Lorsque je suis passé en coup de vent à Reykjavík, en plein mois de juillet, ma curiosité a été piquée par ses multiples étincelles de créativité. Cette petite ville d’à peine 200 000 âmes est prodigieusement inventive et allumée, que ce soit en matière d’architecture, de design ou d’art de vivre. Avec ses maisonnettes colorées et ses pimpantes avenues piétonnières, son centre-ville a les allures d’un village, qui atteint toutefois des sommets de singularité. Citons à cet égard la HALLGRÍMSKIRKJA, une église en béton hallucinante semblable à une fusée en partance pour le Valhalla (le paradis des Vikings, dans la mythologie nordique), dont les piliers blancs imitent les orgues basaltiques, ces colonnes de lave typiques du relief islandais. En périphérie se trouve le PERLAN, un restaurant pivotant situé dans un véritable ovni de verre et d’inox coiffé d’une coupole translucide dominant la ville.

Toutefois, c’est avec le HARPA, une salle de concert doublée d’un centre de congrès, que Reykjavík atteint son climax architectural. Cette oeuvre de l’artiste contemporain Olafur Eliasson ressemble à une ruche immense dont les alvéoles translucides forment un rideau de lumière iridescent comme une opale.

Un design inspiré

Au hasard de mes pérégrinations dans LAUGAVEGUR et SKÓLAVÖR USTÍGUR, deux artères jalonnées de vitrines alléchantes, je remarque que la plupart des commerces sont occupés par des créateurs locaux et indépendants, car, en ville, les grandes marques internationales sont présentes mais discrètes. Et c’est tant mieux. Les amateurs affluent pour mettre la main sur des trouvailles uniques, de qualité et… vendues à prix d’or. Rue Aðalstræti, la créativité islandaise fuse de toutes parts. À la boutique HANDVERK OG HÖNNUN (Crafts & Design), mes yeux s’écarquillent à mesure que je découvre les étranges sculptures en dents de baleine, les céramiques nervurées comme une banquise et les étuis à ordinateur en cuir de saumon.

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Au magasin EPAL, je suis fasciné par les fabuleux bijoux ciselés de la marque Gullkúnst, faits en pierre de lave et cristal, qui évoquent le feu et la glace de l’Islande.

Une cuisine savoureuse

Reykjavík ne brille pas toujours par la finesse de sa cuisine; en témoignent le hákarl (requin faisandé), les cubes de gras de baleine et les testicules de mouton, des spécialités locales qu’on peut goûter en prenant place au restaurant SÆGREIFINN, une véritable institution. Pourtant, on sent qu’un souffle d’inspiration déferle sur les tables de la ville. C’est le cas au MAR, qui amalgame les saveurs sud-américaines, sud-européennes et islandaises, ou au DILL, une adresse réputée où le propriétaire et chef Gunnar Karl Gíslason donne ses lettres de noblesse à la cuisine nordique islandaise.

Pour ma part, c’est au SJÁVARGRILLI que je savoure la meilleure morue qu’il m’ait été donné de goûter dans ma vie de globe-croqueur: juteuse comme un fruit mûr et tendre comme une motte de beurre. Le tout servi avec un art de la présentation que maîtrise à la perfection le jeune chef Gústav Axel Gunnlaugsson, étoile montante de Reykjavík.

Je succombe également aux mets délectables du KOPAR, très couru pour son aventure gastronomique en neuf services. Crabe de roche, langues de morue frites, poisson-chat sauce champagne, saumon tavelé de gouttes de concentré d’artichaut et cuisse de dinde sauce au whisky ne sont que quelques exemples des plats qui constituent ces agapes.

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Il est maintenant 23 h, et il fait toujours aussi clair dehors. Les terrasses et les bars des rues Austurstræti et Laugavegur ne désemplissent pas et me laissent croire que je suis en plein coeur d’un éternel 5 à 7. Déboussolé, je saute dans un taxi pour rentrer à l’hôtel. En longeant le littoral, je croise Sólfar (le voyageur du soleil), une sculpture extraordinaire de Jón Gunnar Árnason symbolisant le progrès, la liberté et l’espoir… Comme l’espoir de revenir ici un jour, que je caresse désormais chaque fois que je pense à Reykjavík.

Pays de feu et de glace

En plus d’être une destination culturelle branchée, l’Islande se distingue par ses paysages à couper le souffle. Pour admirer ces merveilles façonnées par le temps et la nature, il faut imiter les Islandais et chausser de solides bottes de randonnée.

Au sommet des sites incontournables, notons le PARC NATIONAL DE SKAFTAFELL, où trône le glacier le plus grand d’Europe, le Vatnajökull. Pour profiter de ses panoramas en perpétuel changement, on empruntera le Laugavegur («route des sources chaudes»), qui relie la région de Landmannalaugar à la commune de Skógar. C’est un des treks les plus impressionnants du pays. En quatre ou cinq jours, on sillonne des déserts de cendres noires et des montagnes tantôt couvertes de lichens d’un vert presque fluorescent, tantôt coiffées de cratères d’où s’échappent les vapeurs de volcans toujours actifs. Un voyage à faire sac au dos et… caméra à la main.

Pour se rendre là-bas à partir de Reykjavík, on monte à bord d’un des bus qui font la navette plusieurs fois par jour entre la capitale et ces attraits touristiques naturels. Si on préfère l’aventure, on peut louer un 4 x 4 à très bon prix. – Edith Foliot

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Carnet de bord à Reykjavík

Quand partir… Surtout l’été, quoique mai et septembre puissent aussi être agréables.

S’envoler… La compagnie Icelandair propose des vols qui relient Reykjavík à Halifax, à Toronto, à New York et à Boston. On peut aussi choisir un des yachts de croisière luxueux de la Compagnie du Ponant, qui font escale à Reykjavík.

Dormir… à l’un des CenterHotels, stylés et situés au coeur de l’action; à moindres frais, au déluré Kex Hostel; dans le quartier historique, au 101 hotel, chic et cher.

Se baigner… au Blue Lagoon, un immense bassin d’eaux thermales.

Se procurer… la Welcome Card, qui donne un accès illimité aux bus, aux piscines et à certains musées, durant 24 heures, 48 heures ou 72 heures (à l’Office de tourisme; de 25$ à 45$).

Lire… le Guide du Routard Islande, à jour et bourré d’adresses pour petits budgets dans un pays où presque tout coûte cher (routard.fr).

S’informer… sur le site visitreykjavik.is.

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