Sugar Sammy est un séducteur-né. Sitôt qu’il prend place sur le divan pour notre entrevue, il met l’opération charme en branle. Il se montre agréable et tordant («Je nourris une passion pour Lionel Richie, avoue-t-il spontanément. Oooh, le solo de guitare dans
Hello…!») et s’enquiert même de mon statut marital. Pas étonnant qu’il cartonne autant. Ce mois-ci, l’humoriste, qui se produit dans le monde entier en français, en anglais, en hindi et en punjabi (!), prend d’assaut L’Olympia avec
You’re Gonna rire, un show ayant pour but de réunir ses «deux gangs: la franco et l’anglo» sous un même toit. «La société montréalaise était prête pour ça», tranche-t-il. Prête pour Sugar Sammy? Parfait. Allons-y, alors.

On vous imagine menant une existence de rock star. Est-ce vrai?

En fait, quand je ne suis pas sur scène, ma vie est assez ordinaire. J’aime la simplicité. Je voyage beaucoup mais, dans les villes où je vais, mon parcours se limite à «aéroport, hôtel, salle de spectacle». Disons qu’avec le temps je commence à apprécier les petits plaisirs de ce mode de vie. Il le faut, sinon, je deviendrais fou!

Vous êtes très proche de votre père et de votre mère; je sais que vous habitiez encore chez eux il n’y a pas si longtemps. Est-ce toujours le cas?

Des fois. (rires) Mais vous savez, quand vous avez de bons parents, vous n’avez pas d’excuses pour ne pas les voir. Je ne veux pas m’empêcher de passer du temps avec eux seulement parce que ça «paraît mal»!

 

 
Ils n’avaient pas grand-chose quand ils sont arrivés au Canada…

C’est vrai, et je leur suis infiniment reconnaissant des sacrifices qu’ils ont faits pour que ma soeur, mon frère et moi ne manquions jamais de rien. Nous étions toujours logés, nourris et habillés… Pas super bien, mais habillés quand même! (rires)

Qu’est-ce qui vous a le plus inspiré lorsque vous avez écrit votre nouveau spectacle?

La diversité culturelle continue de m’intéresser, mais je dirais que ce show, c’est surtout un portrait de la société québécoise vue par un gars né à Côte-des-Neiges dans un milieu multiculturel, bilingue, fédéraliste. Je pense que ça va vraiment aller chercher quelque chose de profond chez le public. D’après ce que j’ai vu en rodant mon spectacle, les gens sont souvent choqués par mes propos… mais ils rient.

Le choc vient-il avant le rire ou est-ce l’inverse?

En fait, les deux viennent en même temps! C’est ça qui est beau. C’est comme éternuer en ayant un orgasme! (rires) Quel sujet choque encore au Québec? Je dirais que les questions politiques, et surtout celle du référendum, choquent plus que tout le reste. C’est étrange que ce soit encore un point si sensible. Je ne m’attendais pas à ça. Dix-sept ans plus tard…

Lorsque vous vous moquez des Québécois, vous dites souvent: «Je vous taquine, mais au moins je vous taquine en français.» Diriez-vous que le fait de parler en français vous donne le «droit» de provoquer?

En fait, que ce soit en anglais ou en français, j’aime repousser les limites et voir jusqu’où je peux aller avec mes gags. Plus ça va, plus j’ai l’impression d’aller loin. Je dois toutefois faire attention à ne pas aller trop loin, trop vite. C’est ça qui sera délicat dans ce nouveau show.

You’re Gonna rire à L’Olympia de Montréal. Info: sugarsammy.com.

 

À DÉCOUVRIR: Alexandre Barrette passe aux aveux