à propos du bel Australien qui se faisait bronzer à quelques mètres de moi… Et, pendant de rares instants, j’ai réussi à ne penser à rien du tout. (Est-ce que c’est ça, la méditation?) Bref, ça fait du bien de constater qu’on peut être bien seul avec soi-même, sans aucune distractions.

 

Avoir un peu le blues, c’est normal.

Partir en solo, ça veut aussi dire qu’on est seul avec nos pensées. Pour ma part, post-gros-breakup, ça a donné lieu à quelques coups de blues. Au départ, je me sentais mal de me sentir mal (je suis une personne compliquée) et de ne pas profiter au maximum de mon voyage. Puis, j’ai réalisé que c’était normal de vivre des émotions moins l’fun. Et que c’était même humain. 

Sans vouloir faire de psycho-pop, on vit dans une société où tout roule à cent milles à l’heure, où on s’étourdit et où on a pas toujours le temps de vivre pleinement ce qu’on ressent – que ce soit des émotions positives ou négatives. Durant mon voyage, j’ai essayé de tout vivre comme il faut. Il y a eu des vagues de tristesse, mais aussi de grosses vagues de gratitude pour la chance que j’ai de pouvoir vivre ce genre d’expériences, pour mon travail qui me permet de le faire souvent, pour mes amies qui me soutiennent dans mes projets, pour ma mère qui réussit à me calmer les nerfs même quand je suis à des milliers de kilomètres…

Je reviens donc de mon premier voyage solo reposée, bronzée et, tout compte fait, assez fière de moi. Next stop, Mumbai?

 

À DÉCOUVRIR

J’ai testé: un séjour chez les Augustines