Cuba? Je devais être la seule Québécoise à ne pas connaître l’endroit… Les hôtels tout compris ne m’inspirant pas, je n’avais jamais mis les pieds dans ce pays. Mais quand j’ai appris qu’on pouvait maintenant le parcourir à vélo, j’ai sauté sur l’occasion. Sans être une maniaque de bicyclette, j’avoue avoir un faible pour les activités sportives. Au programme: cinq jours à sillonner la province de Pinar del Río (dans l’ouest de l’île) en compagnie de 10 autres cyclistes, plus une journée à La Havane. Que l’aventure commence!

Jour 1: Il fait fret!

Autant l’avouer, ma première impression est décevante. Froid est le qualificatif que j’utiliserais pour décrire non seulement le temps qu’il fait, mais aussi l’accueil des Havanais.

À l’hôtel, nous rencontrons le guide cubain francophone (et mécano) avec qui nous passerons les sept prochains jours. «Pourquoi fait-il si froid?» lui demande une compagne de voyage. «C’est l’hiver ici, en février », répond-il, le sourire aux lèvres. Il fait 14 °C, le vent est frais et, pour être honnête, je gèle. Si je n’avais pas snobé les prévisions de MétéoMédia, j’aurais des vêtements chauds à me mettre sur le dos. Ça m’apprendra!

Jour 2: Quelle végétation!

Avant d’entreprendre le périple à bicyclette, nous devons nous rendre à Viñales. Dans l’autocar, je m’émerveille devant la cordillère Guaniguanico. Appelées mogotes, ces collines de calcaire couvertes d’une végétation luxuriante émergent de vallées de terre rouge. Dans ce coin de pays qui vit principalement de l’agriculture, on cultive la canne à sucre, des fruits, des légumes et la plus grande partie du tabac utilisé pour fabriquer les cigares, si prisés par les touristes.

 

C’est à Viñales, une jolie petite ville coloniale, que j’enfourche pour la première fois mon compagnon des prochains jours… le vélo. À ma grande surprise, les bicyclettes fournies sont super confortables et en bon état.

15 h C’est un départ. Tranquillement, nous nous baladons sur une route relativement plate. Je m’étonne de l’accueil chaleureux des habitants de Pinar del Río, qu’on évite d’appeler Piñarenos, car c’est considéré comme une insulte – c’est un peu l’équivalent, chez nous, du sobriquet Newfies. On nous sourit, on nous fait de grands signes de la main, et les enfants crient d’excitation en nous apercevant. Quel contraste avec l’attitude nonchalante et expéditive des Havanais rencontrés hier!

De retour à l’hôtel après une heure à pédaler sur une dizaine de kilomètres, le groupe, que sa première expérience a rendu fébrile, en redemande. Nous voilà donc repartis pour une randonnée de 7 km dans les environs!

Jour 3: Libre… en groupe

Je découvre avec soulagement que «voyage de groupe» ne rime pas forcément avec «déplacements en groupe ». Ouf! En fait, le guide fixe des points de rencontre aux 5, 10 ou 15 km, où il attend les cyclistes. Pas besoin de se suivre à la queue leu leu comme des bambins. Chacun roule à son rythme et s’arrête quand bon lui semble pour prendre des photos. Ceux qui sont épuisés peuvent monter dans le véhicule de soutien qui suit la queue du peloton.

9 h 30 La journée s’annonce idyllique. Enfin du soleil! À vélo, la vue est saisissante: les montagnes de la Sierra del Rosario servent d’arrière-plan aux terres agricoles, aux séchoirs à tabac et aux petites maisons colorées englouties sous les bougainvillées. Pas étonnant que la vallée de Viñales soit inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco…

Les poumons remplis d’air pur, le visage doucement caressé par le vent, je roule en parfaite harmonie avec la nature. Jusqu’à présent, la randonnée est agréable et facile.13 h 30 Après 40 km de vélo, la dernière portion du trajet s’annonce plus difficile, avec quelques bonnes dénivellations à l’horizon. Pour la première fois depuis le début du voyage, j’arrive au point de rencontre essoufflée. Tous les efforts investis pour escalader les pentes m’ont fait négliger la magnifique forêt de conifères que nous traversons depuis quelques kilomètres. C’est impressionnant comme la végétation est variée: une journée, nous sommes entourés de palmiers royaux, l’autre, de pins verts.

14 h «Nous nous arrêterons ici», précise le guide, qui préfère condenser la partie sportive de la journée en avant-midi pour éviter le soleil brûlant de l’après-midi.

Comme Cuba ne serait pas Cuba sans ses plages, nous profitons de notre temps libre pour nous rendre à Cayo Jutías, une plage naturelle de sable blanc, à l’eau turquoise et aux énormes coquillages. C’est un véritable havre de paix, peu fréquenté. Quelques courageux sautent à l’eau – qui n’est qu’à 20 °C – pour en ressortir aussitôt. Brrr… Je choisis plutôt une belle et longue marche.

 

 19 h «Pollo o cerdo?» demande le serveur au souper. Je ne suis pas surprise: le poulet et le porc, accompagnés de patates, de riz, de pain et de salade de chou, sont au menu tous les soirs depuis notre arrivée. Même chose côté dodo: la majorité des endroits où nous séjournons sont des «hôtels-bungalows» simples et confortables, enveloppés d’une végétation luxuriante.

 

Jour 4: Chèvres et vélos

9 h Après avoir roulé 20 minutes en autocar, nous atteignons la vallée de San Vincente. De là, nous devons nous rendre à La Palma à vélo. Un camion me dépasse en klaxonnant, question de m’avertir de sa présence. Quelques minutes plus tard, je contourne un paysan à cheval. En fait, il y a beaucoup de chèvres, de charrettes et de bicyclettes sur la route. N’empêche qu’il est fort agréable de rouler… surtout qu’ici la chaussée, à la différence du Québec, est généralement en bon état.

L’avant-midi nous réserve deux pentes abruptes d’affilée. Nous sommes tous à bout de souffle, avons les jambes molles, mais nous nous encourage les uns les autres. Certains continuent à pied tandis qu’une de nous décide de monter à bord du véhicule de soutien.

13 h 30 La vue de tous ces champs d’ananas, des plantations de bananes et des manguiers me met l’eau à la bouche. Même si le trajet est plutôt facile, les nombreux arrêts photo m’ont creusé l’appétit. Imaginez ma joie quand nous nous arrêtons, après une quarantaine de kilomètres, à un joli kiosque où un agriculteur fort sympathique vend des fruits fraîchement cueillis sur ses terres. En quelques coups de machette, il nous prépare des tranches d’ananas, de noix de coco, de bananes plantains et de manzanillas (bananes au goût de pomme). Quel bonheur!

Jour 5: Le quartier du Che

Ce matin, le temps est frisquet, et le ciel, nuageux. Ça tombe bien puisque les prochaines heures sont consacrées à la visite d’une fabrique de tabac, puis d’une rhumerie. Deux incontournables pas vraiment impressionnants, mais intéressants.

13 h Au programme aujourd’hui: une trentaine de kilomètres sans trop de dénivellations. En route vers Consolación del Sur, entourée de champs et de verdure à perte de vue, je me sens complètement coupée du monde. Soudainement, j’aperçois au bord de la route un vieillard qui nous fait signe de nous arrêter – nous sommes deux cyclistes sur ce tronçon. Portant fièrement un uniforme d’armée et un chapeau de paille, le papy de 86 ans désire tout simplement jaser de politique et de condition physique. «Je marche deux heures par jour, pour garder la forme», nous confie-t-il. Et pas question de le photographier avec sa canne, qu’il laisse rapidement tomber avant de poser devant l’objectif.

16 h Pour terminer la journée en beauté, nous visitons la grotte Cueva de Los Portales, où Che Guevara avait installé son quartier général lors de la crise des missiles, en 1962. Un lieu-culte pour les fans du célèbre révolutionnaire, et un site magnifique traversé par une rivière et entouré d’une végétation touffue.

À la fin de la journée, je suis agréablement surprise par l’absence de courbatures après quatre jours de vélo. Ça changera peut-être lorsque j’aurai parcouru les 98 km prévus pour le lendemain…

Jour 6: Pédaler au vent

9 h Aujourd’hui, départ pour Las Terrazas, classé Réserve mondiale de la biosphère par l’Unesco. La route est belle et légèrement vallonnée. Plusieurs Cubains m’offrent gentiment de monter dans leur charrette, histoire de me reposer un peu. Comme je roule en faisant face au vent, l’envie d’accepter leur invitation me traverse l’esprit à plusieurs reprises. Mais je m’abstiens, l’orgueil prenant le dessus sur la fatigue. C’est tout de même touchant de se sentir aussi bienvenue dans un pays.

14 h 30 Arrivée à Las Terrazas, où vit une communauté rurale dédiée au développement durable, je tente l’expérience d’un resto végétarien, un des rares de la province de Pinar del Río. L’éco-restaurant El Romero sert des plats cuisinés avec les produits cultivés dans la communauté. Le céviché de lotus, la soupe froide à la citrouille et la crêpe aux fèves noires sont de vraies délices.

Nous reprenons la route et atteignons la petite ville de Soroa, où nous apprenons que le Jardin des orchidées, si louangé, vient tout juste de fermer ses portes. Quelle déception!

Jour 7: Viva La Havana!

La dernière journée est consacrée à la visite de la capitale. À me promener sur les traces de Hemingway, à sillonner la rue Mercaderes pour y trouver des souvenirs, à bouquiner au bazar de la place d’Armes, je n’ai pas vu la journée passer… Et je me suis même réconciliée avec cette ville qui m’avait semblé si froide le premier jour. Mais j’avoue que je préfère l’arrière-pays, dont j’ai pu découvrir l’âme chaleureuse grâce à ces cinq jours de randonnée à vélo et de visites. Un rythme ni trop sportif ni trop contemplatif qui permet d’aller à la rencontre des gens tout en bougeant. Que demander de mieux?

Carnet de bord

Comment? Depuis décembre dernier, Rêvatours offre un circuit organisé avec un guide francophone cubain.
Coût Environ 1 780 $. Le forfait comprend le vol, le vélo, les repas et l’hébergement.
Distances parcourues De 5 à 98 km par jour en vélo.
Quand Possible toute l’année, mais idéal de novembre à avril afin d’éviter la canicule et les pluies diluviennes.
Conseils Mettre des barres granola, des noix ou des fruits secs dans ses bagages, car on n’en trouve pas sur place.
S’informer revatours.com.

 

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