Comme son nom l’indique, la micronutrition s’intéresse aux effets des micronutriments sur la santé. Ces vitamines, minéraux, oligoéléments, acides gras essentiels et acides aminés sont indispensables à une bonne assimilation des macronutriments (protéines, lipides, glucides), qui fournissent l’énergie dont nous avons besoin pour vivre. Plusieurs de nos problèmes de santé seraient liés, selon les micronutritionnistes, à certaines carences en micronutriments.

 

Maigrir par la micronutrition

En Europe, on recourt beaucoup à la micronutrition pour perdre du poids. Le principe? En déterminant les déficits en micronutriments, responsables, selon les micronutritionnistes, des échecs de réduction pondérale, il devient possible de rectifier le tir facilement.

Si, par exemple, on est du genre à grignoter toute la journée, notre embonpoint peut s’expliquer par une carence en fer, en magnésium ou en iode qui nous pousse à manger. Un peu de viande, de volaille, de jaune d’œuf et des suppléments en iode suffiraient donc à régler la question. On est plutôt du type irritable et souvent en proie à des rages de sucre? Dans ce cas, on manque probablement de certains acides aminés essentiels à la fabrication de la sérotonine et de la dopamine, deux neurotransmetteurs qui influencent l’humeur de façon positive. Notre surpoids est la conséquence d’un trouble de métabolisme des sucres et de l’insuline ou de problèmes digestifs? On se tourne alors vers des glucides complexes ou des sucres lents (pâtes, pain, quinoa, flocons d’avoine) et on prend des suppléments de probiotiques pour rééquilibrer la flore intestinale.

 

En corrigeant ces déséquilibres par l’adoption d’une alimentation variée et la prise de suppléments alimentaires, l’adepte de la micronutrition serait en mesure de soigner plusieurs de ses petits et grands maux, comme les troubles du sommeil, de mémoire et de l’humeur. Les effets bénéfiques de cette méthode pourraient aller jusqu’au ralentissement de l’évolution et à la prévention de certaines maladies dégénératives, comme celles d’Alzheimer, de Parkinson et de Crohn, l’arthrite, l’asthme et les accidents vasculaires cérébraux.

 

Aliments ou suppléments?

Les adeptes de la micronutrition soutiennent que les pesticides, les insecticides, les radicaux libres, les métaux lourds, le raffinage, la cuisson et la mise en conserve sont autant d’éléments qui détruisent les micronutriments des aliments, ce qui contraint ses partisans à se tourner vers les suppléments pour assurer à leur organisme un apport quotidien suffisant.

Un postulat auquel Bernard Lavallée, nutritionniste chez Extenso, le centre de référence sur la nutrition humaine de l’Université de Montréal, ne croit pas. Selon lui, aucun consensus scientifique ne confirme que les modes de culture et d’élevage actuels diminuent l’apport des aliments en micronutriments. «Quand quelqu’un recommande d’acheter des suppléments, il faut voir s’allumer un signal d’alarme. Parce que la solution d’un nutritionniste sera toujours l’aliment!»

Il admet toutefois que certaines études démontrent que la prise de suppléments, à de très fortes doses, peut faire une différence dans la prévention, notamment, de la maladie d’Alzheimer. «Mais lorsque les quantités recommandées sont aussi élevées et qu’elles ne sont pas atteignables par l’alimentation seule, ne devrait-on pas plutôt parler d’un médicament?» se questionne-t-il.

 

La micronutrition au Québec

La micronutrition est un phénomène qui ne semble pas faire son chemin au Québec. Dans son livre Les aliments contre le cancer, le Dr Richard Béliveau propose une méthode qui s’y apparente, «mais il préconise la consommation d’aliments aux propriétés anticancéreuses, comme le chou, l’ail, le soya et les petits fruits, plutôt que la prise de suppléments», précise Bernard Lavallée, qui est convaincu que l’approche micronutritionnelle n’est pas pertinente chez une population en santé.

La micronutrition est certes intrigante. Toutefois, notre expert recommande d’opter d’abord pour une alimentation équilibrée. Ensuite, si la fatigue persiste ou que la perte de poids stagne, on rencontre un nutritionniste ou un médecin avant de se tourner vers des suppléments de micronutriments. «Ces produits ne sont pas sans danger, prévient-il. Ils peuvent interagir avec certains médicaments, causer une surdose et s’avérer contre-indiqués lors d’une grossesse ou de l’allaitement.»


Nous tenons à remercier Bernard Lavallée, nutritionniste chez Extenso, le centre de référence sur la nutrition humaine de l’Université de Montréal, pour sa précieuse collaboration.

 

Pour aller plus loin:

BÉLIVEAU, Richard, et Denis GINGRAS. Les aliments contre le cancer, Trécarré, 2009.

GUÉRINEAU, Bertrand. Les secrets de la micronutrition, Albin Michel, 2011.

BENEDETTI, Laurence, et Didier CHOS. Maigrir avec la micronutrition, First, 2010.

RICHÉ, Denis. Micronutrition, santé et performance, De Boeck, 2008.




À LIRE: Nutrition: les 10 pièges de l’été