Populaire, cette destination qui occupe tout le talon de la botte italienne ? Et comment ! Selon un rapport de Coopération transfrontalière en Méditerranée, la région des Pouilles a vu le nombre de ses visiteurs augmenter de 30 % entre 2015 et 2019. Et cet été, elle figurait en première position du palmarès des destinations préférées des Italiens en quête de plein air, devant la Toscane et la Sardaigne, selon qualitytravel.it

Cela n’est pas étonnant : entre mer Ionienne et mer Adriatique, ce coin de pays n’en finit plus de nous éblouir. Blancs villages aux milles venelles fleuries à arpenter, littoral jalonné d’anses et de criques aux eaux qui donnent soif de plongées, mangeaille hyper locale, accueil authentique… Nous voilà envoûtés !

Ce fut idem pour Anna Trunfio, qui a quitté son pays natal, l’Angleterre, afin de s’installer à Monopoli, une bourgade balnéaire près de Bari. C’était il y a 30 ans. « Les gens me trouvaient bizarre, j’achetais des maisons, mais pour moi, c’était une destination complète, dit-elle. La mer, les traditions, la gastronomie, le linge qui pend au-dessus des ruelles… Vous pensez bien que venant du très beau Yorkshire, je ne serais pas restée autrement ! »

Monopoli

MonopoliCarolyne Parent

Baignade au pied des remparts à Monopoli

Baignade au pied des remparts à MonopoliCarolyne Parent

Bari, la médiévale

Capitale des Pouilles et principal point d’entrée dans la région, Bari comble tous les appétits. De rue piétonne (entrons chez United Colors of Benetton pour reluquer l’intérieur du sublime palais Mincuzzi !) en boulevards chics bordés d’imposants théâtres, on aboutit au lungomare, au front de mer. Profitons-en pour prendre l’apéritif à La Biglietteria, ex-billetterie d’une salle de spectacles aux boiseries à la Gaudí.

Filons ensuite sur la péninsule du borgo antico. Oh, le joyeux méli-mélo de ruelles, d’habitations de pierre blonde et de passages couverts desquels on fait irruption sur des places jolies à croquer !

Tôt le matin, du côté de l’Arco Basso, allons saluer les mammas qui confectionnent des orecchiette (de petites pâtes en forme d’oreille) à la main, sur le pas de leur porte. Celles-là même, al ragu (à la sauce à la viande) et servies avec des braciola (tranches de bœuf farcies de lard et d’ail), qu’on déguste sur la terrasse de l’Osteria Le Arpie ? Non, m’explique-t-on, car elles ne sont pas calibrées pour une cuisine professionnelle. Ah, c’est dommage, mais je suis d’autant plus heureuse d’en avoir acheté quelques sacs aux mammas Nunzia et Angela !

Bari, c’est aussi tout plein d’églises, et s’il ne fallait mettre les pieds que dans l’une d’entre elles, ce devrait être celle dédiée au père Noël, pardon, à son modèle, saint Nicolas, protecteur des enfants, des femmes célibataires et des marins ! Cet important site de pèlerinage, qui souhaitait réconcilier les chrétiens d’Orient et d’Occident, abrite ses reliques, subtilisées à Myre, en Lycie (une autre superbe région, celle-là en Turquie). Pour digérer tout ça, on s’offre un gelato ultra gourmand chez Gentile, situé en face du château.

 

Le coeur médiéval de Bari

Le coeur médiéval de BariCarolyne Parent

Le borgo antico de Bari

Le borgo antico de BariCarolyne Parent

Nunzia Caputo

Nunzia CaputoCarolyne Parent

Nunzia Caputo confectionne des orecchiette tous les matins qu'elle fait sécher au soleil.

Miser sur Monopoli

Village aux maisons-tours à volets verts, au port de poche et aux palais vénitiens repliés derrière d’imposants remparts, Monopoli est si charmant qu’on en fera notre point de chute. On ne se lasse pas de se balader dans le dédale de ses ruelles. Tiens, tout près du château de Charles Quint, transformé en galerie d’art contemporain, voici Don Ferrante, une maison d’hôtes au resto-terrasse avec vue imprenable sur la mer. C’est l’adresse romantico-pincez-moi de la cité médiévale.

Du côté de la très fréquentée piazza Garibaldi, Porta de Mä propose une cuisine locale aux accents asiatiques. On a aimé l’option « menu aperitivo », servi en terrasse, qui permet de goûter à prix doux aux spécialités du chef étoilé Angelo Sabatelli. Sur les remparts, Azabu 10 soumet les produits locaux à un traitement japonais, et c’est un régal ! Pour ce qui est des gelaterie, une étude comparative me permet de recommander le Caffé Roma, un café-glacier de quartier plein d’atmosphère.

En longeant le littoral au départ de la Porta Vecchia, une cinquantaine de plages, aménagées ou pas, se suivent et ne se ressemblent pas sur une douzaine de kilomètres, jusqu’au Lido Baia del Sol. Les plus belles ? Porto Paradiso, Porto Ghiacciolo, pour ses eaux plus fraîches qu’ailleurs et ses falaises, et Lido Sabbiadoro, chic et chère, car le sable, ça se paie ! Non loin, Capitolo est un bourg réputé pour sa vie nocturne.

Azabu 10, Monopoli

Azabu 10, MonopoliCarolyne Parent

Porto Paradiso

Porto ParadisoCarolyne Parent

Les petites maisons dans la vallée

Allons voir du pays, celui de l’olivier et de la vigne, du caroubier et des vergers : la vallée d’Itria. En compagnie du sympathique guide Alessandro Perrone de Tours by Locals, une boîte née à Vancouver il y a plus de 15 ans, cap sur certains des plus beaux villages non seulement de la région mais du pays !

À Alberobello, nous nous sommes invités chez les Schtroumphs ou plutôt dans les trulli, les maisons rondes, de pierres sèches et à toit conique, qui abritaient autrefois les travailleurs agricoles. À Locorotondo, aussi ronde que blanche, nous avons dégusté des vins de la maison Bufano directement dans ses vignes. À Ostuni, nous avons fait halte chez Typicus pour goûter aux meilleures huiles d’olive qui soient.

Le coucher de soleil ne tardera pas… Que faire : chiller dans l’un des beanie bags du Riccardo Caffè, qui squattent une venelle pentue, ou filer sur Polignano a Mare, la petite voisine de Monopoli ?

Polignano, c’est l’équivalent apulien d’Oia, à Santorin, en Grèce : un hameau couronnant une falaise où l’on se donne rendez-vous à la fin du jour. Fouettée par la mer, cette falaise est profondément entaillée. Résultat ? On se baigne dans cette échancrure de rêve, on va manger dans les Grotta palazzese, on se balade dans ses petites rues et on n’en veut plus repartir.

Locorotondo

LocorotondoCarolyne Parent

Les fameux trulli d'Alberobello

Les fameux trulli d'AlberobelloCarolyne Parent

Ostuni

OstuniCarolyne Parent

Un étal chez Typicus à Ostuni

Un étal chez Typicus à OstuniCarolyne Parent

Le Riccardo Caffè à Ostuni

Le Riccardo Caffè à OstuniCarolyne Parent

Polignano

PolignanoCarolyne Parent

Par ici, les Pouilles !

*On s’envole pour Bari grâce au service interligne connectair par Air Transat. Celui-ci permet de jumeler des vols d’Air Transat et de ses partenaires aériens sur un même billet et d’enregistrer nos bagages jusqu’à la destination finale. On pourrait aussi préférer un billet sur Rome, histoire d’y faire escale à l’aller ou au retour, et rejoindre Bari en train ou avec un transporteur aérien local.

*On voyage durablement et facilement en… train ! (D’où le choix de notre camp de base, Monopoli, extrêmement bien desservi par le chemin de fer.) Un outil indispensable pour s’y retrouver et acheter nos billets rapido presto ? L’appli Omio.

*On se déplace en toute liberté à pied et en bus. Ces derniers rejoignent toutes les plages de la côte, et, ô surprise, ils sont nombreux et à l’heure ! À vélo, on peut faire des excursions de vignoble en oliveraie.

*On se loge durablement à l’« auberge en pièces détachées ». « Au lieu d’une communauté verticale – réception d’hôtel, ascenseur, chambre –, nous créons une communauté horizontale, notre réception, nos chambres et appartements étant situés dans différents bâtiments à travers Monopoli, ce qui fait que les touristes se mêlent aux habitants », explique Anne Trunfio, copropriétaire de l’Albergo Diffuso Monopoli. Celle-ci compte sept immeubles, qui étaient tous vacants ou abandonnés avant qu’on leur donne cette nouvelle vocation.

*On s’informe davantage en potassant Le Routard 2022-23 Italie du Sud. Ce guide nous donne tout le contexte historique et culturel dont on a besoin pour comprendre ce qu’on voit. Étoffé sans être assommant.

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