Ahh, Prague! On nous vante sans cesse son architecture, qui en fait une des plus belles capitales d’Europe centrale, son romantisme, attribuable notamment à un château, à une rivière et à un pont légendaires, et sa vieille ville, hantée par le fantôme de Kafka. Comme si cette cité d’art et d’histoire n’était, au fond, qu’une vieille fille bien conservée et cultivée… mais un rien ennuyeuse.

Ce serait oublier qu’en balayant le régime communiste la «révolution de velours» de 1989, qui a mené à la création de la république tchèque, a donné une nouvelle impulsion à la ville. «Après 40 ans de dictature communiste, nous, les Tchèques, avons voyagé, redécouvert la gastronomie, le vin, la mode, le design, et avons tenté de ramener ces bonnes choses chez nous», explique Jan Rajnis, le directeur de l’agence de tourisme Avantgarde Prague.

 

En se mettant au diapason du monde, cette ville mythique a troqué sa crinoline contre une minijupe en néoprène, dévoilant au passage son esprit festif et rebelle. On y va?

LA CAPITALE PAR LE MENU PAUSE-CAFÉ

Où prendre un bon expresso? Au CAFÉ-CAFÉ (cafe-cafe.cz), «le QG des gens de la mode!» recommandé par la designer tchèque Libena Rochova. On peut aussi mettre le cap sur le café de la MAISON MUNICIPALE (kavarnaod.cz), le plus bel édifice Art nouveau de la ville, où on dégustera un authentique medovnik, un gâteau traditionnel au miel.

C’EST L’HEURE DE L’APÈRO

On se précipite chez GINGER & FRED (gingerfred- restaurant.cz), le nouveau resto-bar situé dans l’immeuble Maison dansante, qu’a dessiné Frank Gehry: de sa terrasse, la vue sur la rivière Vltava et le château est extra. Perché à 66 mètres dans les airs, OBLACA (towerpark.cz) nous donne aussi à voir la ville de haut! On y commande le cocktail Moravian Rooster, à base de slivovice (alcool de prune), servi sous une cloche de verre, car… Chut, on vous garde la surprise!

Dans un pays où la bière, un «trésor national », est excellente et coûte moins cher que l’eau minérale, on trinque dans des microbrasseries comme U TRI RUZI (Husova 232/10) ou U SADU (usadu.cz). Cette dernière se trouve dans Zizkov, le quartier des noctambules.

SHOPPING MADE IN BOHÊME

Coup de coeur pour la griffe ludique LEEDA (leeda.cz), signée Lucie Kutalkova. Cette trentenaire a été mise à la porte de l’Académie de design de Prague, mais elle ne s’est pas laissée démotiver pour autant. Aujourd’hui, elle habille aussi bien la fille d’à côté que Tilda Swinton et Susan Sarandon… Chez la designer NATALIE STEKLOVA (17, Jungmannovo namesti; natalie steklova.cz), on sirote une tisane bio dans un caféatelier avec terrasse, puis on se laisse tenter par un vêtement en fibre de bambou. «Je couds, ma mère fait les gâteaux, et les clientes viennent profiter de mon oasis de calme», dit la jeune femme.

Côté objets design, FUTURISTA UNIVERSUM (futurista.cz) et KUBISTA (kubista.cz) proposent des rééditions d’oeuvres classiques et des créations de jeunes artistes.

La boutique du centre d’art contemporain DOX BY QUBUS (qubus.cz) présente pour sa part la crème de la crème en matière de joaillerie, de cristal de Bohême et d’objets de déco originaux.

Enfin, à HARDDECORE (harddecore.cz), pionnier des adresses cool pragoises, on voudrait tout acheter: les bijoux, les sacs et les coussins.

ON PASSE À TABLE

Pour manger à la bonne franquette et dans un décor «ostalgique» (nostalgie de l’Est), rendez-vous au LOKAL (lokal.ambi.cz). À l’autre extrémité du spectre en termes d’ambiance, on a LA DÉGUSTATION BOHÊME BOURGEOISE (ladegustation.cz), qui réinterprète des plats régionaux du 19e siècle! Entre ces pôles, on savoure les classiques du terroir, de la soupe kulajda au canard rôti, au V ZATISI (vzatisi.cz). DIGESTION EN MUSIQUE On danse au CROSS CLUB (crossclub.cz), un lieu étrange, décoré d’installations fabriquées à l’aide d’objets trouvés, ou au SASAZU (sasazu.com), une boîte de nuit monstre qui occupe d’anciens abattoirs.

L’ART DE LA CONTESTATION

DAVID CERNY, vous connaissez? Cet artiste pragois très conceptuel sème ses oeuvres contestataires aux quatre coins de la ville. Certaines sont éphémères, comme l’énorme doigt d’honneur mauve qu’il a posé sur la Vltava pour exprimer en 2013 ce qu’il pensait des communistes au Parlement; d’autres sont permanentes, comme MIMINKA, une installation montrant des poupons de bronze géants occupés à gravir la tour de la télévision, et la statue LES PISSEURS, composée de deux hommes en train d’uriner dans un bassin en forme de… République tchèque, dans la cour du musée Franz Kafka.

LE MUR JOHN LENNON fait lui aussi couler beaucoup d’encre. À la suite de l’assassinat du Beatle, des Pragois ont commencé à écrire des messages de paix sur une paroi de la place Velkoprevorské. Graduellement, les graffitis sont devenus davantage critiques du régime communiste. «Le mur a été repeint plusieurs fois, la police surveillait constamment les lieux, mais le besoin de s’exprimer est resté, même lorsque le mur de Berlin est tombé!» explique la guide Jana Pehe.

Par ailleurs, en octobre, durant le festival SIGNAL (signalfestival.com), les installations lumineuses d’artistes internationaux jettent un nouvel éclairage sur les monuments de la métropole. «C’est l’occasion pour les Pragois et les visiteurs de s’approprier la rue pendant quatre jours, dit Martin Posta, le jeune fondateur de l’évènement. On n’en a pas vraiment la permission, mais on fait comme si!»

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