C’est l’histoire du dernier homme sur terre. Un soldat qui a assisté à la destruction de la planète par les humains et qui se met à rêver de sa renaissance. Un soldat qui se transforme en jardinier et qui imagine le paradis perdu… Le scintillement des étoiles, la sérénité des nénufars dans les étangs, la majesté des baleines au fond des océans.

Ce spectacle alliant théâtre, musique, danse et projections vidéos est un conte, une ode à la beauté du monde, explique Dominic Champagne, qui l’a écrit et mis en scène. «Il est né de ma rencontre avec Jean Lemire il y a trois ans, au moment où il revenait de son incroyable mission Antarctique.»

«De mon côté, je rentrais de Las Vegas, où j’avais monté Love, le spectacle sur les Beatles, et j’étais dans un drôle d’état d’esprit. J’arrivais d’une ville qui est une véritable catastrophe écologique – elle pompe l’eau des États avoisinants pour permettre aux gens de jouer au golf! En même temps, après le succès de Love, j’avais ressenti le besoin de me grounder, de retrouver plus de simplicité et d’authenticité dans ma vie. J’avais donc passé l’été à la campagne, à planter des arbres. Puis j’ai rencontré Jean Lemire, qui lui, avait vraiment vu les effets du réchauffement climatique sur notre planète dans son désert de glace de moins en moins glacé. Il disait: "On ne peut pas être pessimistes ou cyniques. Pas plus qu’on a le droit d’abandonner. Il faut changer nos comportements." C’est là que l’étincelle a jailli. J’avais envie de m’investir davantage pour sauvegarder notre si belle terre. Lui avait envie de parler d’environnement autrement pour rejoindre un public plus vaste. C’est comme ça que l’idée du show a germé.»  

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Tout n’est pas vert

«Paradis perdu n’a pourtant rien de didactique ou de moralisateur, ajoute le biologiste et cinéaste Jean Lemire. Ce qu’on a voulu faire, c’est montrer la beauté du monde pour toucher les gens. Car je crois profondément qu’on protège ce qu’on aime.»

Le spectacle est un hymne à la beauté de la terre, mais il évoque aussi la dévastation causée par l’homme. «J’aurais eu l’impression de mentir si je n’avais montré que les splendeurs de la nature, dit Dominic Champagne. J’aurais passé sous silence mes inquiétudes. Celle, par exemple, de ne plus pouvoir jouer au hockey dehors avec mes enfants, car il pleut désormais en janvier. Ou celle de voir mon voisin apiculteur diminuer la taille de ses ruches, car il y a moins d’abeilles.»

«Et puis, et surtout, Paradis perdu n’est pas vert et rose, mais vert et noir, car ce sont les couleurs de la réalité. Chacun de nous porte une part de ténèbres et une part de lumière en lui; un côté destructeur et un côté bâtisseur.»

Cette ambivalence-là, Daniel Bélanger, qui a composé la musique du spectacle, l’exprime très justement. «À force d’être bombardés de nouvelles sensationnalistes sur les changements climatiques, on a parfois envie de se boucher les oreilles, alors qu’on est pourtant sensibles aux dommages causés à la planète», fait-il remarquer. Les choses ne sont pas plus claires en ce qui concerne l’évolution de notre environnement: «L’été dernier, je suis retourné voir le lac dans lequel je me baignais enfant. J’ai été effaré par les gros blocs de béton que les propriétaires avaient érigés sur les berges pour gagner du terrain. Ils tuent le lac! D’un autre côté, grâce à la législation, on ne rejette plus les eaux usées dans le lac… qui est maintenant plus propre. C’est la même chose à Montréal. Il y a quelques dizaines d’années, c’était une ville ouvrière pleine de béton. Aujourd’hui, je me promène et je vois des arbres, des parcs, des jardins avec des tomates et des oiseaux. Ce sont des choses que je remarque et qui me réconfortent un peu.»

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La voie du changement

«C’est vrai que notre conscience écologique et nos comportements ont beaucoup évolué depuis quelques années, affirme Jean Lemire. Le problème, c’est le temps. Le temps qui file, et qui va plus vite que les gestes qu’on pose pour préserver la terre. Que fera-t-on lorsque les gens devront fuir leur pays à cause des catastrophes climatiques?

«À propos de catastrophes justement, on assiste en ce moment au plus haut taux de perte de biodiversité jamais vu jusqu’ici. Ça veut dire qu’il y a des oiseaux, des mammifères, des poissons, des plantes qui disparaissent chaque jour, partout sur le globe. Même les réserves de plancton (la nourriture des poissons) sont en train de s’épuiser! Si on est arrivés là, c’est que la situation est grave, et qu’il y a urgence à agir.

«Le hic, c’est que les gens associent souvent les choix environnementaux aux restrictions et aux contraintes, poursuit l’aventurier. Ce n’est pas ma vision des choses. Pour moi, vivre de façon responsable, c’est inventer un nouveau mode de vie, beaucoup plus sain d’ailleurs. On peut s’éclairer avec des ampoules à faible consommation d’énergie. On peut aussi se chauffer, se déplacer et manger sans épuiser nos ressources. C’est une question de technologie… et de mobilisation. Car si Wal-Mart offre aujourd’hui du café équitable, c’est grâce aux consommateurs – bien informés – qui l’ont exigé. C’est ça, le pouvoir d’achat. Et il est entre les mains de tous.»

Paradis perdu sera présenté  du 26 janvier au 6 février 2010, à la Place des Art.

 www.paradisperdu.com

 

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