Le tourisme volontaire, aussi appelé « volontourisme » se situe à mi-chemin entre le tourisme et le bénévolat. Ce sont donc des voyages qui incluent une dimension d’aide volontaire aux populations et une dimension de tourisme. Une pratique qui se distingue du tourisme solidaire ou tourisme responsable qui s’engage à promouvoir des pratiques plus respectueuses de l’environnement et à partager les revenus du tourisme avec les populations locales. L’Organisation mondiale du tourisme a adopté, en 2001, un code d’éthique (The Global Code of Ethics for Tourism) pour encadrer les pratiques des opérateurs de tourisme et favoriser un développement durable et responsable du tourisme mondial.

Pourquoi faire du tourisme volontaire? « Aujourd’hui, les touristes ne se contentent plus de visiter un endroit en restant assis dans un autobus. Ils veulent faire de réelles rencontres, vivre des expériences humaines », affirme Siham Jamaa, analyste au Réseau de veille en tourisme à la Chaire de tourisme Transat de l’Université du Québec à Montréal. Selon elle, le volontourisme peut être une très belle aventure humaine. « C’est une expérience qui apporte non seulement aux communautés qui en profitent, mais aussi à ceux qui donnent. »

Voyages humanitaires, plus de mal que de bien?

Les voyages humanitaires ne font cependant pas l’unanimité. Dans une étude menée par le Conseil de recherches en sciences humaines, basé en Afrique du Sud, on note que le tourisme humanitaire peut nuire au développement à long terme. Les auteurs, chercheurs en droits humains, notent que l’afflux de main-d’œuvre étrangère, souvent peu qualifiée, risque d’évincer des ouvriers locaux, en plus de surcharger les organisations qui doivent les accueillir. Une conclusion qui rejoint la position d’Habitat pour l’humanité. Pour l’organisme canadien impliqué en Haïti depuis le séisme du 12 janvier 2010, la meilleure façon d’aider c’est d’engager des Haïtiens au chômage et non de faire venir des bénévoles étrangers qu’il faut loger et nourrir.

 Des touristes volontaires de toutes sortes

Les joueurs de l’industrie touristique pensent de plus en plus à des concepts qui allient le tourisme et le bénévolat. « Il y a une énorme demande et l’offre est variée, dit Mme Jamaa. Avant, le tourisme volontaire était lié à des causes humanitaires ou environnementales. Aujourd’hui, il en existe pour tous les goûts. » Ainsi, il est possible de se faire organiser un voyage de coopération sur mesure pour faire des fouilles archéologiques, participer à la construction de dispensaires, à la formation de personnel paramédical ou observer des mammifères marins en pleine mer.

Le bénévolat n’est cependant pas gratuit. Il faut souvent assurer les coûts du transport, le billet d’avion, les vaccins et les séances de formation. Certains programmes comme Uniterra assurent une formation minimale aux volontaires pour leur permettre d’acquérir certaines connaissances culturelles du milieu où ils se rendent. Dans d’autres programmes, une partie des coûts sert à payer l’achat de matériaux ou les frais administratifs du projet. Bref, les voyages volontariat-tourisme sont souvent aussi chers qu’un circuit commercialisé par une agence traditionnelle.

Le temps dont dispose le volontourisme, de même que ses compétences qui pourraient être mises à profit, déterminera la longueur du séjour et aidera à déterminer ce qu’il pourra accomplir. Quelques propositions:

Tourisme humanitaire et écolo

Les programmes Travel For Good de l’organisme Travelocity permettent de combiner bonne action et tourisme. Vous pourriez, par exemple, choisir de partir au Vietnam afin d’enseigner l’anglais ou encore d’aider à l’entretien écologique d’un sentier de trekking en Hawaï.

L’entreprise québécoise Expéditions Monde offre également des séjours de projets communautaires à l’étranger. Afrique, Asie centrale, Amérique latine, les voyages comprennent trois à six jours de bénévolat dans une région éloignée. Les types de mandats? Un projet de rénovation d’une école dans le village de Magara, en Tanzanie, ou une opération de nettoyage marin sur la réserve Arnhem, dans le nord de l’Australie.

Tourisme volontaire: sport et aventure

Les sportifs – de salon ou de terrain – font aussi du tourisme volontaire. Les grands événements attirent leur lot de touristes qui veulent être dans le feu de l’action. « La Coupe du monde de soccer de 2010, en Afrique du Sud, a montré la popularité du volontourisme à l’occasion d’événements sportifs d’envergure. En une semaine, la FIFA a comblé son besoin en bénévoles qui s’élevait à 15 000 personnes, dont 20 % de provenance internationale », observe Mme Jamaa dans une analyse sur le volontourisme effectuée en décembre 2009 pour le compte du Réseau de veille en tourisme.

La spécialiste affirme qu’il y a aussi une forte croissance d’offres de volontourisme dans les voyages d’aventure. C’est le cas par exemple de l’organisme Les Karavaniers qui propose des voyages caritatifs. Vous choisissez votre cause et vous partez à l’aventure pour amasser des fonds. Faire du kayak de mer au Groenland ou monter le Kilimandjaro?

Tourisme humanitaire pour la culture

« Le volontourisme peut inclure une composante d’apprentissage. Adventures in Preservation l’a compris et donne l’occasion aux voyageurs d’apprendre et d’aider à préserver des bâtiments historiques à travers le monde entier, » raconte Mme Jamaa.

Combiner tourisme humanitaire et compétences

Plusieurs programmes proposent de mettre à profit son expérience et son expertise professionnelle dans le cadre des voyages de tourisme volontaire. Le programme « congé solidaire » permet de partir deux à trois semaines dans un pays en voie de développement, moyennant une participation de 5000$ de l’employeur. Le reste des frais est assuré par une subvention du gouvernement canadien à l’organisme Uniterra qui coordonne le programme chapeauté par le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI).

Pour en savoir plus sur le tourisme volontaire

L’Association québécoise des organismes de coopération internationale regroupe 65 organisations québécoises qui, pour la plupart, envoient des bénévoles à l’étranger.

Earthwatch Institut recrute des volontaires pour des recherches scientifiques sur la faune, les océans, les changements climatiques, etc.

Habitat pour l’humanité pour aller construire des maisons.

Humanis combine tourisme et participation projets communautaires et circuit touristique d’aventure.

Projects Abroad Pro se spécialise dans les projets de volontariat pour les professionnels: avocats, ingénieurs, médecins, architectes, cadres d’entreprises, géologues, enseignants, infirmiers, psychologues et géologues.

Teranga organise des voyages de coopération sur mesure pour les baby-boomers

United Planet propose des séjours d’une à 52 semaines dans une cinquantaine de pays: travail dans des orphelinats, enseignement, travail social, etc.

Uniterra permet aux employés des compagnies et organisations partenaires de convertir une partie de leurs vacances annuelles en une affectation volontaire de deux à quatre semaines.


Suggestions de lecture

Stagiaires sans frontières, Alexandre Chouinard, Éditions Ulysse, 2007, 192 pages.

Tourisme solidaire, Dominique Auzias, Collection petit futé, 2009.